Le souvenir de l’effort est toujours un souvenir heureux et l’on sourit aux anciennes misères vaincues.
Jean Guéhenno
Padrón (ES)
Pontevedra (ES)
étape 60 | jour 73
42.27 km
6 h 18
603 m↑
Description
Ce matin en descendant déjeuner, le hall de l’entrée principale de la Pousada est noyé dans une mer de valises qui déborde en file indienne dans les corridors adjacents. En effet, le pèlerin pédestre ou cycliste transportant lui-même ses affaires est une espèce en voie d’extinction sur ce camino. En effet, l’immense majorité des randonneurs profite des agences « camino » pour faire porter leurs bagages d’un hôtel à l’autre. Eh oui, les touristigrino ont envahi ce Camino ! Il vaut mieux éviter d’être au déjeuner entre 7h30 et 8 heures car, le délai de dépôt des valises étant toujours fixé à 8 heures, la foule de touristigrinos dévore le buffet à cette heure-là et il faut laisser le temps au personnel pour le remettre en ordre.
Nous remarquons également le retour de la langue de Goethe qui, sur le chemin portugais, semble être bien représentée en comparaison avec le Camino Francés où nous avions rencontré pratiquement aucun germanophone. Si tu te rappelles bien, cher lecteur, nous nous étions posé la question de savoir où sont les Allemands, et bien nous avons enfin trouvé la réponse ! Les hébergements, les bars et les restaurants l’ont bien compris et, en plus de l’espagnol, du galicien et de l’anglais, il n’est ainsi pas rare de voir une traduction des pancartes en allemand. De plus, si le serveur comprend que vous ne parlez ni anglais ni espagnol, il vous souhaite souvent un « guten Appetit » 😊.
Après un excellent buffet petit déjeuner, réapprovisionné après la tornade de touristes, servi dans une magnifique salle de l’antique demeure, nous préparons nos affaires. Mais nous ne partons pas encore car ce matin, nous recevons la visite d’un ancien collègue de travail Simon et son amie Nadia qui, en vacances dans la région, font un crochet pour venir prendre un verre avec nous. Nous discutons alors près d’une heure et demie avant de prendre congé du couple qui se rend plus au nord vers la A Coruña pour un mariage. Ce fut un grand plaisir de revoir des amis suisses😊
Nous reprenons donc la route vers midi. La météo, à l’image de hier, offre un ciel bleu azur sans nuage et il fait déjà bien chaud. Depuis l’hôtel, on rejoint rapidement le Chemin par une petite route de campagne. Il y a beaucoup de marcheurs et, comme lors de l’étape précédente, nous nous en servons pour repérer le parcours et remontant le flux. La première moitié de l’étape jusqu’à Caldas de Reis se fait principalement dans de petits chemin de campagne et en forêt. Heureusement les sentiers très ombragés protègent les randonneurs de la chaleur. Malgré tout, il fait très chaud et on pense gentiment à chercher un hébergement. Nous nous arrêtons à un bar au centre de la petite ville de Caldas de Reis au bord de la petite rivière. Avec une tranche de pizza et une boisson fraiche, nous passons un moment sur nos téléphones et les différents site de réservations mais nous n’arrivons à aucune conclusion, soit c’est trop cher, soit les commentaires sont mauvais. Bredouilles, nous reprenons la route en décidant d’y réfléchir plus tard. En passant devant un hôtel de la ville, Agnès tente sa chance, elle apprend qu’il y a dans la région un festival de musique et qu’on n’a aucune chance de trouver quoi que ce soit ici. Il faut donc continuer le parcours au minimum jusqu’à Pontevedra. De plus, nous sommes sur un des jours noirs pour les voyageurs en itinérance, c’est-à-dire le vendredi et samedi, qui sont les jours le plus difficiles pour trouver un bon hébergement à cause des personnes qui partent pour le week-end.
La suite du parcours se déroule davantage en campagne et est beaucoup moins ombragée. Il commence à faire vraiment très chaud, les avant-bras commencent à surchauffer. Toujours préoccupés par le fait de n’avoir encore aucun point de chute, nous nous arrêtons sur le grosse pierre d’un passage à gué sur l’un des nombreux ruisseaux. L’endroit est agréablement ombragé et l’eau fraiche offre un ilot de fraicheur bienvenu pour une pause et une nouvelle séance de recherche infructueuse en ligne. Nous décidons de ressortir les bonnes vieilles méthodes et d’aller tenter notre chance en personne en faisant le tour des hôtels.
Heureusement, mis à part quelques petites montées où il faut pousser nos montures, cela roule bien sur le reste du parcours. Nous arrivons vers 18 heures dans la ville en traversant l’immense pont-piétons qui enjambe la rivière Lérez qui va se jeter dans la mer. Sans réservation, nous tentons notre chance à un premier établissement, le « Virxe do Camiño » : ils ont bien de la place mais refusent nos vélos à l’intérieur et veulent nous faire payer une place de parking souterrain à 11€ pour les y garer ! C’est vraiment du grand n’importe quoi… en plus, ce n’est pas vraiment sécurisé. Cette mésaventure nous rappelle la partie italienne de la Via Francigena où, là aussi, nos fidèles compagnons à deux roues avaient aussi dû payer leurs « chambre ». Mais au moins, ils avaient eu droit à la salle de conférence avec climatisation !
Nous passons donc notre chemin et allons demander à l’établissement suivant, « Hotel Room Pontevedra » : eux aussi ont de la place et acceptent nos vélos sans problème ! Pascal avait initialement écarté l’établissement à cause de commentaires online peu élogieux, mais finalement la chambre n’est pas catastrophique. Au contraire, bien que simple, elle est plutôt fonctionnelle et propre, donc c’est l’essentiel. Comme quoi, il ne faut jamais se fier seulement aux commentaires sur internet, cela ne donne qu’une vague idée sur l’établissement et bien sûr jamais selon ses propres critères. Bien entendu, le contraste avec notre château de la nuit précédente fait que forcément, c’est moins bien.
Comme le soleil de plomb nous a vidé de notre énergie, nous avons besoin d’un petite pause. Alors, avant même de se doucher, nous allons prendre un rafraîchissement au bar près de l’hôtel dans un petit parc urbain. Grave erreur tactique : le bar diffuse justement le match de 8ème de finale Allemagne contre Espagne, et bien évidement le public espagnol est au rendez-vous. On apprécie partager ce moment avec eux et nous mettons facilement dans l’ambiance eurofoot. On commande deux Tinto de Verano (une sorte de Sangria) et on reçoit deux tapas. La rencontre se poursuit 120 minutes et se solde par un 2-1 en faveur de l’Espagne, ce qui fait exulter de joie le public présent. Victoire ! Et une petite pensée pour les Allemands qui doivent être très déçu que leur équipe quitte le tournoi à domicile ainsi. Est-ce que l’ambiance sur le Chemin s’en ressentira ?
Une fois douché, il est donc pratiquement 22 heures, mais pour l’Espagne c’est encore tôt. Nous arrivons à la Pizzeria du quartier avant la foule de clients qui finissent par arriver vers 22h30. Souper vers minuit semble être la norme ici. Nous commençons vraiment à nous adapter à ces horaires très particuliers, le retour en Suisse va être dur 😊.
Buen Camino !
Le parcours en video
Hotel Room Pontevedra / 65 € /nuit (sans pdj) – chambre plus ou moins moderne, propre et en ordre, climatisation, sdb fonctionnel avec sèche-cheveux, bon Wifi
Note : 5.5/ 6
Les vélos sont dans un local de service
Souper : Pizzería Carlos Pontevedra – bonne pizza et service rapide
–