Expédition Ultreia – Étape 13 | Jour 15 – Mercredi 08.05.2024

Le petit-déjeuner du gite est vraiment magnifique avec même du pain perdu maison. On fait part de nos déboires pour trouver un hébergement pour la prochaine étape  à la maitresse de maison qui essaye de nous aider, mais c’est difficile car on a déjà appelé toutes les adresses qu’elle nous propose. Finalement, on se décide pour une chambre à Dunières, le long de la vélo-route de la Via Fluvia. On fait la réservation directement sur le site internet de l’hôtel depuis la table de déjeuner avant que l’occasion nous passe sous le nez. Ce n’est pas très loin, une trentaine de kilomètres, pas « assez » loin normalement mais là on n’a pas d’autre solution. On ne le sait pas encore mais on va finalement être très content de ce choix et aussi de ne pas devoir aller plus loin…

Vu que le Camino s’engage, paysage montagneux oblige, de plus en plus dans des sentiers impraticables en vélo, où alors au prix d’efforts similaires à ceux de l’étape précédente pour rejoindre la borne des 1600 km. Il faut donc composer son propre itinéraire avec les petites routes qui, elles-aussi, finissent par disparaitre au fur et à mesure que la vallée se rétrécit ne laissant que la grosse départementale bien fréquentée. Heureusement, la Via Fluvia, une ancienne voie de chemin de fer réaménagée en voie verte, nous offre une magnifique alternative. A Bourg-Argental, il faut en partant du gîte descendre au ruisseau et remonter la route menant à l’ancienne gare. Puis, à partir de là, on peut tranquillement profiter de la pente douce de l’ancienne voie ferrée et du bitume tout neuf de ce bout de tronçon fraichement terminé…on se croirait presque sur une piste cyclable allemande !  Après un ou deux kilomètres, le Camino rejoint lui-aussi la voie verte pour la quitter définitivement aux alentours de Saint-Sauveur-en-Rue (cela s’invente vraiment pas ces noms ici !).

C’est également un peu plus loin au lieu-dit Les Chavannes que s’arrête la voix verte aménagée et les cyclistes doivent terminer l’ascension du Col Tracole sur la D503, heureusement avec un trafic relativement modéré. L’arrivée se fait à 1030m d’altitude. Pas de faux espoir de café: l’auberge est naturellement définitivement fermée. Il ne reste que la machine à bières lamentablement abandonnée devant le bâtiment…

Le thermomètre du vélo affichant à peine plus de 10°C, accompagné d’un vent polaire, on s’habille chaudement pour la descente y compris gants et bonnet. En mettant à profit le bitume et la pente, on rejoint à toute vitesse Riotord toujours sur la D503 mais cette fois à plus de 40 km/h. A Riotord se déroule la foire de la morille, aura-t-on l’occasion d’en manger ? Une courte visite de la foire nous déçoit un peu car point de croute au champignons en vue, dommage, car on meurt de faim. Le froid glaçant nous pousse à reprendre la route, d’ailleurs il n’y pas grand monde en comparaison avec la foire de Seyssel!

Une courte montée depuis le village, nous ramène sur la suite aménagée de la Via Fluvia. Toujours frigorifiés par la descente du col nous parcourons sans traîner les 7 derniers kilomètres de faux plat descendant jusqu’à Dunières en visualisant une douche bien chaude. Après avoir traversé un tunnel ferroviaire au sein même de Dunières, on sort du tracé pour rejoindre après 300 mètres notre Hôtel avec une belle vue sur la vallée.

Arrivés à l’hôtel, frigorifiés et avec en tête que d’après l’email de confirmation la chambre ne serait disponible qu’à partir de 16h, soit seulement 2h plus tard. Agnès qui est allée à la réception se renseigner ressort soudain avec la clé de la chambre et une réservation pour ce soir au restaurant. C’est parfait ! Le chef en personne nous accueille pour ranger les vélos dans le garage. J’en profite pour lui demander si cela serait possible de faire notre lessive, à ma grande surprise,  il accepte ! Alternativement, Agnès avait aussi repéré une laverie automatique sur le parking du Carrefour. Le couple de propriétaire, soit le chef de cuisine et sa femme, nous ont beaucoup touchés par leur gentillesse et leur passion de l’hôtellerie. Le concept de l’hôtel est basé sur le respect de l’environnement en proposant des aménagements innovants dans les chambres (exemple : douche Gjiosa fabriqués par une start-up biennoise), la prédominance de produits locaux et régionaux au restaurant et un accueil pour que le client se sente comme à la maison. On aura déjà fait pas mal de chambres d’hôtel pendant nos 10 ans de voyage à vélo, mais là c’est une des rares fois où je n’ai rien, mais vraiment rien à reprocher ni à la chambre, ni à l’équipement, ni au sanitaire, ni à la douche, ni au produit de douche, ni au repas du soir, ni au service, ni à l’emplacement et ni au prix ! Et pourtant on a l’œil entrainé ! Et pourtant on a vraiment tiré sur la corde en leur demandant la possibilité de faire la lessive, mais aussi quelque chose à manger vers 15h car nous étions affamés. Nous dégustons donc un excellent plat de charcuterie et fromage avec de la baguette à l’hôtel. Puis on se repose. En attendant le souper. Cela nous a vraiment dépanné, car jour férié oblige et ,comme me confirme ma visite au village, tout mais vraiment tout est fermé, donc pas moyen d’acheter quoi que ce soit. Ce n’est pas comme en Suisse : pas de station-service avec shop, ni même un distributeur- automatique rien. Chez nous, en Suisse, nous sommes vraiment bien gâté, comme me le confirme le patron d’une pizzeria qui me dit « j’ai travaillé à Genève… surtout ne changez rien, ne faites pas comme chez nous en France ! »

A 19h30 nous descendons au restaurant, et nous nous régalons avec la formule entrée, plat  et dessert préparée façon restaurant gastronomique. Tout est préparé avec des produits locaux et frais. Quel contraste avec hier et le kebab moyen ! C’est donc repus et heureux que nous allons nous coucher.

Buen Camino !

(la mise à jour se fera en principe le matin suivant l’étape)