Ne demande pas ton chemin à qui le connaît, mais à celui qui, comme toi, le cherche.
Edmond Jabès
Praia de Mira (P)
Figueira da Foz (P)
étape 70 | jour 88
49.8 km
5 h 34
279 m↑
Description
Ce matin, nous avons eu droit à un excellent petit-déjeuner servi à table et incluant même des croissants fait maison, le tout servi par le barista de la maison. C’est donc bien préparé pour la journée que nous entamons cette étape.
La sortie de Praia de Mira se fait grâce à la piste cyclable le long du petit lac de plaisance nommé « Barrinha ». Ce dernier est bordé de plusieurs petites buvettes de plage, et de loueurs d’engins aquatiques en tout genre, dont des pédalos aux silhouettes voyantes et originales : cygne, canard, grenouille, poisson…
Après le lac, la route cyclable s’engage dans une forêt de pins que nous traversons au son caractéristique des cigales, et ce jusqu’au giratoire où la piste cyclable prend fin. Le parcours entame alors une longue, très longue, ligne droite au milieu de la réserve naturelle des dunes de Mira. La route, qui doit être partagée avec les voitures, est aménagée avec deux lignes vertes peintes sur la chaussée, une pour chaque sens de circulation et des symboles vélos. Des gendarmes couchés en forme de dôme servent de ralentisseur pour les rares véhicules dont la vitesse est également limitée à 30 km/h. Tout au moins en théorie, car les autochtones ont développé une technique de conduite qui leurs permet de déjouer les mesures de ralentissement du trafic et qui leur évite ainsi de freiner… autant dire que les seuls qui roule à 30 km/h, ce sont les touristes. Dommage que tous ne jouent pas le jeu !
Après une petite dizaine de kilomètres, la route oblique de 10° et continue à nouveau sur plus de dix kilomètres rectilignes, offrant ainsi de magnifiques perspectives en ligne droite. Par rapport au jour précédent, nous ne bénéficions plus du puissant vent arrière mais, au contraire, devons faire face à une brise de ¾ face. Sur cette première partie d’étape, le ciel est également plutôt couvert et c’est tant mieux car ici il n’y pas d’ombre.
Puis soudain, quelques kilomètres après avoir traversé la route N335-1 qui mène à la Praia da Tocha, le parcours de l’Eurovelo oblique à 90° selon le marquage dans le terrain et sur la trace GPS, mais sur la carte de l’opencyclemap, il continue tout droit. Dilemme. C’est donc en pleine zone désertique que nous décidons tout de même de suivre le marquage au sol, de tout façon cela nous changera de la monotone ligne droite.
Ce changement de direction est certainement dû au fait que le traceur du parcours veut nous faire passer par les lacs de Vela et Bracos. D’ailleurs, nous y prenons le temps d’observer les oiseaux au « Posto de Observação de Aves » situé au bord du « Lagoa da Vela ». Nous y apercevons plusieurs poules d’eau dont une juvénile, un hérons cendré et des foulques au milieu de nénuphars blancs. Les autres espèces sont trop éloignées pour pouvoir être identifiées.
Au petit village de Quiaios, nous nous arrêtons à la boulangerie située au centre du village dans un bâtiment rond avec d’autres commerces pour y manger une pâtisserie et boire quelques chose. Un groupe de femmes et leurs enfants y boivent également un verre, elles parlent portugais, mais nous comprenons rapidement qu’elles parlent également le français car leurs enfants, eux, en jouant s’exprime uniquement dans la langue de Molière. Certainement des immigrés de retour au pays pour les vacances comme nous en voyant beaucoup. Un autre cycliste d’une cinquantaine d’années, sur son vélo de course et avec des bagages minimalistes, soit juste une sacoche de selle et de guidon, s’arrête également, il faut dire que l’endroit est le premier café après près de 35 kilomètres de zone désertique ! Nous échangeons quelques mots, et nous apprenons que lui est Londonien et descend la côte atlantique direction Lisbonne mais sans forcément suivre l’Eurovélo.
Cette section de l’eurovélo s’appelle officiellement «Face au Sauvage Atlantique” et c’est exactement cela : des plages balayées par de grosses vagues, du sable, des dunes, des zones désertiques,… bien sûr, il y a des villages, des petites villes et des cités balnéaires mais entre, il n’y a souvent que la campagne pendant plusieurs kilomètres. Ceci souligne l’importance d’emporter chaque jour suffisamment d’eau et quelques snacks pour tenir la distance de l’étape en autosuffisance, car il est difficile de prévoir les possibilité de ravitaillement en avance.
La suite du parcours est un peu moins bien aménagée et nous roulons alors sur la route qui mène à la plage de Quiaios, le trafic y est modéré et après deux kilomètres, le tracé oblique fort heureusement sur un chemin blanc jusqu’au bord de mer.
Puis dès la petite localité de Murtinheira, cela grimpe fort et après tout ce plat depuis plusieurs étapes, nous n’avons plus l’habitude. De plus, la route en ce samedi ensoleillé, est très fréquentée par les touristes motorisés car elle offre de magnifiques points de vue sur l’océan atlantique et les plages en contre bas. Heureusement, le marquage avec les bandes vertes tout comme la limitation à 30 km/h sont de retour. Même si elle est peu respectée, cela nous donne une sorte de légitimité sur la route. Dans la montée finale, heureusement assez courte, vers le « Farol do Cabo Mondego » nous souffrons de la chaleur car nous sommes soudain à l’abri du vent et la chaussée en bitume noire est brûlante.
Finalement, nous profitons de la descente sur Cabo Mondego pour nous rafraichir. Une fois au bord de la plage, nous retrouvons une piste cyclable et comme d’habitude, il faut maintenant faire attention aux nombreux touristes et plagistes, ainsi qu’aux portières des voitures garées et qui peuvent s’ouvrir à tout moment.
Nous parcourons ainsi sur la longue promenade les quelques kilomètres qui nous séparent de notre destinations du jour soit Figueira da Foz. L’hôtel est bien tenu et après réflexion stratégique, nous décidons de nous accorder un jour de pause et de rester une nuit de plus.
Nous mettons donc à profit cette pause pour faire une lessive à la laverie automatique avec nos habits de vélo. Pendant que la machine tourne, nous allons boire quelque chose au café juste en face de la laverie. Nous en profitons pour planifier l’étape suivante et y réserver l’hébergement car il n’y a pas beaucoup de choix et l’étape fait plus de 70 kilomètres.
Un des avantages du Portugal, c’est que on peut y manger plus tôt qu’en Espagne, en tout cas la plupart des cuisines ouvrent vers 18 heures déjà, et comme la grande majorité des touristes ne vient que vers 20 heures, en se rendant au restaurant avant, nous trouvons toujours de la place. Ainsi, nous nous installons pour manger un super burger dans le restaurant branché appelé « forte », situé comme son nom l’indique dans un ancien fort. C’est vraiment un super endroit avec un caractère insolite et les prix sont même raisonnables, une belle découverte.
Dimanche 21 Juillet – jour de repos à Figueira da Foz
Pendant la nuit, nous avons dû fermer les fenêtres et mettre la climatisation car, comme d’habitude, dans les lieux plus touristiques, les nuits sont bruyantes et les fêtards se sentent obligés de beugler dans la rue.
Après une grâce matinée(quel luxe !), nous démarrons la journée avec un bon petit-déjeuner de l’hôtel, où la serveuse manquait clairement d’organisation et de savoir-faire pour tenir le buffet… il lui faudrait clairement un petit cour avec le Chef Etchebest 😊.
Ensuite, nous nous rendons à la plage juste devant notre hébergement. Bien qu’il ne faille que deux minutes pour arriver sur le sable, il faut encore au minimum cinq minutes pour rejoindre l’océan en marchant sur une petite passerelle en bois. La plage fait plusieurs kilomètre de long et pas loin de 500 mètres de large ! Inutile donc de préciser que l’on ne se marche pas dessus et qu’il a de la place pour tout le monde. bien que cette dernière soit bien fréquentée en ce superbe dimanche de juillet. La plupart des plagistes sont rassemblés sur les zones surveillées par les sauveteurs, derrière lesquels se trouvent aussi une alignée de parasols et de tentes de plage à louer, qui sont presque vides ce jour-là.
Par contre, il n’y presque personne dans l’eau car les grosses vagues dissuadent la plupart de baigneurs potentiels. La technique pour quand même profiter de l’eau est de se tenir debout sur le sable dans la zone du ressac et d’attendre que les vagues plus ou moins fortes viennent nous éclabousser. En variant notre position sur la pente sablonneuse, nous varions aussi le dégré d’éclaboussement. C’est vraiment très ludique de s’amuser avec les puissantes vagues de l’Atlantique qui, pour certaines, font plus de deux mètres de haut au moment où elles se forment en rouleau avant de venir se casser sur le rivage. Avec l’inertie, l’eau remonte ensuite plus ou moins haut sur la plage et le long de nos jambes, puis quand cette dernière redescend on sent le sable qui se dérobe gentiment sous nos pieds, plus moins rapidement. Certaines vagues particulièrement puissantes nous obligent même à reprendre l’équilibre. Pendant que nous profitons des vagues, il y a tout de même un téméraire qui se lance dans l’eau pour y nager, sous le regard attentif et inquiet des sauveteurs. Heureusement, tous arrivent finalement à revenir sur le rivage. Nous comprenons maintenant pourquoi cette zone est appelée « l’Océan sauvage ».
Nous nous sommes installés sur le sable à une dizaines de mètres de la zone de ressac et profitons du soleil avec un peu de lecture. Vers le milieu de l’après-midi, le vent se renforce et commence à soulever le sable proche du sol qui commence à piquer la peau, comme dans une « tempête de neige gelée en hiver à ski ». De plus, les vagues grossissent et commencent à venir lécher le sable quelques mètre devant nos serviettes de bain, c’est le moment de lever le camp, pour aller manger une pâtisserie et boire quelque chose.
Le soir, nous nous rendons de nouveau au même restaurant que la veille, et nous ne sommes pas déçus car, en plus des excellents burgers et de la bière artisanale, nous assistons à un grandiose coucher de soleil depuis l’antique fortin. L’astre du jour offre son spectacle quotidien en plongeant dans la mer juste à gauche de la grande roue installée sur la promenade, c’est magique et très photogénique ! Une fois les derniers rayons de soleil disparus, il fait soudain très frisquet et nous nous dépêchons de payer pour rentrer se réchauffer à l’hôtel. Même si une grande partie du sud de l’Europe subit en ce moment même une vague de chaleur intense, ici, les gens sortent pull et veste dès le soir venu ! Cette région du Portugal est vraiment extraordinaire car, durant la journée, on peut retrouver tous les ingrédients des vacances balnéaires (chaleur, sable, mer et soleil), puis dès le soir venu, bien dormir au frais même sans climatisation !
Buen Camino !
Le parcours en video
Lazza hotel / 120 € /nuit (avec pdj) – chambre rénovée, spatieuse et moderne avec vue mer partielle, bonne climatisation, literie de bonne qualité, WiFi moyen (c’est quand même fou pour un hôtel de cette catégorie, et c’est vraiment dommage car ajouter l’un ou l’autre répétiteur n’est pas cher) , sdb très bien avec sèche-cheveux.
Buffet de petit-déjeuner avec fruits frais coupés (melon et pastèque) mais malheureusement pas en adéquation avec les 4 étoiles affichées par l’hôtel, salle très petite.
Note : 5.75 / 6
Les vélos sont dans une cour intérieure dans le parking privé de l’hôtel
Souper :
Samedi/dimanche : restaurant de Burger Forte – Belle ambiance et endroit original et musical
Dimanche midi : Pastelaria Relógio
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