J’aime la bicyclette pour l’oubli qu’elle donne. J’ai beau marcher, je pense. A bicyclette je vais dans le vent, je ne pense plus, et rien n’est d’un aussi délicieux repos.
Emile Zola
Saugues (F)
Aumont-Aubrac (F)
étape 17 | jour 20
51.9 km
8 h14
1136 m↑
Description
Après avoir déjeuné avec des viennoiseries achetées à la boulangerie et bien utilisé la machine à café de la salle à manger commune du gite, nous préparons nos affaires sans tarder (donc pas le temps d’écrire l’article ce matin-là, désolé). On doit libérer les lieux à 9h. C’est d’ailleurs à cette heure-là que le propriétaire et sa femme débarquent pour entamer le ménage ! On discute un peu et on apprend que l’ancien banquier a rénové ce gite pour sa retraite. Il est également en contact avec les patrons de Clos des Pierres Rouges, le gite de l’étape précédente 😊.
C’est donc peu après 9h que nous avons repris le chemin dans le massif de la Margeride et la région du Gévaudan. Selon notre étude des cartes et guides, notre but du jour à Aumont-Aubrac est situé au bout d’une étape relativement plate sur un haut-plateau. Dans la première montée, on rencontre une fringante quinquagénaire infirmière (encore) en anesthésie du sud de la France. On échange sur nos projets respectifs et on tombe d’accord sur le fait qu’il faille profiter de faire ce genre de chemin avant qu’un problème de santé ne survienne ; inutile d’attendre la retraite ! Il est essentiel de profiter du moment présent.
La suite du parcours traverse des paysages typiques de moyenne montagne qui font penser aux Franches-Montagnes avec ces murs en pierre, ces champs verdoyants, ces pissenlits et ces vaches. La différence la plus remarquable étant l’omniprésence de genêts qui soupoudre tout le paysage de flamboyantes tâches jaunes. L’autre différence, en y regardant de plus près, et contrairement au Jura, ici les pins rabougris par le rude climat remplacent les sapins.
On discute brièvement en roulant avec un Lillois et un Néerlandais qui marchent ensemble et qui visiblement sont perdus. Notre GPS vient à leur secours. Ils nous parlent d’un Népalais avec qui ils auraient marché le premier jour. Ce n’est pas la première fois qu’on entend parler de lui… apparemment il aurait été à la messe des pèlerins le jour après nous. Il marche vite, semble-t-il. Le rattraperons-nous ? Comme on s’arrête peu après pour manger notre sandwich jambon-fromage sur une pierre près d’une stèle gravée dans une vielle souche d’arbre offerte par l’association locale des amis de Saint-Ja, cques du Velan, on lui souhaite un bon chemin, on ne les reverra sûrement plus … on se trompait.
Juste au moment de réenfourcher nos montures, une Québéquoise (encore) arrive et s’arrête, on entame donc aussi un brin de conversation, elle est en route du Puy à Conques, qui est selon les guides et influenceurs en tous genre « la meilleure partie du GR65 ». C’est après avoir passé le village du Le Villeret d’Apchier, on choisit de ne pas opter pour la facilité de la route mais plutôt d’aller visiter le Domaine du Sauvage. Vous l’aurez deviné, tous les lieux mythiques du Camino sont uniquement accessibles en poussant notre attelage de 40 kg dans des chemins montant perpendiculairement aux courbes de niveau agrémentés de racines, de grosses pierres et de boue. Il y a toujours une route d’accès carrossable pour ravitailler l’auberge, mais elle n’est jamais du bon côté de la montagne 😊. Le pire, c’est que ce chemin est balisé comme chemin VTT… c’est surement pour le e-VTT… car sans moteur et même sans bagages cela nous parait compliqué. Dans la montée, on revoit la jeune étudiante en bivouac rencontrée au « Pain de sucre » il y 2 étapes. Musique dans les oreilles et téléphone portable sur batterie portative, elle nous raconte avoir passé la nuit dans un petit parc à la sortie de la ville ensemble avec un « jeune Breton de 2o ans » également en bivouac sur le chemin.
Le Domaine du Sauvage est une ancienne ferme au sein de murs plusieurs fois centenaires. Aujourd’hui, elle est gérée par le Département et accueille les pèlerins pour la nuit (l’hébergement est complet jusqu’en juillet). L’endroit et l’accueil nous font penser à l’hôtel du Chasseral. En arrivant, le lillois nous repère et nous propose de s’assoir à sa table. C’est donc en français et anglais, afin que Frank le Néerlandais puisse aussi suivre, qu’on y apprend que le Français du nord est membre des FFI (Force Français de l’Industrie) qui militent pour la réindustrialisation de la France et qui défendent le « Made in France » (ou dans leur cas « l’Origine France », leur propre label plus sévère).
Le ciel menaçant, on prend vite congé des deux compères qui doivent encore faire 10 km, nous il nous en reste encore 25 km environ. On redescend du Sauvage par le fameux accès carrossable et changeons de département pour passer en Lozère. A la chapelle Saint-Roch (encore), 2 bénévoles tiennent un accueil pèlerin et nous en profitons pour tamponner nos crédentials. A partir de là, nous cédons à la tentation du bitume de la D987 et c’est grisé par la vitesse de la descente que nous arrivons à Saint-Alban-sur-Limagnole. Un kilomètre après la sortie du village, nous entamons la montée sur une charmante petite route de campagne dénuée de circulation et pratiquement parallèle au GR. Nous la poursuivons jusqu’aux Estrets, où nous penssions reprendre le GR car il est indiqué comme carrossable sur les cartes… tu parles… grossière erreur : il n’y a que grosses pierres et chemin pentu. Nous décidons donc rapidement de rebrousser chemin pour emprunter la D7, elle aussi à très faible trafic jusqu’à destination.
Après être allé chercher un dernier timbre à l’accueil pèlerin du village et une courte visite à l’Office du tourisme, on est content d’arrivé car finalement l’étape qui devant être « plate » cumule 1100 de dénivelé positif !
Heureusement, la Brasserie « La Gabale « du chef Cyril Attrazic nous régale avec un menu 3 plats et son fameux aligot. Ce dernier est un mélange de tomme et de purée de pomme de terre parfait pour recharger les batteries.
Buen Camino !
(Demain journée de repos car pour cause de pluie)
Le parcours en video
Hôtel Chez Camillou / 140 € /nuit (avec petit-déjeuner)
Note : 5.75 / 6 | Belle chambre – Très bon service – Bon WiFi – Salle bain bien mais pas rénovée entièrement.
Les vélos sont au garage à vélo de l’hôtel parfais
Souper à la Brasserie La Gabale du chef Cyril Attrazic
Timbre au sauvage et à l’accueil pèlerin à la chapelle Saint-Roch de Lajo et à Aumont-Aubrac (on commence à en trouver un peu partout.)