Expédition Ultreia – Étape 111 | Jour 161 – Lundi 30.09.2024

Nous descendons déjeuner  vers 9 heures, comme convenu avec le patron la veille. Il semble que nous soyons les seuls clients. Deux employés s’affairent déjà à nettoyer les différente salle à manger. Comme on s’y attendait, même si le petit-déjeuner est classique (pas de buffet), nous sommes super bien servis. Nous demandons également pour acheter un sandwich à l’emporter, et c’est possible, grâce aux provisions du petit-déjeuner.  Parfait, ainsi nous n’aurons pas à chercher une boulangerie ouverte un lundi. Le patron de l’hôtel nous avertit aussi qu’en amont se trouve possiblement un passage à gué dû à l’élévation du niveau de l’eau du Rhône en raison des fortes précipitations ces derniers jours au nord. S’il y a trop d’eau, le passage pourrait même devenir impraticable. Dans ce cas, il nous faudra alors faire un conséquent détour. Nous verrons bien…

Après avoir pris congé de Guillaume, nous nous mettons en route vers 11 heures. Le ciel est couvert avec quelques belles éclaircies tout au long de la journée. Côté température, il ne fait pas froid et nous pouvons sans problème rouler en manche courte dès le départ.

En partant de l’hôtel, nous empruntons la piste cyclable en site propre de La Via Rhôna qui franchit le Rhône pour arriver au village de Bourg-Saint-Andéol. Ensuite, nous longeons la D86 toujours sur une belle piste cyclable protégée de la circulation par un parapet en béton. Puis à la sortie de la localité, le parcours se poursuit en campagne dans la plaine fluviale. C’est au moment de quitter le lieu-dit Iles des Dames que nous tombons sur le fameux passage à gué. Et en effet, la route est recouverte de 20 cm d’eau. Nous pourrions passer en roulant, mais par crainte de déraper sur un sol possiblement glissant, nous nous déchaussons pour passer en poussant. Avec si peu d’eau, l’obstacle est aisément franchi. Roulant en sens inverse alors que nous nous rechaussons, un groupe de trois cyclistes retraités arrivent. Ils habitent pas loin de Sainte-Croix du côté français de la frontière et sont partis de chez eux pour rejoindre la mer à Sète. Eux aussi choisissent de passer en poussant, alors qu’un VTTiste (sans bagages) arrivant à fond passe avec précaution mais sans problème et presque sans freiner. Il s’avère que c’est un régional, il connaît bien le coin.

La suite du parcours qui oscille entre chemins de digue et chemins au pied de la digue est très facile, nous filons sur notre route  et arrivons ainsi vers 13 heures à la hauteur du pittoresque petit village de Viviers. Le guide conseille fortement de faire un petit détour pour aller le visiter. De toute manière, nous avons besoin de nous éloigner de l’eau pour manger nos sandwichs sans servir de casse-croute aux moustiques, alors nous optons pour la visite.

Nous piqueniquons sur un banc dans le bourg Place de la République. Le cœur historique du village, niché sur une colline, est très charmant  et les maisons en pierres sèches le long des petites ruelles lui donnent un charme certain. Il y a même quelques peintures murales disposées dans les ouverture de fenêtres ou sur les portes. Mais il manque quelques chose… en effet, nous sommes pratiquement seuls, pas un touriste à l’horizon. Normalement, un tel lieu, à l’image de Carcassonne, devrait être envahi de touristes flânant au milieu des boutiques de souvenirs. Mais ici, rien c’est le calme plat et c’est très bien, c’est justement ce qui fait le charme de cet endroit encore préservé des foules. Un petit bijou ce village ! Après le repas, nous montons jusqu’au Belvédère qui nous offre une superbe vue sur la vallée et les toits de la localité.

En redescendant, nous allons prendre un café à un bar au pied de la colline et profitons de cet arrêt pour réserver un hôtel à une dizaine de kilomètres de là, juste après Montélimar. En effet, avec toutes ces visites, nous ne pouvons pas rouler plus loin. De plus sur la suite du parcours, il n’y pas d’option d’hébergements suffisamment proches.

Après cette escapade touristique, nous reprenons la Via Rhôna en traversant le fleuve par le Pont suspendu de Viviers en profitant de l’impressionnante vue sur les deux bras de la rivière qui se rejoignent en « Y » à cet endroit. Puis, un peu plus loin, nous retraversons un des bras, « le canal de dérivation de Montélimar », au niveau de la gigantesque centrale hydroélectrique au fil de l’eau de Châteauneuf. Ensuite, nous suivons le canal jusqu’à la hauteur de Ancône, où nous quittons la piste cyclable sur la digue pour emprunter l’impressionnante et vertigineuse passerelle himalayenne pour retraverser le Rhône afin de rejoindre notre destination : Rochemaure.

La petite localité est située au pied d’un ancien volcan dont seuls subsistent les cheminées occupées actuellement par les ruines d’un château-fort. A l’hébergement, nous sommes bien accueillis par un couple de jeunes ayant travaillé dix ans à Genève avant de reprendre l’établissement. Les chambres sont impeccables et les lieux bien tenus. De plus, en faisant un tour sur la page Facebook de l’hôtel, nous apprenons qu’ils vont bientôt participer au concours du Meilleurs Petit-Déjeuner de France, alors nous avons déjà hâte d’être à demain pour jouer au jury.

Le soir, nous allons manger au restaurant juste en face de l’hôtel, et c’est une belle découverte. Le menu se compose de plats fait maison à la présentation soignée et aux portions généreuses. Dans la petite salle, la moitié des clients sont des Suisses : 4 Suisses-allemands dont deux retraités de Zürich eux-aussi à vélo mais dans l’autre sens. Nous en profitons pour glâner des informations sur la suite de la route et eux font de même. Nous les mettons notamment en garde concernant le passage à gué.

Nous voyons de plus en plus de compatriotes, et de plus en plus de Français, avec qui nous échangeons, ont des liens avec la Suisse ou alors y ont travaillé. Cela commence à sentir la ligne d’arrivée.

Buen Camino !