Expédition Ultreia – Étape 37 | Jour 46 – Samedi 08.06.2024

Si vous trouvez l’aventure dangereuse, essayez la routine, elle est mortelle.

Paulo Coelho

Pamplona (ES)

Puente la Reina (ES)

étape 37 | jour 46

27.45 km

4 h 16

495 m↑

Description

La fête fût longue et a duré toute la nuit. Dans la chaleur nocturne, les fêtards du vendredi soir ont fait raisonner leur voix jusqu’au petit matin ce qui nous a empêché de bien dormir, nous les vieux 😊. Bon, à leur décharge, il faut dire que les étroites ruelles de la vielle ville offrent au son une parfaite acoustique digne des plus grandes cathédrales, ainsi même une personne parlant normalement dans la rue peut être parfaitement entendue dans les étages. On comprend maintenant pourquoi tous les voisins dorment les fenêtres au triple vitrage bien fermées. C’est donc un peu fatigués que nous quittons Pamplune et délaissons tout de même avec regret le confort de notre petit appartement pour le troquer contre la suite de l’aventure sur le Chemin.

La sortie de la ville se fait sur de grandes pistes cyclables en voie propre avec une signalisation dédiée, la municipalité s’est vraiment donné de la peine, merci beaucoup ! Depuis le campus de l’Université, une voie verte mais de couleur rouge, longeant la route des voitures, emporte cyclistes et pèlerins jusqu’à Cizur Menor, le premier village après Pamplune. Dès Zizur Mayor, dans la petite bourgade suivante, débute le Chemin tel qu’on se l’imagine et tel qu’il est souvent représenté dans les guides, soit un chemin blanc ou de terre au milieu de champs de blé. La météo est superbe, le ciel est bleu, mais pour nous sur le Chemin cela signifie qu’à chaque minute qui passe la température augmente.

Pour notre part, nous avons quitté notre hébergement vers 9h30, ce qui est un peu tard, et au vu de la température annoncée, il faudra prévoir de s’arrêter avant le milieu de l’après-midi, après il fera  vraiment trop chaud. D’ailleurs, plusieurs marcheurs que nous croisons semblent déjà à bout de force et profitent du moindre coin d’ombre pour souffler un peu. Il est flagrant d’observer le manque de préparation de certains (et surtout certaines Anglo-Saxonnes) pour qui c’est le début de l’aventure. Elles sont peut- être parties inspirées par les superbes photos vues sur les réseaux sans s’être véritablement rendu compte du défi que cela représente.

En attendant, on profite de ce nouveau Chemin. Le Francés est très développé au niveau de son infrastructure et on trouve pratiquement dans chaque village une ou plusieurs échoppes qui tenteront le pèlerin grillé au soleil en proposant des boissons fraiches. Après être monté une première côte sous le soleil, on succombe nous aussi à la tentation et faisons une pause à la Tienda del Peregrino  dans le petit village rural de Zariquiegui. Revigoré par cet arrêt à l’ombre de la ruelle assis sur le trottoir sous de magnifiques rosiers, nous repartons pour la montée finale sur l’Alto del Perdon.

La pente très raide et les petits galets glissants (qui a eu l’idée de mettre des galets sur un chemin de montagne ?) nous obligent à pousser nos montures trop chargées pour cet exercice. On se fait alors dépasser par des « trailleurs » avec leur petit gilet de course et d’autres VTT. En effet, en ce samedi, l’étroit sentier est bien fréquenté et pas seulement par les pèlerins, ce qui nous vaut quelques regards noirs de la part de « pèlerins » qui pensent probablement que les « Bicigrino » n’ont rien de « vrai pèlerin ». Mais bon, la plupart ne porte qu’un petit sac alors qu’eux, les vrais de vrai, font porter leurs bagages par un service de transport …

C’est donc vers midi qu’on atteint le sommet du col où se trouve un série de sculptures en fer rouge représentant des personnages sur le chemin de Compostelle. Le lieu est très photogénique et chacun veut sa photo pour immortaliser ce moment avant de se réfugier dans la minuscule zone d’ombre projetée par une unique stèle en pierre. Nous mangeons nos sandwichs sur une grosse pierre : bien qu’au soleil la température est agréable car un vent régulier nous rafraîchit. D’ailleurs, toute la crête est parsemée à perte de vue d’éoliennes. Pendant notre diner, une couple Instagram fait un long shooting photo et vidéo ce qui amuse beaucoup la galerie.

Pour la descente, on renonce au tracé du chemin qui descend  dans les cailloux pour emprunter la NA-6056 puis la NA-1110 et enfin la NA6016, soit des routes du réseau secondaire, mais larges et parfaitement entretenues, et surtout sans aucune voiture, voilà qui change de la France. C’est donc à pleine vitesse et en une petite vingtaine de minutes que nous passons Uterga, puis Muruzábal où, après la sortie du village, on reprend la Camino sur un chemin blanc. Notre folle course, qui nous à fait perdre environ 400 mètres d’altitude, est brutalement interrompue à la sortie d’un passage sous-voie par la montée sur Obanos. La route, marquée au centre par des coquilles Saint-Jacques tridimensionnel en métal, est un vrai four. Qui dit four, dit marcheur assoiffé. Donc c’est sans surprise qu’on voit un ado avec un stand de limonade à l’ombre d’une entrée de garage sous-terrain qui offre un refuge bienvenu à une petite dizaine de pèlerins. L’entrepreneuriat ne connait pas d’âge, l’important est de savoir reconnaitre les opportunités et répondre à un besoin.

C’est le jour de la fête des Géants à Obanos, tout le centre du village est animé par différents stands où se pressent les villageois malgré la chaleur. Les géants, qui représentent des nobles et des figures royales, sont en train d’être préparés pour la suite des festivités  (voir ici). Nous ne nous y attardons pas et continuons notre route jusqu’à l’entrée de Puente La Reina où, à l’ombre d’un garage, nous faisons le point sur nos options pour la nuit. Il fait très chaud donc, si c’est possible, nous allons nous arrêter à la prochaine possibilité. Selon internet, l’hôtel El Cerdo, à deux minutes de vélo, dispose d’une chambre avec climatisation, donc on tente notre chance. C’est gagné, Agnès revient  de la réception avec la clé. Malheureusement, il n’y plus qu’une chambre supérieure, on fera avec 😊.

Il est 15h est on entame une longue sieste dans la fraicheur artificielle de notre magnifique chambre. Et ce n’est que vers 19h  que nous nous réveillons pour explorer la ville et notamment son majestueux pont du 11ème siècle et ses sept arches qui enjambe l’Arga. Il est enfin 20 heures, heure à laquelle les restaurant commencent le service. Il faudra désormais s’y habituer. « Buen provecchio ! »

Buen Camino !

Le parcours en video

https://www.hotelelcerco.es / 106 € /nuit  – bon Wifi, super local à vélo, grande chambre moderne, climatisation efficace, bon petit-déjeuner, service et accueil sympathique du couple gérant l’établissement, « open-douche »

Note : 6 / 6

Les vélos sont dans le local à vélo de l’hôtel

Souper : Restaurant la Conrada – bon repas, terrasse agréable, mais service un peu expéditif

Timbre à la réception

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *