L’homme est un être raisonnable, mais les hommes le sont-ils ?
Raymond Aron
Avignon (F)
Bourg-Saint-Andéol (F)
étape 110 | jour 160
68.84 km
6 h 18
214 m↑
Description
Comme le jour précédent, nous voulons aller prendre le petit-déjeuner au café Le Domus, mais une fois arrivé devant l’établissement, nous trouvons porte close ! Et oui, cher lecteur, c’est dimanche et en France, avec le lundi, ce sont les jours préférés de fermeture des bistros et cafés. Alors, nous nous mettons en quête d’un autre établissement le long d’une rue touristique, la Rue de la République, mais tout est fermé là aussi. Nous tombons finalement sur une boulangerie (Edgar – Sandwicherie), ou nous achetons comme d’habitude un pain au chocolat, un croissant et un café à l’emporter. Prudents, nous achetons en plus deux sandwichs, qui s’avéreront très utiles puisque effectivement, jusqu’à l’arrivée de notre étape, point de restaurants ni de magasins, à moins de faire un détour dans l’un des bourgs bordant la Via Rhôna.
Nous rentrons manger et préparer nos affaires dans la chambre. Il est passé 10 heures 30 quand nous descendons notre matériel à la réception pour équiper nos vélos. Le réceptionniste de ce matin vient du Puy-en-Velay. C’est donc tout naturellement qu’il était trés intéressé par l’histoire de notre aventure et en particulier l’étape du Puy. On apprend d’ailleurs au fil de la conversation qu’il a pour projet depuis longtemps de partir sur le Chemin, mais il pense attendre la retraite. Nous lui conseillons, si la possibilité s’offre à lui, de partir sans attendre car on ne peut pas prédire ce qui nous attend au tournant. Deux clientes espérant prendre leur chambre si tôt dans la journée arrivent, il y en a qui ont vraiment peur de rien ! Cela coupe court à notre conversation et nous prenons rapidement congé de notre hôte en le laissant gérer les deux touristes. C’est pas facile, la vie d’hôtelier !
Par rapport au guide-papier que nous avons, le tracé de la Via Rhôna a été modifié : il ne contourne plus la ville Avignon mais passe par l’Île de Piot. Alors, nous suivons la voie cyclable le long des murailles et empruntons le pont par lequel, il y a deux jours, nous sommes entrés dans la ville. Une fois arrivés sur l’île, il suffit de continuer de suivre les panneaux qui, par une route peu fréquentée, nous emmènent jusqu’à un giratoire à la hauteur de l’Île Barthelasse. A partir de là, nous obliquons direction le Rhône pour emprunter une piste cyclable flambante neuve. Quelques kilomètres plus loin, nous empruntons la rutilante Passerelle de l’Oiselay qui a été construite spécialement pour la voie verte et inaugurée le 3 octobre 2023, ce qui rétrospectivement explique le changement de parcours. Comme peutequoi, les régions consentissent à de beaux investissements pour compléter le parcours, merci !
Une fois sur l’autre rive, le tracé officiel fait une boucle direction Sorgues sans raison apparente, mis à part peut-être que le chemin sur la digue n’est plus goudronné. En effet, pour les Français, un belle voie cyclable semble devoir être lisse et goudronnée … un peuple de cyclistes sur route, en fait ! Après avoir rapidement étudié la carte sur notre GPS, nous estimons pouvoir continuer tout droit sur la digue sur un très bon chemin blanc et rejoindre le tracé officiel un peu plus loin. Le risque est minime et au pire, nous ferons demi-tour. Mais cela ne s’avéra pas nécessaire et le chemin de type « gravel » est en très bon état et nous rejoignons ainsi sans soucis le parcours. C’est dommage de ne pas indiquer cette voie comme variante sur le guide ViaRhôna !
Juste après avoir traversé l’autoroute A9, nous tombons nez-à-nez, marchant au milieu de la piste, sur un couple de faisans, un mâle à l’éclatant plumage et une femelle toute revêtue de beige. Sachant que c’est la saison de la chasse, on voit tout de suite qui est le plus malin! Sur la piste cyclable en voie propre longeant la D237, nous sommes abordés par un cycliste de la région en vélo de course, Bruno. Il se trouve que le retraité est aussi un adepte de voyage à vélo et il est très intéressé à connaitre les détails de notre expédition. Nous parlons ainsi tout en roulant jusqu’à Les Cabanes, où lui continue tout droit alors que nous obliquons à droite le long de l’Aigue toujours en suivant la Via Rhôna. Merci beaucoup pour cet échange. Bruno, c’était très sympa !
Il est déjà 13 heures passées quand nous faisons une halte sandwich-pomme sur le rebord bétonné d’un déversoir, qui nous sert de banc pour notre place de pique-nique improvisée. Par ailleurs, le mistral tant redouté hier est complètement tombé durant la matinée et il n’y pratiquement plus de vent. Bien que le soleil soit très présent, il ne fait pas si chaud au point de devoir cherche de l’ombre pour manger. C’est vraiment une super météo pour faire du vélo, on apprécie beaucoup !
En repartant, à peine le temps de lancer nos machines à la vitesse de croisière que nous manquons d’écraser une superbe mante religieuse, qui se promène imprudemment sur la piste cyclable. On observe plus facilement cette espèce en septembre car, après l’accouplement fin août, les femelles vont pondre leurs œufs durant septembre. Ce poids supplémentaire les rend moins mobiles et les oblige à se déplacer principalement « à pied ». Nous revenons en arrière afin de profiter de cet insecte rare cher nous, puis nous repartons.
A la hauteur de Saint-Étienne-Des-Sorts, la piste asphaltée flambante neuve s’arrête. La Via Rhôna continue ensuite sur de petites routes dans la plaine alluviale direction Mornas, puis suit un moment l’autoroute A7 jusqu’à Mondragon avant de franchir le canal de Donzère -Mondragon et de sillonner la campagne jusqu’à Pont-Saint-Esprit. Là, nous décidons d’emprunter le pont très fréquenté pour nous rendre en ville afin de faire une petite pause. Ainsi, nous nous arrêtons au seul café encore ouvert : en effet, nous sommes sur la pause de l’après-midi. Nous profitons de cette petite halte pour chercher un hébergement. Au téléphone, le patron de l’établissement nous dit qu’il manque de femme de chambre, mais qu’il va se débrouiller, sympa. En entendant cela, le tenancier du café entame la conversation sur le manque de personnel et sur le fait que personne ne veut plus travailler en France, car « les aides sociales sont trop généreuses et les gens paresseux ».
Quand nous repartons, il est déjà 16 heures passées et la lumière commence à devenir rasante ce qui donne à la suite du parcours en pleine campagne une atmosphère tout à fait particulière. La plupart des cultures ont été récoltées et ne laissent plus que la terre nue dans les champs. De plus, quand on s’arrête et que le bruit de roulement cesse, c’est le calme plat, une vrai ambiance de fin du monde.
La route est facile et nous parcourons aisément les seize derniers kilomètres. En arrivant, nous trouvons le patron, Guillaume, et un ami sur la terrasse en train de prendre l’apéro. Nous sommes super bien accueillis et ce d’autant plus que notre aventure semble raisonner en lui. Sans nous changer, nous descendons boire un verre avec eux afin également de trouver une solution pour le souper. En effet, le restaurant de l’hôtel est fermé et il n’y a rien aux alentours. La pizzeria repérée sur googlemap n’est en effet qu’un food truck qui n’est pas présent ce soir-là, mince. Guillaume arrangeant nous propose d’aller chercher nos pizzas chez un copain qui tient un autre camion-pizza à 2 kilomètres de là, très sympa, merci beaucoup Guillaume !
Du coup, nous restons la soirée à manger, boire et discuter avec les deux compères. D’ailleurs le deuxième protagoniste vient de se faire licencier et cherche un sens à sa vie. Il nous dit qu’il envisage en effet de se lancer sur le Chemin afin de faire le point. Nous l’encourageons à se lancer dès le printemps de l’année prochaine.
Après avoir passé une superbe soirée, nous montons nous coucher.
Buen Camino !
Le parcours en video
Le Robinson / 77 € /nuit (sans pdj) – Chambre Ok, salle de bain fonctionnelle, bon WIFI, accueil exceptionnel !
Note : ❤️6 / 6
Les vélos sont dans la salle du petit-déjeuner
Souper : Pizza commandée sur place et souper sur la terrasse avec le propriétaire
https://www.viarhona.com
Je suis impressionné par la description de l’étape et, de manière générale, de toutes les autres étapes. Super boulot qui doit vous prendre du temps, le soir. Ca participe du voyage. Nonne cotinuation, vous devez être bien plus au Nord.
Merci pour votre commentaire…. en effet nous sommes arrivés à Sablon / Serrières… aujourd hui nous allons à Vienne … et ensuite Lyon où nous passerons quelques jours pour visiter