Expédition Ultreia – Étape 95 | Jour 141 – Mardi 10.09.2024

Fatigués par nos aventures de la veille, nous avons bien dormi et allons déjeuner au restaurant du routier, où nous sommes accueillis par la patronne en personne. Passé dix heures, nous reprenons la route sous un ciel bleu magnifique. Afin d’éviter toute une manipulation compliquée au milieu de la circulation sur le pont de la D9, nous devons tout d’abord revenir en arrière sur la D9E1 jusqu’à La Réole pour prendre le Pont suspendu sur la Garonne. Puis, nous refaisons le trajet effectué la veille à travers la bucolique campagne avec notamment, un superbe champ de tournesols, dont les fleurs sont ouvertes cette fois grâce au soleil de cette matinée.

Au petit port de plaisance de Fontet, nous nous faisons invectiver par un Français hargneux : il n’était pas content car nous ne respections pas la signalisation indiquant aux cyclistes de mettre pied à terre sur le chemin. Pascal lui fait remarquer que les voitures parquées tout autour ne sont pas venues en marchant… et là, cela l’a bien scotché sur place 😊. En France, il faut avoir de la répartie du tac au tac. En plus, le panneau avait l’air bricolé, pas vraiment officiel tout ça. Tu nous connais, cher lecteur, nous respectons (presque) toujours les indications… 😉si, si … enfin sauf quand cela nous parait absurde.

Juste après le port, nous rejoignons enfin le canal des deux mers à proprement parler et nous sommes tout de suite fascinés par une impressionnante alignée de platanes. Ces derniers commencent d’ailleurs à perdre leur feuilles ce qui nous rappelle que l’automne approche.

Au bord du canal latéral à la Garonne, soit le nom officiel de la voie de navigation, le revêtement est parfois bien lisse nous permettant d’avancer rapidement, et parfois il a été rongé par les éléments et déformés par les racines ce qui ralentit notre course. Toutefois, l’absence de dénivelé fait que nous roulons facilement entre 15 et 20 km/h, en freinant seulement lors des passages de pont ou pour les pauses photos.

Il y bien plusieurs petits bar-restaurants le long du canal, parfois implémentés dans les anciennes maisons des éclusiers, mais en cette fin de saison, pratiquement tous ces établissements sont fermés, dommage. Ainsi, à Le Mas-d’Agenais, nous quittons le canal pour gravir la colline sur laquelle est perché le village à la recherche d’un bar pour boire un verre. Nous tombons sur un petit restaurant (« Béa Rég’Halle »), mais la patronne ne veut pas nous faire des sandwichs, c’est seulement le menu quatre plat ou rien. Nous ne voulons pas nous attabler des heures car nous avons encore de la route. Finalement, nous prenons une part de tarte et une boisson. A notre arrivée sur la terrasse, quelle ne fut pas notre surprise de tomber sur les deux cyclistes français, Eric et José, qui avaient essayé de nous aider lors de notre crevaison la veille. Nous mangeons notre tarte avec eux. La tarte est excellente, faite maison. Au moment de l’addition, nous avons l’impression de nous être fait avoir comme de gros touristes, avec un bout de tarte à 7€ pièce et une boisson à 4€50, soit des prix dignes d’un restaurant en Suisse ! Il vont nous entendre sur Google Review, sus aux profiteurs !

Nous repartons en compagnie de José et Eric sur nos machines lancés à 20 km/h le long du canal. Agnès tombe finalement sur une maison d’éclusier ouverte et achète deux sandwich à emporter pour même pas le prix d’une seule tarte. A Damazan, nous prenons congé des deux Français, et nous convenons de nous retrouver à Agen, notre but commun, pour souper ensemble. De notre côté, nous allons visiter la Bastide de Damazan, avec ses maisons colorées et ses colombages. Sur un banc de la mairie, nous dégustons nos sandwichs et en profitons pour réserver notre hébergement à Agen.

Quelques kilomètres après Buzet-sur-Baïse, nous traversons notre premier pont-canal. Un pont canal est, comme son nom l’indique, une construction qui permet au canal de croiser une rivière ou un vallon. Cet ouvrage d’art permet au canal latéral de la Garonne de traverser la rivière Petite Baïse ! Si ce nom te dis quelque chose, cher lecture, c’est que tu as une bonne mémoire car nous avions déjà rencontré cette rivière lors du voyage-aller en traversant Condom. Et oui, tu ne rêves pas : la rivière qui traverse Condom s’appelle la Petite Baïse…. Facétieux, ces Français !

Pressés d’arriver à destination, nous roulons presque à tombeau ouvert le long du canal éclairé par une belle lumière dorée d’automne. Peu avant l’entrée dans la ville, un cycliste à vélo de course s’arrête à notre hauteur. Après lui avoir raconté notre périple en un bref résumé, ce dernier nous conseille le vélo café à l’entrée de la ville d’Agen. Cela tombe bien, nous avons justement envie de boire quelque chose. Nous arrivons finalement à l’impressionnant Pont Canal d’Agen qui, avec ces 539 mètres est le deuxième plus long de France !

En contre-bas du côté ville se trouve effectivement le fameux vélo café, mais il est malheureusement fermé dès le 1^er septembre. D’ailleurs, cela semble être le cas de nombreux établissements « cyclistes » le long du parcours. Cela reste d’ailleurs très étonnant au vue de la bonne fréquentation du parcours et que tous les guides conseillent d’éviter juillet et août.

Finalement, il est plus de 18 heures quand nous arrivons à l’hôtel. Nous avons juste le temps de nous doucher avant de retrouver nos nouveaux amis cyclistes, José (81 ans !) et son neveu Éric pour souper. Tous les deux sont également voisins et habitent à Alicante en Espagne. José a longtemps été professeur de judo avant de profiter d’une retraite bien méritée qui lui permet de poursuivre sa passion du vélo. Éric est un expert en communication et réalisateur pour la télévision, il a notamment travaillé pour Arte et M6, notamment avec Bernard de la Villardière et sa société « ligne de front production »!

Nous passons une excellente soirée à refaire le monde autour d’une magnifique pizza et d’une bouteille de vin italien ! A passé 23 heures, nous prenons mutuellement congé en nous  promettant de nous revoir si jamais eux ou nous passons dans la région de l’autre, une belle rencontre !

Buen Camino !