Expédition Ultreia – Étape 34 | Jour 40 – Dimanche 02.05.2024

Une destination n’est jamais un lieu, mais une nouvelle façon de voir les choses

Henry Miller

Saint-Palais (F)

Saint-Jean-Pied-De Port (F)

étape 34 | jour 40

39.2 km

5 h 39

935 m↑

Description

Samedi c’est jour de repos. Et nous en avons bien besoin, nos corps commencent à fatiguer. Contrairement à beaucoup d’autres personnes sur le Chemin, notre aventure n’est pas un sprint de quelques jours mais une course d’endurance sur six mois, il faut en tenir compte, en se ménageant de manière appropriée. L’hôtel, la petite ville, la météo et le timing s’y prêtent justement parfaitement. Nous en profitons pour visiter la petite bourgade en faisant un tour de ville touristique. Malheureusement, le musée et l’office du tourisme sont fermés le samedi et dimanche ! Encore un exploit des Français?

En début d’après-midi, nous allons chercher un timbre à l’accueil des pèlerins. Nous sommes accueillis par un vieux monsieur d’un âge très respectable qui se trouve être un Suisse-alémanique d’origine mais vivant en Belgique. Il vient de commencer ses deux semaines de bénévolat à l’accueil des pèlerins de la ville. Il nous confie que cela lui permet de continuer à voyager au travers de la rencontre et de l’échange avec les pèlerins de passage.

Ensuite, au souper, nous nous régalons à l’auberge du Foirail à côté de l’hôtel tenu en toute décontraction et simplicité par une sympathique quinquagénaire. Le soir venu, nous en profitons pour faire une sortie cinéma et aller voir le dernier film français à la mode « un p’tit truc en plus ». La  grande salle est pratiquement pleine! Nous n’avions plus vu une telle affluence au cinéma depuis le dernier festival du film français d’Helvétie (FFFH) à Bienne. Malheureusement, le film n’est pas à la hauteur des espoirs de la foule présente et on ressent la déception de certains spectateurs à la sortie, surtout des enfants qui semblent s’être fortement ennuyés.

Le lendemain, dimanche, nous repartons en direction la petite ville de Saint-Jean-Pied-De-Port qui marque le passage entre la Via Podiensis et le Camino Francés. Une fois n’est pas coutume et au vu de la forte affluence touristiques et des pèlerins, nous avons pris le soins de réserver la veille notre hébergement pour deux nuits. Nous ferons donc encore avec plaisir une journée de repos et de visite avant les Pyrénées.

À partir de Saint-Palais nous avons suivi l’itinéraire de l’eurovélo 3 qui en grande partie se recoupe avec le GR65. A la sortie de la ville, le tracé attaque directement une première côte jusqu’à la Stèle de Gibraltar. Cette dernière marque le lieu où se rejoignent trois importantes voies de pèlerinage, la voie de Vézelay, la voie de Tour et la voie du Puy. Il y a presque un bouchon de marcheurs, chacun voulant sa photo devant le monument. Certains lorgnent avec envie sur nos montures, mais quand ils apprennent que ceux-ci font presque 40 kg, il change d’avis Il ne leur reste qu’une possibilité, être attaché sur notre porte-bagage, mais la dernière marcheuse-volontaire y renonce aussi😊.

Contrairement aux marcheurs qui continuent directement sur un chemin rectiligne et peu carrossable qui gravit la colline suivante, les cyclistes, eux, redescendent pour mieux remonter rejoindre le Chemin un peu plus loin. Le paysage de la campagne basque est vraiment de toute beauté avec ses maisons rouges et blanches, les troupeaux des vaches et moutons, ainsi que les superbes petites collines encore très vertes et parfois fleuries en cette toute fin de printemps. Seul ombre au tableau pour nous les cyclistes, ici au Pays Basque, il n’y a plus de discipline au niveau des chiens. Ceux-ci sont souvent en liberté et s’amusent donc à venir courir près du vélo et à nous aboyer dessus, ce qui ne nous était jamais arrivé auparavant! Ils ne sont pas méchants mais cela peut être dangereux s’ils nous font tomber. De plus, leur taille inspire le respect…

A midi, nous faisons une petite halte à un abri forestier. D’ailleurs, il y a déjà un groupe de trois randonneurs arrêtés au même endroit. Ils sont sur le Chemin mais eux, et c’est original, le font par segment dans le désordre au grès de leur envie. Ils bénéficient aussi d’un véhicule suiveur car l’épouse de l’un des protagonistes s’est blessée et assure donc la logistique en voiture. Notre sandwich terminé, nous reprenons la route.

Disons le tout de suite, cette étape nous a surpris car le parcours n’emprunte pas la vallée, royaume de l’automobile de la route nationale, mais parcourt les bucoliques petites routes de campagne. Le prix de la tranquillité et de la beauté du paysage se paye alors en dénivelé positif. Pour nous, avec nos vélos chargés, il faut parfois même mettre pied à terre pour pousser. D’ailleurs, les marcheurs souffrent eux aussi, comme nous le confirme un pèlerin d’un certain âge avec un gros sac à dos et à bout de force dans une montée.

Le ciel est partiellement voilé le long de la journée, mais il fait chaud et le niveau des gourdes de Pascal est dangereusement bas. Jusqu’ici, nous n’avons rencontré aucun restaurant ou bars ouverts. C’est donc assez à sec que nous nous arrêtons à Saint-Jean-Le-Vieux au Restaurant Mendy pour y déguster une part de gâteau basque et boire quelque chose. Revigoré par cet encas, on entame les derniers 5 kilomètres. Après une dernière montée, c’est au milieu d’une douzaine d’autres pèlerins à pied et dans une ambiance de fin de course que nous arrivons devant la Porte Saint-Jacques. Devant cette dernière, qui en soit n’est pas très spectaculaire en tant que telle, mais représente un symbole fort : elle marque la fin officielle de la Via Podiensis. Il faut d’ailleurs faire la queue pour obtenir une photo devant la « ligne d’arrivée ».

Notre chambre est un belle surprise, on a un superbe balcon avec vue sur la vallée et le chemin de ronde des remparts. On profite donc de fêter notre arrivée avec des chips basques au piment d’Espelette et un vin de cépage local, le Tannat. Ce dernier, au bénéfice de l’AOC d’Irouléguy, est produit par le Chanoines de Roncevaux depuis le 14ème siècle. D’ailleurs, depuis notre observatoire, on a la vue sur les vignes situées de l’autre côté de la vallée.

Agnès réussit à s’enfermé dans la cabine de douche dont la porte est montée à l’envers. Pascal doit la libérer à l’aide des outils pour réparer le vélo. Après un passage à la réception, on comprend que le problème est connu car on nous donne tout de suite une astuce à la MacGyver pour s’en sortir quand même. On aurait apprécié un avertissement  préalable, car je ne pense pas que tous les clients viennent avec leurs outils 😉.

Pour souper, nous expérimentons les tapas basques de la Cave des Etats de Navarre dont le charismatique patron et son accent basque est un spectacle en soit !

Lundi 3 juin, c’est jour de repos entre gros guillemet car, comme d’habitude, on a tout un programme. Cela commence après le petit-déjeuner par une visite de la ville. On tombe sur le marché « des  producteurs locaux » où on profite d’y acheter à manger. Ensuite, on passe à la » Maison de la presse » pour acheter la suite du guide « Miam miam dodo », et on enchaine avec la poste pour se renseigner en vue d’un envoi d’affaires en suisse.

On profite de la pause de midi lors de laquelle tous les commerces ferment pour déguster les produits achetés au marché sur notre terrasse : fraises « mara des bois », fromage de brebis, pain aux figues, abricots, etc. Un grand moment gustatif ! Ensuite, on déballe nos sacoches pour faire une revue du matériel utile et inutile. On rassemble ainsi 2.4 kg de matériel inutile maintenant, soit une partie des habits pour le froid, les anciens guides et une chambre à air, qui seront renvoyés en Suisse. En sortant de l’hôtel, on tombe sur des pèlerins rencontrés lors des étapes précédentes et qui, au vue de nos deux jours de pause, nous ont rattrapés. Pour certain, c’est le dernier jour, pour d’autres nous les reverrons le lendemain sur le Chemin… ou pas.

Au retour de la poste, la file d’attente au « bureau des courses » (l’accueil pèlerin) à fortement diminué et on profite pour faire timbrer à notre tour notre crédencial et prendre quelques conseils. L’endroit est plein de monde et une demi-douzaine de bénévoles conseillent en perméance les pèlerins de toutes nationalité qui viennent les voir. Pour la plupart, il s’agit d’une grande première, et cela se voit aux habits de randonnée flambants neufs achetés pour l’occasion. Paul, un fringuant retraité irlandais aux cheveux blancs, est le bénévole qui nous reçoit. Il est lui-même cycliste et nous renseigne parfaitement sur les options pour passer le col de Roncevaux. De plus. Il nous fournit pleins d’infos sur le parcours (profil des étapes, gites acceptant les vélos, etc). Merci Paul 😊 !

Ensuite, Agnès va chez le coiffeur basque (Comment va-t-elle ressortir ?) et j’en profite pour un petit safari photo le long du chemin de ronde et à la citadelle. Pour souper, on choisit un menu « pèlerin » au gite « la vita e bella » tenu par un dynamique couple attachant. La cuisine est excellente, simple et familiale. Et pour la première fois, nous mangeons des pâtes. Et oui, depuis le début de notre aventure on manque cruellement de pâtes, de légumes et de salade.

Demain, on commence une nouvelle étape dans cette expédition : le Camino Francés. Viva españa 😊 !

Buen Camino !

Le parcours en video

 

Hôtel Ramuntcho / 136 € /nuit (avec pdj) – Wifi trop faible et douche capricieux – superbe balcon – Machine nespresso au pdj

Note : 5.5 / 6

Les vélos sont au local à vélo

Souper :

Samedi Auberge du Foirail à Saint-Palais

Dimanche Cave des Etats de Navarre

Lundi La vita e bella (qui fait aussi gite pélerin)

Timbre à l’accueil pélerins

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