Expédition Ultreia – Étape 42 | Jour 51 – Jeudi 13.06.2024

L’aventure ce n’est pas de dire “toujours” mais de dire “tout de suite”.

Maurice Leblanc

Villafranca Montes de Oca (ES)

Burgos (ES)

étape 42 | jour 51

41.16 km

5 h 47

547 m↑

Description

Au matin, depuis notre chambre, nous avons droit à un magnifique lever de soleil sur la campagne de la région. Puis, pour le petit-déjeuner, où nous sommes, semble-t-il, les derniers clients, nous nous retrouvons tout seul dans la grande salle à manger pouvant facilement contenir une cinquantaine de convives. Il faut dire que nos collègues pèlerins ont la fâcheuse habitude de partir à l’aube alors que rien ne les y oblige, ni la météo, ni l’hébergement. D’ailleurs, il n’est pas rare d’en observer arriver à leur destination préréservée vers midi déjà. Cela doit par ailleurs être frustrant car parfois, cela doit démanger de vouloir continuer encore un peu jusqu’au prochain village ou même enchainer sur l’étape suivante.

Alors que nous sommes en pleine relecture d’un article du blog, la femme de ménage toque à la porte et commence à faire la salle de bain. Vu que cette dernière ne parle pas un mot d’anglais, on lui explique, à l’aide de google traduction, que cela ne sert à rien et qu’il faut revenir plus tard. Mais elle insiste malgré tout pour en tout cas remplacer les serviettes… bon, on la laisse faire…et elle s’en va. On est pas sûr qu’elle ait bien tout compris et on espère qu’elle reviendra finir de nettoyer la chambre pour le suivant.

Vers 10 heures, nous partons nous aussi. Le fond de l’air est toujours frais, mais le début de l’étape qui attaque avec 200 m de montée nous réchauffe vite. Avec nos montures chargées, il nous faut parfois pousser. La traversée des Monts Oca est vraiment de toute beauté et cela récompense pleinement nos efforts. Jadis, c’était un passage redouté car le terrain accidenté et la dense forêt servaient de refuge non seulement aux animaux sauvages tels que les ours et loups, mais surtout aussi aux brigands qui en profitaient pour dévaliser les pauvres pèlerins. De nos jours toutefois, plus de brigand, mais tout au plus un ou deux stands de boissons pour désaltérer le marcheur assoiffé par la montée et l’alléger de quelques piécettes.

D’ailleurs, le monastère de San Juan de Ortega fût fondé pour sécurisé cette partie du chemin. De nos jours, près du monastère s’est formé un petit village du même nom et l’économie locale tourne quasiment exclusivement autour de l’accueil des pèlerins. On s’arrête à une petite albergue pour y manger un plat de pâtes. On apprend en discutant avec le patron, un Sicilien, qu’il vient d’ouvrir il y a une semaine ! Le nombre de nouveaux établissements tant au niveau des hôtels que des restaurants le long du chemin est impressionnant ! Il faut dire que chacun veut profiter de l’engouement pour la randonnée de ces dernières année, qui se confirme chaque année par une croissance du nombre de pèlerin de 2-3% (c’est-à-dire 8000 pèlerins de plus à nourrir et à loger)!

Pour la suite du parcours, on redescend en passant par le village de Agès, lui aussi passablement tourné vers le Camino avec plusieurs bars et Albergues. Avant Atapuerca, nous faisons un détour par le centre d’archéologie expérimentale CAREX. Le bâtiment moderne aide à l’interprétation des techniques anciennes, il y a d’ailleurs plusieurs groupes d’écoliers qui le visitent. Nous ne nous y attardons pas.

Depuis le village d’Atapuerca, on entame l’ascension de la deuxième difficulté de la journée au travers du paysage aride qui mène à la Cruz de Atapuerca. Le chemin longe les barbelés rouillés qui délimitent un ancien (?) terrain milliaire. Comme il ne fait pas trop chaud, on profite bien du paysage, même s’il faut, dans certain passage, pousser nos vélos. Depuis la croix, où le tas de pierres empilées par les pèlerins rappelle un peu la Cruz de Ferro mais en plus modeste, on redescend d’abord sur un route accidentée, puis une route blanche, puis enfin on retrouve le bitume à Villalval. La petite route de campagne nous amène directement au bout de la piste de l’aéroport de Burgos, que l’on contourne pour entrer dans la zone industrielle de l’agglomération.

Beaucoup de guides pour marcheurs mentionnent ce passage comme peu agréable ou conseille carrément de prendre le bus. Mais pour nous à vélo c’est plutôt bien organisé. Jusqu’au grand giratoire avec la A1, on bénéficie d’une route latérale sécurisée et après il y a une voie cycliste à la chaussée rouge sur le large trottoir. Puis, quand on quitte la zone industrielle juste après l’énorme fabrique de Bridgestone, on entre dans un quartier où la route principe sur laquelle nous roulons depuis l’aéroport est flanquée d’immenses immeubles d’habitation au style soviétique des années 60. La circulation est dense et la piste cyclable a disparu au profit d’une limitation de la vitesse sur la voie de droite. Les automobilistes sont très respectueux et cela marche bien ! Dès le centre-ville, les voies vélos font leur réapparition et elles nous mènent directement dans le cœur historique où nous avions repéré un hôtel qui fait partie de l’association « Posadas del Camino », soit la même organisation que l’hôtel musée de la nuit précédente.

Comme à notre habitude, nous n’avons pas de réservation et Agnès va demander spontanément à la réception. En deux minutes c’est réglé, on va pouvoir rester deux nuits sur place. Le réceptionniste est très sympathique et souriant … mais il ne parle pas l’anglais…alors, en plus de google traduction, on sort notre meilleur anglespagnoltalien, ce qui nous fait tous bien rire.  La difficulté étant comme d’habitude de demander un endroit sécurisé pour les vélos. Malgré un prix modeste, l’établissement est un belle surprise : à l’image de la nuit précédente, il est situé dans un immeuble historique et la décoration du hall de réception est tout droit sortie d’un ancien film de Sherlock Holmes. Les chambres sont rénovées mais gardent leur cachet grâce aux anciens meubles.

On met à profit le temps avant le souper pour aller faire une lessive à la laverie automatique du quartier. D’ailleurs, trois à quatre autres pèlerins seuls ou en couple y sont déjà.

Le soir, on choisit un restaurant avec un menu pizza… après réflexion, on y avait déjà manger cinq ans auparavant ! Comme quoi, nos gouts n’ont pas changé, et les pizzas y sont toujours délicieuses !

Le lendemain, vendredi 14 juin, vers 5 heure du matin, nous sommes réveillés par des voix qui résonnent dans l’étroite ruelle sous notre fenêtre. Il s’avère qu’un groupe de deux jeunes filles et un jeune homme sont en plein soap opéra mélodramatique en langue originale. Curieux, nous dégainons notre smartphone et tentons une traduction de la conversation, mais malheureusement, la technologie n’est pas encore assez poussée pour traduire l’espagnol bourré en 3ème langue.

Après le petit-déjeuner, nous visitons l’impressionnante cathédrale de Burgo ce qui nous prend jusqu’à midi. Après quoi, on va manger chez « Carmín » une superbe tortilla maison dans un petit troquet fréquenté par une population d’habitués à deux pas des circuits touristiques.

L’après-midi, pendant qu’Agnès en profite pour appeler sa partenaire de tandem alémanique, Pascal visite le musée de l’évolution humaine. Ce dernier est très intéressant et bien documenté, et heureusement les explications sont disponibles en anglais. On peut notamment y voir les ossements d’humanoïdes datant de 850 milles ans et trouvés dans la région d’Atapuerca, que nous avons justement traversée le jour précédent.

Le soir après avoir rapidement avalé une paella aux légumes, nous allons voir le spectacle « sons et lumières » dans la cathédrale. C’est vraiment un moment unique de visiter ce lieu chargé d’histoire de nuit et magnifiquement mis en valeur par le son, les explications (en français), les images et la lumière.

Nous nous couchons vers minuit. Pascal en profite pour partager une dernière observation : dans cette région, la mode est au coussin en forme de boudin qui n’est pas vraiment agréable, en tout cas pas pour ses larges épaules, soit trop bas ou soit trop haute une fois plié en deux. Comment va-t-il faire pour dormir au mieux cette nuit ? des idées ?

 

Buen Camino !

Le parcours en video

Hôtel Norte y Londres / 85 € /nuit (avec pdj) – bon Wifi, grande chambre, réceptionnist arrangeant et prête à aider – déjeuner moyen (mais pas cher 8€)

Note : 5.75 / 6

Les vélos sont en sécurité dans le local à bagage

Souper :

Jeudi : Pizzeria la Competencia

Vendredi : Restaurante La Cabaña Arandina

Timbre à la cathédrale

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