Investir dans les voyages, c’est investir en soi-même.
Matthew Karsten
Agapè du Gers (F)
Nogaro (F)
étape 29 | jour 34
46.3 km
6 h 20
614 m↑
Description
Le déjeuner pris en commun commence à 7h30. Tout le monde est déjà en tenue de randonnée, et personne ne traine pour manger, tous sont certainement déjà impatients de reprendre la route. Nous payons à la façon des pèlerins (modernes) en présentant notre crédencial pour le tampon et notre carte de crédit pour l’argent 😊. A 8h45, nos vélos sont prêts à partir.
Depuis le gîte, nous rejoignons rapidement la D15 car malheureusement la descente par le GR65 s’avère rapidement boueuse et difficilement carrossable. A l’arrivée à Montréal (du Gers pas au Canada), nous recroisons nos compagnons pèlerins d’un soir que nous saluons une dernière fois en leur souhaitant « un bon Chemin ». A la sortie de la ville, on emprunte la D29 pour de rejoindre la voie verte construite, elle aussi, sur une ancienne voie de chemin de fer. Jusqu’à Eauze le parcours est facile et rapide, entre-coupé seulement par un tronçon de tunnel ferroviaire encore non-aménagé et qui fait grimper les cyclistes au sommet de la colline adjacente afin de revenir sur la suite de la voie verte aménagée de l’autre côté de l’obstacle. Finalement, la voie cyclable prend brutalement fin dans la zone commerciale de la ville, laissant le cycliste se débrouiller dans la forte circulation et les camions…heureusement on peut rouler sur le trottoir jusqu’au centre-ville. Cette région de France est débutante au niveau des aménagements cyclistes, ici rien à voir avec les voie vertes allemandes avec pleins d’accès latéraux et des Biergarden, la piste cyclable est encore ici à l’état brut. De plus, les tronçons cyclables sont pensés en circuit et non-pas réseau, selon l’idée de venir en voiture faire du vélo du parking A au Parking B. Il n’y pas de réflexion au niveau de l’intégration du vélo comme moyen de transport ou pour des trajets longues distances…Ainsi, ils peuvent encore s’améliorer à l’avenir.
A Eauze, nos vélos ont fait un peu figure d’extraterrestres : le premier café ne tolère pas les vélos sur sa terrasse tandis que le second fait une exception pour nous accueillir, en argumentant que quelqu’un pourrait se blesser contre nos vélos🙄. C’est vraiment du grand n’importe quoi ! Nous repartons donc bien rapidement de cette ville moyennement accueillante.
A partir de là, on suit un parcours cycliste ad-hoc composé de routes de campagne presque désertes mais parcourues de temps à autre par un Français très pressé au volant de son automobile. C’est donc pratiquement en ligne droite que nous rejoignons le village de Sauboires, pour ensuite bifurquer sur la D122 direction Manciet. Il est bientôt l’heure de manger quelque chose et, comme le lundi quasi tout est fermé, nous nous arrêtons au Café des Sports chez Monique, miraculeusement ouvert, pour y manger une salade de chèvre chaud. Il y a également déjà une petite dizaine d’autres marcheurs qui mangent une assiette ou boivent un café, ainsi qu’un poignée d’ouvriers qui se rassasient grâce au menu du jour. Nous échangeons avec nos voisines de table d’à côté. Ce sont deux retraitées faisant le chemin par segment depuis Moissac. Elles nous annoncent également fièrement qu’elles portent leurs affaires et ne réservent pas tout en avance ! En voilà deux qui ont compris l’esprit du chemin comme nous: la liberté. Jusqu’ici, nous avons surtout rencontré des randonneurs qui avaient tout réservés plusieurs mois à l’avance, ce qui enlève toute flexibilité et transforme le chemin en obligation de devoir avancer et suivre le programme préétabli.
Après une portion de moins d’un kilomètre sur la très fréquentée D931, on s’engage sur la rectiligne D522. Cette dernière, tracée en ligne droite, franchit les difficultés du terrain à la façon d’un manège de montagnes russes rectiligne. Après avoir gravi quelques côtes perpendiculairement aux courbes de niveau et être redescendu à pleine vitesse de l’autre côté, nous arrivons à Nogaro sans avoir réservé aucun hébergement. On fait un rapide tour de ville. L’hôtel au centre fait mauvaise figure et est cher pour ce que c’est, on décide donc de faire un km en direction de la périphérie (en passant devant le circuit de course automobile et en bout de piste du petit aéroport) pour aller tenter notre chance au Logis de France du coin. Comme repéré au préalable sur internet, ils ont une chambre et une offre en demi-pension pour le pèlerin, c’est parfait*.
On fête notre arrivée au bar-lounge de l’établissement en goûtant à l’apéritif liquoreux local, le Floc de Gascogne, un mélange de moût de raisin blanc et d’armagnac jeune. Au souper, nous avons droit à de la cuisine locale, c’est-à-dire au canard sous toutes ses formes (en tranche fumée, en magret et en cuisse confite). Le dessert est une croustade à l’Armagnac. Pascal finit par craquer et commander un verre d’Armagnac, on ne pouvait pas quitter la région sans y avoir gouté ! Après avoir choisi dans la carte des Armagnacs le plus raisonnable parmi la centaine de breuvages possible, allant du verre à plus de 200€ pour un Armagnac de 1939 à 10 € pour un 15 ans d’âge. Verdict : cet alcool fort à un goût qui se situe entre celui d’un whisky ,sans le côté tourbé et fumé, et la grappa.
Voilà, après ces considérations gastronomiques, on va de coucher.
Buen Camino !
*Il s’avère que, au moment du paiement qu’il n’y a pas vraiment de rabais, c’est juste que le forfait pèlerin donne droit à la demi-pension pour une seule nuit… moyen moyen dans la communication… mais bon un touriste qui ne se fait arnaquer n’est pas vraiment un touriste. On voit que cet hôtel n’y connaît rien à la randonnée ni aux attentes des randonneurs ! Dommage, car sinon, tout était bien.
Le parcours en video
Solenca Hôtel et Restaurant / 176 € /nuit (en demi-pension)
Note : 5.5 / 6
Les vélos sont dans la salle de conférence
Souper au restaurant de l’hôtel – cuisine locale avec du canard
Forfait pèlerin…. Qui ne sert à rien, sauf à s’énerver au moment de la facture, plus élevée qu’attendue !
Timbre à l’office du tourisme de Eauze et à l’hôtel Solenca