Je t’aime parce que tout l’Univers a conspiré à me faire arriver jusqu’à toi.
Paulo Coelho
A Calle (ES)
Santiago de Compostela (ES)
étape 54 | jour 65
35.89 km
7 h 05
660 m↑
Description
Dès les premières lueurs du jour, et étant donné que notre chambre est littéralement accolée au Camino, nous sommes réveillés par le bruit des pas et le cliquetis caractéristique des bâtons de marche.
L’été arrivant à pas feutrés, malgré un ciel toujours couvert dû à l’humidité matinale, nous pouvons profiter d’un petit-déjeuner en terrasse. Vers 10 heures, alors que le soleil fait gentiment son apparition et que le bar se remplit de pèlerins en quête d’une petite pause, nous nous mettons en route.
Au niveau du dénivelé, nous retrouvons la même configuration que l’étape précédente, cela monte pour descendre et cela descend pour monter. Comme en ce début de journées les jambes sont encore fraiches, pas de problème, nous zigzaguons habilement entre les marcheurs qui pour la plupart sont sur leur avant-dernière étape. Et pour la deuxième fois depuis notre départ, nous voyons et dépassons un groupe de pèlerin à cheval. Ils ne doivent pas venir de très loin, et en tour organisé de surcroit, car ils ne portent aucun bagage. Ils s’identifient comme étant sur le Chemin que grâce à une coquille Saint-Jacques que les cavaliers portent en pendentif. Nous remarquons amusés que le chien qui les accompagne porte également une coquille à son collier, mais nous ne saurons pas ‘il aura aussi droit à sa compostela une fois arrivé à Santiago .
A la moitié de la distance du jour, soit après 15 km, nous faisons une petite pause au bar du bien nommée Kilómetro 15 Café Bar où, en plus des boissons, nous ne manquons pas de tamponner notre crédencial.
Au sommet de la côte suivante, vers laquelle il nous faut par ailleurs pousser nos montures pour la gravir, nous arrivons à côté de la piste de l’aéroport de Santiago. Pascal en profite pour observer les avions et Agnès fait du stretching. Après une vingtaine de minutes, nous repartons, heureux d’avoir vu de près trois avions, dont deux de la compagnie Ryanair au décollage ! Quelle taille !
Comme l’hébergement ne sera pas disponible avant la fin d’après-midi, pas besoin de se presser, nous faisons une dernière pause pour une tarte de Santiago à la Casa de Amancio à la sortie de Vilamaior. Pendant que nous dégustons notre pâtisserie, des bruits de sabots nous parviennent depuis la rue, c’est le groupe de cavaliers qui s’arrête dans l’hôtel pour la nuit. D’ailleurs, Lavacollale, soit le village juste avant Vilamaior, est traditionnellement le dernier arrêt pour le pèlerin en route vers Compostelle. Et, comme son nom l’indique, c’est l’occasion de se laver pour entrer propre (ou moins sale) dans la cité de de Santiago le lendemain.
Depuis Lavacola règne gentiment sur le Chemin une ambiance de fin de course et on ressent le marcheur moins pressé que précédemment, comme si chacun voulait repousser le moment de l’arrivée qui marquera pour beaucoup la fin de l’aventure. Ainsi, on ne souhaite plus simplement un « Buen Camino » devenu caduque au vu de la distance restante, on y accole donc une référence à la fin du parcours, par exemple, dans la langue de Shakespeare, cela donne : « Buen Camino for the last kilometers ». En reprenant notre route, nous arrivons rapidement au Monte do Gozo (le mont de la joie) d’où nous pouvons apercevoir la cathédrale pour la première fois. C’est d’ailleurs pour cela que cette colline porte ce nom. Ainsi, le pèlerin du Moyen-âge était content d’avoir survécu au voyage et était soulagé et joyeux d’être arrivé à la fin de sa quête.
Avant de repartir, nous faisons un dernier timbre à la Chapelle, ainsi nous aurons bien rempli notre carte. En effet, il en faut au moins deux par jour sur les derniers 200 km pour le cyclistes pour s’assurer de recevoir la Compostela. Après la descente de la colline, on arrive véritablement dans la ville de Santiago et il faut de nouveau composer avec la dense circulation automobile et la vie moderne.
A 15 heures, nous faisons notre arrivée sur la place de la Cathédrale de Santiago et franchissons ainsi l’invisible ligne d’arrivée du Camino Francés. Nous ne sommes pas seuls, des centaines d’autres marcheurs et cyclistes profitent de ce moment en l’immortalisant en photos ou alors simplement en restant là, assis sur le sol. L’armée espagnole est également présente avec une vraie ligne d’arrivée et des véhicule blindés pour décorer tout cela, car les militaires ont organisé une course de patrouille sur le parcours du camino portugais. Pour nous, cette arrivée représente la réussite de l’objectif principal de notre aventure à vélo, yeaah, on a réussi ! Ce n’était pas gagné d’avance, il a fallu surmonter divers obstacles inattendus…belle émotion, on profite de passer un bon moment sur cette place.
Après une heure sur place, nous allons chercher notre Compostela au bureau des pèlerins (le bureau des courses ). Grâce à une organisation impeccable, il n’y pas d’attente et, en moins de 15 minutes, nous sommes fièrement équipés de notre diplôme et allégés de 5 € (pour le diplôme kilométrique et le rouleau de transport, le diplôme en latin est gratuit).
Vers 17 heures, nous arrivons à notre appartement, situé lui-aussi sur le Chemin dans le quartier de San Pedro, soit la ville moderne de Santiago. Il porte le nom évocateur de « Apartamentos Turisticos Concheiros 5 », soit les coquilles.
Et pour la première fois depuis Pamplune (et l’anniversaire d’Agnès), nous soupons à la « maison » avec en entrée-apéro au vin mousseux espagnol pour fêter notre arrivés et une grande salade.
Venrdredi 28 juin – jour de repos et de visite à Santiago
Le matin, après une petit déjeuner « à la Suisse » avec tartines et confiture, nous en profitons pour organiser la suite du voyage avec en point de mire une nuit au phare de Fisterra, là ou le Camino s’arrête physiquement, car au-delà il n’y plus que l’océan.
Ensuite, nous partons à la découverte de la ville et allons visiter le musée des pèlerinages. Le musée gratuit est moderne et très bien fait ! Ensuite, l’idée est d’aller manger une tortilla au fameux bar Tita, mais il y tellement de monde que nous y renonçons. A 20 mètres, se trouve un autre restaurant, « Las Betanceiras » où sont servies des tortillas sorties finalistes au Championnat d’Espagne de Tortillas en 2023 ! Whaou, c’est excellent, et plus juteux que d’habitude !
Il est déjà 15 heures lorsque nous retournons à l’appartement pour y démarrer une première machine à laver le linge. Et ensuite, il faut repartir pour notre tour guidé de la vielle ville. Nous rejoignons le point de rendez-vous au pas de course car nous ne sommes pas en avance. La guide est super compétente et le tour en anglais des principaux monuments de la ville est très intéressant avec un fil rouge autour du Camino. De plus, nous pouvons définitivement mettre un terme à un sujet de conversation courant sur le Camino : « le vrai pèlerin », car souvent, le touristigrinos et les bicigrinos sont décriés par les « vrais » marcheurs. Alors quoi de plus authentique que de voir comment a voyagé le premier des pèlerins de Compostelle ! Et celui qui est identifié en tant que tel est le roi des Asturies Alphonse II, qui est parti d’Oviedo en l’an 834 pour Santiago afin d’y authentifier le tombeau de l’apôtre. C’est d’ailleurs pour cette raison que le parcours d’Oviedo à Santiago est connu comme le « Camino primitivo». A ton avis, cher lecteur, comment voyage un roi ? A pied et portant sa besace ? certainement pas ! C’est donc certainement à cheval et avec ses gens qu’il fit le trajet, tel le pire touristigrinos . Mais bon, le but n’est pas de ressembler le plus possible à un roi du 9ème siècle, donc chacun choisit la façon de voyager qui lui correspond le mieux et lui permettra d’être fier de ce qu’il a accompli une fois arrivé à destination. En fin de compte, nous sommes les seuls juges de notre propre accomplissement !
Il est déjà passé 20 heures lorsque nous rejoignons notre appartement. Pascal se met alors en cuisine pour faire nos traditionnelles pâtes aux légumes, pendant qu’Agnès est occupée à jouer le rôle d’éditrice pour les derniers billets du blog encore non-publiés.
Samedi 29 – jour de repos et de visite à Santiago
En nous réveillons ce matin, nous remarquons de l’agitation dans la rue. C’est l’installation des stands de « la fiestas Barrio San Pedro », où nous habitons. La scène de musique est vite installée, quelle chance ! Ou non ? On vous en dira davantage demain.
Ce matin est consacré aux tâches plus logistiques telles que la lessive, la réorganisation de nos bagages pour la suite du voyage et la recherche de quelques souvenirs de ce camino. Ainsi, nous sommes prêts à envoyer un paquet en Suisse avec les souvenirs et les derniers habits inutiles. Mais, malheureusement, la poste est fermée le samedi, donc il faudra porter le tout encore jusqu’à lundi. C’est à ce moment-là que Pascal regrette d’avoir choisi une réplique de bornes kilométriques en granit
Ensuite, nous allons en vielle ville visiter le marché couvert où on fait l’acquisition d’une tarte de Santiago artisanale. Ensuite nous enchainons avec les magasins de souvenirs. Et, comme il est de tradition une fois arrivé à Santiago après un long voyage, Pascal offre à Agnès un bijou en jais (Azabache), soit du bois fossilisé, qui, selon le folklore local, portera chance à son propriétaire. Il faut noter toutefois que cette propriété magique n’est garantie si et seulement si le bijou est offert. Pascal l’achète donc dans une azabacheria chez Rod Mayer où les bijoux sont produits à Santiago. D’ailleurs, depuis le Moyen-Age, les artisans et leurs échoppes se trouvent « Rua de Acibecheria ».
De retour à l’appartement, la fête du quartier de San Pedro bat son plein et à notre « grand bonheur », la scène est juste sous nos fenêtres : fini le calme de la rue piétonne des soirs précédents, vive la danse et la musique !
A 18 heures, nous regardons le match Suisse-Italie qui se solde par une magnifique victoire helvétique 2 à 0 ! Nous sommes en quart de final de l’Euro 2024, on se réjouit du prochain match Mais, où serons-nous ?
Buen Camino !
Le parcours en video
Concheiros 5 suites tourist apartments / 165 € /nuit – grand appartement très propre, climatisation possible, belle chambre à coucher, beau salon ouvert, belle salle de bain avec sèche-cheveux, lave-linge, lave-vaisselle, machine à café et plein de capsules pour faire fonctionner toutes ces machines, vue dégagée sur les collines – le tout à 15 minutes à pied de la Cathédrale
Note : 6/ 6
Les vélos sont dans l’appartement
Souper : à l’appart
Timbre au bar km 15, à la casa Amancio et à la chapelle du Monte do Gozo