Le vélo est la plus noble invention de l’humanité.
William Saroyan
Le-Puy-En-Velay (F)
Rougeac (F)
étape 15 | jour 18
28.8 km
6 h16
762 m↑
Description
Hier, vendredi 10 mai, nous troquons notre équipement de vélo pour celui de touriste avec l’intention de visiter cette magnifique petite ville du Puy. On commence avec un réveil très matinal : 05h45. Pourquoi ? Car la première attraction ,incontournable sur le Camino au Puy, est bien sûr la messe des pèlerins à la cathédrale Notre-Dame, qui débute à 07h00. Comme les rites catholiques nous sont complètement étrangers, nous nous sentons un peu dans la peau d’ethnologues observant une cérémonie d’une lointaine tribu d’Amazonie ou alors en orateur libre dans un cours de chinois. La messe est bien sûr en français, bien qu’il ait aussi pas mal de non-francophones. L’église est pleine et bien sûr la quête n’est pas oubliée ; on peut même payer avec sa carte de crédit ! A la fin de la messe, le plus beau moment est la sortie par l’escalier à l’intérieur de la Cathédrale, un privilège réservé aux pèlerins ! On reçoit également une petite médaille et un bracelet. De plus, on peut faire tamponner notre crédential du sceau rouge de la cathédrale. Notre sentiment à la sortie, pour ceux qui connaissent, m’a fait penser à l’épisode de la série Kaamelott où le roi Arthur fait le débriefing de la première messe chrétienne avec le père Blaise (S02E45).
Vers 8h, nous ressortons et après les indispensables photos sur les marches en passant par la porte des pélerins, c’est le ventre vide que nous nous mettons en quête de notre petitdéj. Nous nous arrêtons finalement dans un salon de thé au Cyrano.
Ensuite, après un bref retour à l’appartement, nous nous lançons à l’assaut des monuments de la ville, qui se trouvent tous au sommet d’anciens volcans, donc le jour de repos se transforme en jour de grimpe… parmi la dense foule de touristes qui se pressent dans toute la ville et la chaleur torride qui succède au froid glacial matinal.
On démarre avec le monument le plus voyant, le Rocher Corneille et la statue de Notre-Dame de France. Cette dernière fut forgée en 1860 avec le métal des 213 canons capturés au russes pendant la guerre de Crimée en 1855 ; un cadeau de Napoléon III. On peut d’ailleurs monter au sein même de la statue par un étroit escalier en colimaçon jusqu’à une vertigineuse échelle menant à une coupole en plexiglas qui débouche au sommet de la tête. Il y fait d’ailleurs très chaud, c’est surement le sauna le plus original du Camino 😊.
Pour la suite de la visite, il faut redescendre la colline principale pour se rendre au sommet du Rocher Saint-Michel ou se dresse une chapelle consacré au Chef des Armées divines et vainqueur du mal (eh oui ca claque comme titre).
C’est donc épuisé et avec un petit creux que nous dévorons une quiche au bistrot « Lou Sant Miguel« avec une magnifique vue sur le Rocher et la chapelle. A côté de nous, 4 américains discutent de leur départ sur le Camino.
On enchaine ensuite avec une remontée vers la cathédrale pour la visite du cloitre de la cathédrale avec plein d’explications sur la géologie, le carrières de pierre et la restauration des différents monuments. Pascal apprend qu’il n’est pas si simple de retrouver le bon type de pierre pendant qu’Agnès apprend à construire une voûte en pierre à l’aide d’un modèle-réduit (jeu de construction).
Pas loin se trouve le musée « le Camino ». Il est situé dans une ancienne demeure restaurée qui nous emmène dans les sous-sols, il y fait tellement froid qu’on remet nos pulls. L’exposition est super moderne et vraiment bien faite : elle emmène le visiteur jusqu’à Fistera de salle en salle. A peine le temps de souffler qu’à 17h, on enchaine avec l’accueil des pèlerins dans une salle attenante au musée pour y partager un moment de convivialité avec d’autres pèlerins sur le départ autour d’un verre de l’amitié offert par l’association locale des amis du chemin. On y rencontre une Québécoise partie pour 3 mois de rando sur le Camino, elle n’a pas de vol retour et à la ferme intention « d’épuiser sa bourse avant de devoir rentrer » et une Française sans beaucoup d’argent qui prévoit son périple en tente/bivouc en autonomie jusqu’à Fistera, pour se tester en prévision d’autres aventures. Cette dernière a déjà fait le camino l’année dernière et les rencontres faites ont changé sa vie. Elle a notamment rencontré son copain, d’autres amis, etc et a décidé de vivre autrement. Il y aussi une pèlerin de Lyon qui, elle, termine son segment de chemin au Puy avant de revenir. Avant de s’éclipser, on se souhaite à tous un » buon camino », peut-être les reverra-t-on sur le chemin ?
Le lendemain matin, c’est donc, sans se presser, vers 11h, après une journée de « repos » et en cette belle et chaude journée du samedi que nous entamons la Via Podiensis appelée aussi « la voie du Puy », toujours sur le GR65. Comme on a une maison d’hôte de réservée pour le soir et que l’étape est plutôt courte, on décide ne pas se presser et de prendre le temps d’admirer les magnifiques paysages de cette région volcanique. Pour ce faire, on prend l’option d’essayer de suivre le chemin des marcheurs même si plusieurs personne nous ont signalé que la montée initiale depuis le Puy est très raide…. On verra…
Dès le début, le contraste est saisissant. On a déjà vécu une premier changement d’ambiance en passant le Rhône à la hauteur de Chavanay en passant d’un monde rural à une zone plus touristique. Mais ici, en entament cette voie, on monte encore d’un cran, on commence à voir beaucoup de pèlerins et de marcheurs. Le parcours est de mieux en mieux organisé avec même des toilettes sèches à intervalle régulier.
Pour faire court et par anticipation de la suite de cette article, tout le Camino jusqu’à notre gite est parfaitement carrossable à notre grand étonnement ! Ça change ! La montée du Puy se fait en roulant et n’est pas du tout si terrible que ça, pour les Suisses que nous sommes. Arrivés au sommet, on parle brièvement avec 2 pélerine sud-africaine du Cape. Peu après on est abordé pas un « vieux » (cf Kaamelott 😊) et il commence à nous parler du chemin, il s’avère qu’il fait partie des Amis de Saint-Jacques et il s’occupe du balisage du Camino. A la sortie du superbe petit hameau de La Roche, après avoir passé l’ancien four, on entame la conversation avec une jeune pélerine, bras tatoué, qui vapote tranquillement à côté d’un énorme sac de marche. On apprend qu’elle a passé la nuit dehors car elle envisageait de faire St-Jacques en autonomie car sans le sou et au bénéfice d’une pension d’invalidité. Avec dans l’idée de faire des rencontres …. Malheureusement, son sac trop lourd et la première nuit passée sous sa bâche qui lui sert de tente l’a découragée, et là elle rentrait chez elle avec la ferme intention d’économiser pour pouvoir revenir faire le chemin en gîte cet automne. Puis nous passons à travers divers types de végétations (découverte de l’orchis-bouffon, prés humides sur roche volcanique). C’est donc peu avant 14h que nous arrivons dans le petit village de Saint-Christophe-sur-Dolaison où nous trouvons une superbe place de pique-nique parfaitement équipée propre en ordre, on y fait notre pause de midi.
Vers 15h30, à Montbonnet nous décidons de nous arrêter au Gite-Bar « le Saint Jacques » pour boire quelques chose et faire une pause à l’ombre. Ensuite, après avoir franchi la petite colline du « lac de l’œuf » et fait une photo souvenir « obligatoire »devant le panneau du village le « Le Chier », on met le cap sur Rougeac hors du tracer du GR en passant par une petite route de campagne. Et pour ceux qui se poserait la question, on prononce « Chière », ouf !
On est super bien reçu dans cette ancienne ferme transformée en maison d’hôtes. D’ailleurs on dort au sommet de la rampe de l’ancienne grange-étable. La maison et la chambre sont superbes et bien équipées. A 19h, on est reçu par le couple qui tient le gite et 2 autres couples de marcheurs sont présents pour un apéro et un exceptionnel souper semi-gastronomique à base de produits régionaux. On y discute beaucoup. Le couple (ou amis, on n’est pas sûr..) de marcheurs parisiens sont sur le chemin pour 5 jours et l’autre couple, habitant près du Puy fait juste une petite escapade de 2 jours depuis Saugues sur le GR pour rentrer chez eux. Un couple travaille à l’Inspection du travail, l’autre couple dans les soins hospitaliers : la confrontation de nos mondes différents est très intéressante !
Vers 22h, tout le monde monte se coucher.
Buen Camino !
(la mise à jour se fera en principe le matin suivant l’étape)
Le parcours en video
Gite Le Clos des Pierres Rouges / 105 € /nuit (avec petit-déjeuner) +35€ pp pour la table d’hôte + 12€ pp pour le pique-nique
Note: ❤️6 / 6 | Superbe chambre et souper exceptionnel – WiFi parfois capricieux en chambre mais bon on ne vient pas pour ça.
Les vélos sont sur le parking… mais bon ça craint rien ici…
Souper au gite – juste magnifique
Aucun timbre sur le chemin.
Chers Pascal et Agnès ,
merci de vous être arrêtés au clos des pierres rouges, nous suivrons et partagerons votre blog votre blog car il est très bien documenté et permettra assurément à un pèlerin (à pied ou en vélo) de pouvoir se lancer un peu plus confiant dans cette belle aventure du Chemin.
j’avoue que nous sommes fans de vos références au scénario d’Alexandre Astier de Kamelott, l’analogie est surement + que pertinente. nous vous souhaitons un superbe périple et sommes ravis que les petite collines ne vous arrêtent pas.
Bien à vous.
Sylvie et Thierry
Chers Sylvie et Thierry,
Merci beaucoup pour votre commentaire. Nous avons passé une super soirée-étape sur notre chemin vers Compostelle. En ce moment nous découvrant la magnifique région du Gévaudan et le massif Margeride. Malheureusement aujourd’hui il pleut et nous restons à Aumont-Aubrac pour nous reposer bien à l’abris.
à bientôt, j’espère,
Agnès et Pascal