Expédition Ultreia – Étape 36 | Jour 43 – Mercredi 05.05.2024

Les touristes ignorent où ils sont allés, les voyageurs ignorent où ils vont.

Roncesvalles (ES)

Pamplona (ES)

étape 36 | jour 43

50.9 km

5 h 34

507 m↑

Description

Bon anniversaire Agnès !

Quel magnifique cadeau d’anniversaire que d’avoir pu passer la nuit à Roncesvalles dans un superbe hôtel au sein de ce lieu chargé d’histoire ayant accueilli des millions de pèlerins au travers des âges! L’été et le beau temps sont enfin arrivés, mais le corollaire est la chaleur de la plaine qui nous attend. Nous profitons donc jusqu’au dernier moment de notre appartement a presque 1000 mètres d’altitude.

En passant devant l’iconique et très instagrammable panneau indiquant « Stantiago 790 km » nous avons l’étrange sentiment que l’arrivée est proche et qu’il faut ralentir et profiter. Peut-être devrions nous nous arrêter quelques jours à Pampelune ? Absolument ! En trois clics, nous réservons un appartement pour trois nuits au cœur de la vielle ville.

Bien sûr, ce sentiment de bientôt toucher au but n’est absolument pas partagé par la plupart des autres pèlerins qui, eux, débutent leur périple en entamant ce matin leur deuxième journée. Pour la plupart le réveil est dur car les muscles font encore mal et les pieds sont encore endoloris. La longue montée au col le jour précédent a laissé des traces… Certains marchent d’ailleurs avec peine.  Tout aussi fébrile que la veille, ils s’élancent malgré tout sur le chemin dès l’aube au son des « Buen Camino » tonitruant dans la cour de l’hôtel ce qui finit, par ailleurs, de nous réveiller 😊.

Toujours devant le panneau  « Stantiago 790 km » , un Américain vêtu d’un sweatshirt couleur camouflage à longues manches nous interpelle : « It’s a joke ». C’est son 2ème jour de marche. Et pour lui, ce panneau est une façon goguenarde avec un peu de « Schadenfreude » de souhaiter bonne route aux marcheurs. Il nous demande une interview en anglais pour son blog, nous acceptons bien volontiers, à nous la célébrité d’Hollywood 😉… ou pas. A cause de son allure, je lui demande s’il était dans l’armée. Et non, c’est un prêtre catholique de Louisiane, le pays des alligators. On fait un selfie tous ensembles et il repart. Je réalise alors que je ne lui ai même pas demandé son nom. Il est déjà à dix mètres et je lui lance : « What’s your name ? » « Andrey »,  me répond-il en mettant ses écouteurs.

Depuis le fameux panneau, on emprunte le tracé du Camino qui est très bucolique dans la forêt avec un vrai chemin facilement cyclable. On doit aussi passer plusieurs gués qui, eux-aussi, se laissent franchir sans problème sans descendre de nos montures tout-terrain.

A Espinal, on quitte le Camino qui devient moins cyclable pour rouler sur la N-135 dont la circulation automobile est modérée et possède un large bas-côté. D’ailleurs, on est loin d’être les seuls, et bien qu’on soit un jour de semaine, on croise une centaine de vélo de course sur le parcours. On observe aussi que les automobilistes sont beaucoup plus prudents et roulent moins vite qu’en France !

Contrairement, au côté français du col qui offre une descente continue sur Saint-Jean-Pied-De-Port, il faut ici gravir quelques petites bosses pas très impressionnantes, mais la chaleur augmente la difficulté. Ainsi, le cockpit commence à afficher +40°C en plein soleil. D’ailleurs un travailleur d’origine africaine sur un chantier de réfection de la chaussée et tout équipé de jaune fluo nous interpelle en français (!) . Avec bonne humeur, il nous demande s’il ne fait pas trop chaud. Je lui fais remarquer que lui porte une polaire. Il me dit que le bédoin se couvre entièrement dans le désert pour se protéger du soleil…Ok… mais pas sûr qu’il utilise des pulls polaires.

La dernière montée, la plus longue, nous amène au à l’Alto de Erro, où un Food truck, tel un oasis en plein désert, attend les pèlerins pour les désaltérer. Ils sont d’ailleurs une petite vingtaine à y faire une pause. D’ailleurs, on peut y déposer ou prendre une petite culotte laissée dans une corbeille pour trouver son âme sœur …. Ça doit être le soleil qui tape… est-ce que cela fonctionne vraiment ?

Contrairement au GR65 nous remarquons aussi immédiatement un changement de population. On est passé des retraités français aux jeunes anglo-saxons : soudain, c’est nous, les vieux ! D’ailleurs, pendant que nous en sommes à comparer les deux chemins, entre le Francés et la Via Podiensis, ce qui frappe immédiatement c’est l’abondance de l’offre destinée aux voyageurs : hôtels, restaurants (ouverts), bar (ouverts), food truck, automates à boisson, panneaux de signalisation « camino »,  … Certains critiquent cet état de fait en arguant que le Chemin est devenu trop commercial. Mais, pour nous qui avons parcouru plus de 1300 km et traversé des contrées où un bar ouvert est le luxe ultime, on apprécie et on profite !

Après la descente sur Zubiri, destination de l’étape des marcheurs depuis Roncesvalles, on déguste des tortillas servies façon sandwich avec différents goûts (fromage, épinard, …). On y rencontre une Américaine qui, elle, vient de chuter dans les escaliers et qui craint s’être cassée le pied… pour elle, l’aventure se termine peut-être ici…  on ne saura jamais le fin mot de l’histoire. A côté d’elle se trouve un autre anglophone que je prends à tort pour un Yankee mais qui, en fait,m vient d’Australie, il m’exhibe d’ailleurs fièrement l’écusson des scouts qu’il porte.

On repart sur la N-135, il fait très chaud ! A Antxoritz, la N-135 remonte sur les flancs de la vallée, on a donc le choix entre rester près de la rivière en reprenant le Camino peu carrossable ou continuer à cuire sur le béton. Il n’y a pas vraiment un meilleur choix, mais au moins la première variante est un peu à l’ombre. Quelques kilomètres plus loin, à Irotz, on commence la voie verte le long de la rivière Arga qui va nous mener tout droit au centre-ville, à 10 kilomètres. Pascal signale par whatapp à la personne en charge de notre appartement à Pamplona notre arrivée prochaine, il doit la rappeler dès que nous sommes devant la porte. Nous nous attendons à un accueil en personne… nous espérons qu’elle ne fera pas des histoires pour mettre les vélos dans l’appart. On progresse donc rapidement dans ce grand parc où les habitants viennent chercher un peu de fraicheurs et même se baigner dans les piscines naturelles que forment le rivière à certains endroits.

On arrive au pied des murailles de Pamplona, l’entrée dans l’antique cité se fait au prix d’une ultime montée pour franchir les remparts et le pont levis. A l’ombre des imposants immeubles historiques et dans les ruelles étroites, la température devient presque agréable.

Pour les pèlerins du Moyen-âge, Pampelune constitue la première cité d’importance après les Pyrénées. Et pour nous, pèlerins du XXI siècle, c’est la première ville de cette importance depuis Genève, comme quoi, pas grand-chose n’a changé pour  les voyageurs 😊. D’ailleurs il est frappant de remarquer que la Via Podiensis évite les importantes villes modernes alors que le Camino Francés en est littéralement bordé.

Notre appartement est situé en plein centre historique et à deux pas du Chemin, donc, en suivant les flèches jaunes et les disques estampillés d’une coquille et d’un vélo stylisé sur la chaussée, on rejoint facilement notre destination. Une fois arrivé sur place, pas d’accueil en personne, ouf ! C’est à distance et par message instantané que la responsable ouvre la porte de l’immeuble. Avec un code, on accède ensuite à l’appartement, et y trouvons  les clés à l’intérieur. C’est donc en toute discrétion que les vélos peuvent aller se reposer après ce long périple dans la chambre des enfants de notre trois pièces.

Comme c’est l’anniversaire d’Agnès, on décide d’aller fêter ça avec une sangria. On choisit un peu par hasard  le Café Iruña où l’illustre écrivain Hemingway avait ses habitudes. La fraicheurs des lieux est très agréable en cette première chaude journée de juin.

En sortant du café, on fait les achats au supermarché, il déjà presque 20h, mais ici en Espagne tout est encore ouvert. Les pâtes au légumes maison sont la deuxième partie du cadeau d’anniversaire d’Agnès ! Ici, sur le chemin, ce n’est pas le restaurant le luxe mais c’est d’être chez « soi ».

Le lendemain, jeudi,  est consacré à plusieurs tâches logistiques. Ainsi on en profite pour laver tous nos habits avec la machine à laver de l’appartement, et Pascal effectue un petit service aux vélos. celui de Pascal doit d’ailleurs être équipé de  nouvelles plaquettes de frein à l’arrière pour remplacer les précédentes déjà usées.

A midi, après une salade fraiche (quel luxe) mangée dans notre appart, on part à la découverte de la cité et visitons notamment les Jardines de la Taconnera et le Musée de Navarre. Ce dernier est décevant et fait très « musée poussiéreux » dont chaque couloir est gardé par un membre du personnel du musée qui s’ennuie à mourir.  Non loin du musée se trouve aussi la petite arène d’où s’élancent les taureaux lors de la fameuse encierro lors des fête de San Fermin, en juillet.

Le soir, on remet ça avec une sangria dans le bar de Hemingway et un souper maison. On commence vraiment à prendre nos marques dans cette ville 😊.

Le vendredi matin, nous visitons le petit musée consacré au Camino « Ultreia ». Il est gratuit et c’est vraiment une belle expérience. C’est très moderne et on y apprend pleins de choses sur l’histoire de Pampelune. On y apprend notamment que les ruelles étroites et les hauts immeubles historiques ne protègent pas seulement de la chaleur, mais sont une réponse par la densification de l’habitat à l’interdiction, en vigueur jusqu’au 18ème siècle, de construire en dehors des remparts. On enchaine par une visite de la cathédrale et de son musée … les lieux sont majestueux et sont le reflet de la richesse de la région au Moyen-âge. Le musée, lui, propose une scénographie moderne qui détonne avec les lieux similaires dans d’autres villes. On y recroise par ailleurs le scout australien lui aussi en mode touriste.

A midi, on profite à nouveau de se faire une grande salade chez nous  et d’enchainer, comme il est de coutume ici, avec une siesta !

Dès que la cité se réanime, soit vers 16h ( !), on se remet en route direction l’arène aux taureaux, la citadelle et les magasins de la ville moderne. On en profite pour acheter de quoi cuisiner une ratatouille pour faire une dernière fois le plein de légumes avant de reprendre la route. Pascal cherche aussi un gel douche … mais pas moyen de mettre la main sur un produit d’une taille non XXL. Après 15 pharmacies et 5 petits supermarchés, il finit par trouver son bonheur à la Corte de Inglés une sorte de « centre commercial ». Puis, avant de rentrer, on retourne une dernière fois au Café Iruña pour une sangria à notre place habituelle. C’est un peu triste que nous prenons congé du sympathique barman et prenons conscience que notre vie éphémère de Pamplonais prend fin ce soir pour retrouver dès demain notre vie de voyageur itinérant.

Buen Camino !

Le parcours en video

Appartement  / 110 € /nuit  – sur wifi, grande surface, moderne, neuf – manque éventuellement un linge cuisine et quelques verres. Literie confortable. Salle de bain : tout fonctionne bien, sans ventilation

Chocking et chekout par message whatsapp, ça  fonctionne.

Lave-linge comme à la maison.

On aurait apprécié un welcome bag plus conséquent (par ex : 1 tablette pour la machine à laver – lave-linge par jour, un peu plus d’huile et de vinaigre)

Note : 5.75 / 6

Les vélos sont dans la 2ème chambre

Déjeuner, dîner et souper : à la maison

Timbre à l’office du tourisme, au musée de Navarre et au musée Ultreia

Le petit surpermaché dans le centre historique n’offre que peu de choix. La meilleure option se situe juste à la périphérie en direction de la citadelle, il s’agit de la Corte de Inglés.

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