Les cigales palpitent dans les grands platanes ; la Méditerranée s’étend devant moi dans toute sa splendeur estivale d’un bleu magnétique.
Lawrence Durrell
Le Somail (F)
Vias Plage (F)
étape 102 | jour 150
64.62 km
7 h 52
195 m↑
Description
La nuit fut un peu agitée pour cause de moustiques. Ces derniers ont attaqué sournoisement vers trois heures du matin. La seule solution est de mettre de l’anti moustique (que nous avons toujours avec nous en voyage) et d’essayer de se rendormir. Normalement, cela fonctionne relativement bien, le seul défaut c’est le parfum. Il faudra commencer à se méfier car nous arrivons gentiment dans une région où ces insectes prolifèrent.
En vue de la grande étape qui nous attend, nous avons mis un réveil pour être sûr d’arriver à 8 heures au petit-déjeuner. Ce dernier est servi dans la salle à manger à la décoration surchargée, et dont les peintures de chanteurs façon pop art sont l’œuvre de notre hôte. Le hasard a voulu que nous nous retrouvions à table avec un couple de sexagénaire du Var. Ils sont venus faire du vélo électrique au bord du canal du midi. Les deux impressionnantes machines électriques toutes suspendues que nous avons vues hier soir en rentrant du restaurant sont à eux! Ils n’ont pas de sacoches mais l’homme tire un chariot pour enfant rempli de leur affaires. Nous apprenons également qu’ils font en général 80 km par jour en environ 4 heures de route ! C’est vraiment pas le même sport que nous, eux ils jouent plutôt dans la catégorie moto cross.
Il est donc environ 9 heures 30 quand nous prenons congé du couple-hôte Belges- flamands pour reprendre la route. C’est une superbe journée et malgré notre départ matinal, il fait déjà plus de 22°C et cela grimpe vite.En traversant le fameux pont du Somail, nous retrouvons le chemin de halage avec son revêtement naturel de bonne qualité de type chemin blanc. Les berges sont quand à elle flanquées de jeunes arbres successeurs des fiers platanes coupées il y a quelques années pour cause d’épidémie de chancre colorié, un champignon originaire des Etats-Unis qui affecte exclusivement les platanes et est très transmissible entre les arbres. Cet abattage sélectif fait partie d’un programme de restauration des paysages du canal de midi, en favorisant la biodiversité et restaurant les berges. Actuellement, 31000 platanes auraient été abattus et 18000 arbres replantés selon un plan où une espèce domine un secteur (Chên, Erable plâne, Chène, Tilleul à grandes feuilles).
A Capestang nous faisons une halte « café ». En repartant, nous sommes interpellés par un cycliste qui nous demande : « si cela continue sur des chemins 4×4 encore longtemps ». Ne comprenant pas bien de quoi il veut parler, nous lui disons que cela continue sur de pareils chemins, désignant le chemin blanc, jusqu’à Toulouse. Après la sortie du village, nous comprenons la question du cycliste, car ici le beau chemin de hallage bien propret est remplacé par un chemin de terre cahoteux qui nous fait très plaisir. Nous pouvons enfin faire parler les suspensions 😊. Heureusement que le temps est sec sinon c’est le bain de boue assuré.
En arrivant à Poilhes, cela fait déjà quelques kilomètres que nous cherchons une boulangerie pour acheter un sandwich, mais elle sont toute placées très loin du chemin. Tout est fermé, sauf le restaurant Vinauberge (http://www.vinauberge.com/). Nous nous y arrêtons donc manger une tarte flambée dans l’agréable jardin à l’ombre. Le personnel est super sympathique et la tarte très bonne, finalement nous passons un bon moment et cela remplace parfaitement notre jambon-beurre habituel.
Nous repartons, et après quelques centaines de mètres où le chemin de halage est squatté par la D37, nous retrouvons rapidement le calme du canal. La première attraction majeure de cette étape est le tunnel-canal de Malpas, qui permet au Canal de Midi de franchir sur 173 mètre la colline d’Ensérune tout en restant à niveau. La piste cyclable, elle, passe par-dessus l’obstacle. Le canal se visite toutefois à pied en empruntant un escalier de pierre. Cela vaut vraiment la peine de descendre dans le tunnel pour prendre toute la mesure de l’ouvrage.
Peu avant Bézier, un deuxième ouvrage majeur du canal s’offre à nous, les 9 écluses de Fonseranes, qui permettent aux bateaux de franchir un dénivelé de plus de 20 mètres ! L’endroit est envahi de touristes venus admirer ce chef d’œuvre classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et 3ème lieu le plus visité de la région Languedoc-Roussillon avec plus de 300’000 visiteurs annuel. Certains choisissent même de vivre le site de l’intérieur en participant à une croisière qui passe par les 9 écluses, par contre il faut avoir de la patience !
Le tracé enjambe ensuite la rivière Orb à l’aide d’un pont canal et longe la colline sur laquelle la ville de Bézier est perchée. Le passage de la ville se fait par une zone industrielle installée le long du canal et est une preuve du bénéfice économique de la construction de cet ouvrage pour la région.
La dernière réalisation majeure de cette section du canal est « les Ouvrages du Libron ». Il s’agit d’un aiguillage à rivière. A cette endroit, le canal croise Le Libron, et comme à deux mètres altitude, le dénivelé ne permet plus la construction d’un pont canal, les ingénieurs de l’époque ont prévu un dispositif permettant de croiser la rivière à la l’aide d’un ensemble de vannes et d’écluses. Pour simplifier, si un bateau arrive de droite, le Libron est stoppé sur le bras de droite et continue de s’écouler à gauche, le bateau avance jusqu’au centre des deux bras de rivière, on coupe alors l’écoulement de la rivière dans le bras de gauche pour ouvrir le droit, puis on ouvre l’écluse et embarcation peut ainsi continue son chemin. ( cher lecteur, écris moi en commentaire si tu as compris)
A partir de là, la Canal du Midi est parallèle à la côté à une distance d’environ 1 km et se dirige en direction de Sète. A la hauteur de Vias, nous bifurquons vers Vias Plage où nous avons notre hôtel. Il s’agit d’une petite station balnéaire dont la rue principale est une alignée d’échoppes en tout genre. Certaines sont d’ailleurs déjà fermées car la fin de saison approche. A peine arrivé est installé, Pascal en profite pour fêter notre arrivée à la Méditerranée en allant faire une petite baignade.
Le soir, après avoir profité d’un superbe couché de soleil sur la plage, nous allons manger une pinsa à un restaurant italien où le pizzaïolo a étudié à l’académie de la pinsa de Rome. En discutant avec le serveur, nous apprenons qu’il s’agit du dernier soir d’ouverture. Nous nous sommes régalés !
Buen Camino !
Le parcours en video
Motel Myriam- https://www.motelmyriam.com/ / 85 € /nuit (avec pdj) – Petite chambre et très petite salle de bain, bon Wifi
Note : 5.75/ 6
Les vélos sont en sécurité au bas de l’escalier de l’hôtel
Souper : Via Roma – très bonne pinsa à la romaine
https://www.canaldes2mersavelo.com/sites/canaldes2mers/files/inline-files/2024-carte-c2m-pdf-BD.pdf