Les routes qui ne disent pas le pays de leur destination, sont les routes aimées.
René Char
Apúlia (P)
Porto (P)
étape 66 | jour 80
60.22 km
9 h 09
368 m↑
Description
Lorsque nous nous réveillons ce matin, le petit village balnéaire est toujours plongé sous une épaisse brume océanique. Mais, le temps de manger le petit déjeuner suffit pour dissiper la brume et laisser place à un magnifique ciel bleu. C’est donc vers 11 heures et par une radieuse météo que nous nous remettons en selle. Immédiatement, nous remarquons le fort vent du large qui souffle dans notre dos et qui nous porte. On a de la chance, cela va compenser les efforts fournis dans la meseta où nous avions affronté du vent de face cette fois. Le souffle est tel que pour rester à l’arrêt, il faut freiner.
Jusqu’à Caturela, nous rejoignons le bord de mer proprement dit en empruntant les petites routes de campagne au revêtement pavé sur des kilomètres. A notre surprise, ce matin, de grands groupes d’adolescents en tee-shirt bleus « ont envahis » le bord de mer : est-ce en raison de la fin de l’année scolaire ? Nous comprenons finalement qu’il s’agit d’une action de sensibilisation aux espèces envahissantes : une plante grasse appelée « Griffes de sorcières », originaire d’Afrique du Sud et importée en Europe pour ses belles fleurs rouges, colonise peu à peu le littoral en formant des tapis végétaux très denses, et empêchant ainsi les espèces indigènes de croître et se développer, ce qui appauvrit la flore autochtone. L’arrachage de cette espèce par les jeunes adolescents permet ainsi de redonner une chance de développement à la flore locale et diversifie ainsi le réseau écologique. Belle initiative !
A partir de là, nous avons le choix entre continuer les routes pavées peu attractives et tout de même plus fréquentées qu’attendues ou alors, rouler sur les passerelles en bois dressées le long de la plage. Bien évidement la deuxième solution est bien plus attirante mais il y a un hic : de gros panneaux interdiction de circuler en vélo !
Tant pis, on en a marre des pavés et des voitures, nous on veut des paysage de plages, alors nous ignorons ces stupides interdictions pour les « Skateboards » et nous lançons nos machines pirates sur les planchers avec une vue imprenable sur l’océan. En compensation, chaque fois que nous croisons un marcheurs, nous faisons bien attention de passer au pas et les pèlerins sont salués par un « Buen Camino » avant même qu’ils aillent eu l’occasion de râler.
Les passerelles nous amènent à A Ver-o-Mar, soit une immense cité balnéaire qui dispose d’une très belle piste cyclable, mais il faut un peu zigzaguer entre les touristes qui flânent le long du rivage. La promenade en bord mer se fait d’ailleurs en musique diffusée tout le long par des lampadaires-haut-parleurs. Avec les maisons rénovées tout en couleur et les bars sur la plage, l’ambiance ainsi créé est vraiment typique des vacances balnéaires.
A Vila do Conde, nous nous arrêtons pour la pause de midi au restaurant «O Mestre” situé en retrait de la frénésie des établissements du port. Nous y dégustons deux super « francesinhas ».
Ayant refait le plein d’énergie, on traverse le pont sur la rivière Ave en s’imposant face au trafic de la N13, puis par le réseau de routes secondaires pavées, nous arrivons en contre-bas du village de Areia. Là, une piste de terre traverse une petite réserve naturelle, le chemin indiqué sur la carte du GPS n’existe plus, nous suivons alors la route numéro deux indiquant « Percurso Litoral Dos Peregrinos » , cela nous semble bien ! La pluie des jours précédents a encore laissé de grosses gouilles et les jantes des vélos se garnissent de boue. Espérons que nos montures ne soient pas trop sales au moment d’être accueillies au prochain hébergement ! Bien que n’aillant plus vu aucun panneau indiquant le parcours côtier (le chemin indiqué sur la carte n’existe plus), nous finissons par rejoindre le hameau de Moimenta où nous reprenons la route pavée direction la mer.
Pour la suite, nous continuons d’emprunter les passerelles interdites, dont la qualité se dégrade, les clous ressortent, les planches sont brimbalantes et il manque même une latte ici ou là. Les interdictions sont-elles là pour se protéger en cas d’accident ? Ou pour éviter un afflux de cyclistes sur une étroite passerelle ? A la hauteur de Moreiro, le sentier est carrément hors service et il faut faire le tour par le village pour rejoindre le bord de mer quelques centaines de mètres plus loin.
La suite du chemin jusqu’à l’immense raffinerie à la hauteur de Aldeia Nova se fait alternativement sur des passerelles et sur une piste cyclable dédiée. Nous nous arrêtons sur deux chaises longues en bois pour faire le point et décider de la suite de l’étape du jour. Comme nous sommes « presque » à Porto nous décidons de prolonger l’étape et de rester quatre nuits dans la ville. Après pas mal de recherches, nous prenons un appartement, avec machine à laver (c’est le plus important) dans la ville de l’autre côté du fleuve. La localisation apparait sur le moment comme un second choix par rapport au quartier historique, mais nous nous rendrons compte plus tard que c’était finalement une super option.
Pour la fin de l’étape, il faut emprunter le pont ouvrant Móvel de Leça qui, justement au moment où nous arrivons, est entrain de laisser passer un énorme bateau porte-container. Nous devons donc patienter pour laisser passer ce géant des mer. Une fois de l’autre côté, nous rejoignons à nouveau la plage par les petites rues de Matosinhos. Le bord de mer s’est transformé en grande promenade envahie par la foule, il faut ainsi se frayer un chemin entre les promeneurs, les joggeurs, les autres vélos, les trottinettes, les enfants qui courent,… Toute cette effervescence est dûe au fait que nous pénétrons gentiment dans l’agglomération de Porto.
Après avoir rejoint les bords du fleuve Douro, il devient de moins en moins clair où se situe la piste cyclable et plus nous approchons du centre, plus la vallée se rétrécit et plus le chaos routier s’intensifie. Une fois le Ponte Luis en vue, nous gravissons la colline de la vielle ville jusqu’au quartier de São Bento, le tout dans la foule de touristes et de voitures qui tentent d’avancer dans les étroites avenues, dont certaines pour ne rien arranger, sont en travaux.
La traversée du pont au coucher du soleil est magique, et nous partageons ce moment avec des milliers d’autre visiteurs venus l’admirer depuis les Jardim do Morro. Mais pas le temps de trop trainer, il faut aller à notre appartement avant qu’il ne soit trop tard. Donc nous redescendons et là, surprise, le pont dispose d’un autre pont à la hauteur de la rivière… oups, il n’aurait pas été nécessaire de monter !
L’appartement est en self check-in avec les clés laissées dans une boite à code accrochée sous le porche. C’est une belle surprise, il est bien équipé et surtout très bien situé dans le quartier du vin de Porto, où les caves possèdent leur échoppes et installations. C’est un quartier très touristique !
Samedi 13 Juillet – jour de repos à Porto
La priorité de la journée est de faire la lessive. Entre deux machines, l’idée est aussi de faire quelques petite excusions aux alentours pour commencer à découvrir la ville. Pascal prend le temps d’aller chez le coiffeur, enfin le barbier. Cela tombe bien, il y en a un juste en face de chez nous « Salão Sábá ». Manuel le patron et son fils y travaillent et prennent les clients sans rendez-vous. Manuel parle un peu le français car il a travaillé comme coiffeur à Paris dans les années 70… Il travaille avec un grand professionnalisme et beaucoup d’application.
Puis, entre la machine suivante, nous allons à la découverte du quartier de l’autre côté de la rive et prenons un verre et un tapas sur une terrasse surplombant la promenade et le fleuve. Ainsi nous observons la vie trépignante de la foule sur les quais, comme par exemple une photographe en costume ancien qui propose de photographier des personnes contre une donation, des musiciens de rue jouant devant les restos et les bars, le passage des bateau dans la rivière Douro, etc. C’est une belle ambiance de vacances 😊. Nous en profitons également pour réserver un « free » tour de la ville pour le lendemain. Dès que le soleil disparaît, le quai se vide et la fraîcheur arrive. Nous quittons également les lieux, passons le pont et retournons de l’autre côté de la rivière, vers notre appartement.
Le soi,r comme nous n’avons pas envie de nous creuser la tête, nous décidons de souper au restaurant situé au rez-de-chaussée de notre immeubles. A la réflexion, l’appartement est vraiment bien situé avec tout à proximité immédiate 😊(coiffeur, mini supermarché, magasin de souvenirs, plusieurs restaurants et activités touristiques). Nous y mangeons un succulent steak coupé en tranche (« Bife Laminando ») avec des épinards en branche et des patates aux four.
Dimanche 14 Juillet – jour de repos à Porto
Ce matin, nous sommes rejoints pour quelques jours par une amie de longue date d’Agnès qui envisageait depuis longtemps de venir visiter le Portugal. C’est donc tout les trois que nous continuons notre découverte de la ville. On a rendez-vous avec notre guide pour un « free tour » à 11 heure au sommet de la vielle ville vers la «Torre dos Clérigos ». Notre guide, Arthur, est très expressif et est facile à comprendre dans un anglais « sud-américain » impeccable. En plus du cours d’histoire sur le Portugal et la ville de Porto, il nous fait découvrir pleins de petits détails et anecdotes comme un boulet fiché dans un mur suite au siège de 13 mois de la ville par les troupes du Roi absolutiste Don Miguel opposé aux forces libérale et démocratiques retranchées dans la citée, ou alors une pièce de carrelage montée à l’envers dans la fameuse gare «Porto São Bento ». Mais surtout, il nous fait part d’intrigantes « coïncidences » entre certains lieux et traditions de Porto et la Saga d’Harry Potter, comme par exemple la librairie Lello ou la maison cachée de Porto ou encore les uniformes traditionnels des étudiants de l’université de Porto. J.K. Rowling nie en bloc que cela soit le cas, car après un retentissant procès, elle n’a pu obtenir de royalties issues de la visite de ces lieux, car ces derniers, malins, n’ont jamais fait aucune référence à l’univers de la Saga ni à l’autrice. D’ailleurs, la librairie continue de fonctionner comme telle mais il faut tout de même payer 8€ de droit d’entrée qui sont remboursés sur tout achat de livre. Il faut souvent faire la queue avant de pourvoir visiter l’endroit !
Après une sieste, on enchaine par la visite de la cave du domaine Bom Dia qui est la seule maison de vin de Porto restée indépendante et en mains familiales contrairement aux autres entreprises qui sont pour la très grande majorité tombée aux mains d’investisseurs étrangers et devenues de grandes multinationales.
Le soir, pendant le souper, une averse orageuse éclate et entre deux accalmie nous nous dépêchons de rentrer.
Lundi 15 Juillet – jour de repos à Porto
A part une petite pluie matinale, le ciel bleu est rapidement revenu, c’est donc le temps idéal pour une petite croisière sur le Douro. Tous les trois, nous nous décidons pour le tour des 6 ponts, soit une sortie de 50 minutes en bateau d’abord en amont puis en aval de la ville de Porto. Nous passons devant plusieurs compagnie offrant toutes le même tour et au même prix, soit 15 € par personne. On se décide finalement un peu au hasard pour celle ayant amarré son bateau tout au bout du quai et dont le tour démarre dans les 15 minutes. Finalement, après avoir attendu encore cinq minutes de plus car le capitaine espérait certainement d’autres passagers, ce dernier finit par larguer les amarres et tous les trois, nous avons droit à une croisière privée avec audio guide en français. C’était vraiment génial ! Nous nous habituerions presque à avoir notre propre yacht 😊. Nous en prenons plein la vue et le soleil qui éclaire magnifiquement les maisons multicolores de la vielle ville de Porto, nous offre quelques belles perspectives photogéniques. Lors de la mini-croisière, nous croisons aussi quelques barques similaire à la nôtre mais remplies à ras-bord de touristes ou pire encore, de gamins en course d’école. Ouf nous y avons échappé, cela n’aurait pas été la même expérience!
Après le bateau, nous décidons d’aller explorer la ville et de revoir à notre rythme quelques-uns des lieux que nous a fait découvrir Arthur notre guide le jour précédent. De plus ce dernier a eu la très bonne idée de nous fournir une liste (googlemap) de lieux supplémentaires à aller découvrir soi-même.
Vers 16 heures, nous avons un petit creu et nous décidons d’aller essayer la recommandation d’Arthur concernant la francesinhas le Cafe « Cantarinha ». Verdict :elles y sont vraiment super bonnes et servies avec des frites maison!
Ensuite, on repart direction le parvis de la cathédrale qui offre un point de vue sur la ville en musique. En effet, une violoniste de rue embellit l’ambiance sur son instrument et son orchestre virtuel. Nous nous perdons ensuite dans les magnifiques petites rues situées en contre bas direction le Douro. Puis, nous revenons vers le pont Luis pour franchir la rivière et aller admirer le coucher de soleil depuis Miradouro da Serra do Pilar. Des milliers d’autres touristes ont également la même idée et tous regardent le spectacle en profitant de la sonorité de trois concerts de rue proposés en même temps à des lieux divers.
Nous finissons la soirée en déambulant sur les quais et en admirant Porto de nuit.
Buen Camino !
Le parcours en video
Porto Views & Wines by Porto City Hosts / 85 € /nuit (sans pdj) – chambre moderne, climatisation, machine à laver le linge, petits balcons « espagnoles », literie de très bonne qualité, cuisine équipée, WiFi capricieux, pas assez de pression dans la douche, bien situé
Note : 5.75/ 6
Les vélos sont dans l’appartement
Souper :
- Samedi soir : Restaurante Meet & Taste
- Dimanche soir: Restaurante Provas
- Lundi soir : Cafe Cantarinha
Free tour https://www.neweuropetours.eu/pt/sandemans-tours/porto/free-tour-no-porto/
Cave Bom Dia: https://quintadobomdia.pt / https://quintadobomdia.pt/visitas/ 10 € par personne
Ping : Expédition Ultreia - Étape 71 | Jour 90 - Lundi 22.07.2024 - Pascal Gaggero