Roulez autant ou aussi peu, aussi longtemps ou aussi court que vous le sentez. Mais roulez.
Eddy Merckx
Aumont-Aubrac (F)
Nasbinals (F)
étape 18 | jour 22
32 km
6 h29
457 m↑
Description
Mardi 14 mai, la météo, comme prévu, s’annonce plus que maussade, ce qui se confirme lors du déjeuner lorsqu’il se met à pleuvoir des cordes. Pauvres marcheurs ! Ni une ni deux, on décide définitivement de rester une nuit supplémentaire à l’l’hôtel « Chez Camillou », mais ont-ils encore une chambre ? Donc, sans attendre d’avoir fini de manger, je me lève et je me rends à la réception pour me renseigner. Résultat, oui, c’est possible moyennant quelques petites modifications de la répartition des chambres du jours. J’en profite au passage pour souligner l’extrême gentillesse et prévenance du personnel et propriétaire des différents hébergements jusqu’ici. Je retourne donc finir de déjeuner et reprend une ration de riz au lait avec des fraises fraiches et goute au cake aux châtaines sur les conseils de la très charismatique serveuse 😊, il est délicieux et fait maison ! On consacre la matinée au blog et à la planification du lendemain. La météo étant toujours incertaine, on ne prend pas de décision concernant notre prochaine destination. Avant midi, on fait un raid de ravitaillement en ville sous une pluie battante. Pauvres marcheurs ! Rien que de parcourir les 500 mètres qui séparent notre hôtel du centre-ville on est trempé, en dépit de nos équipements de pluie.
Devant la série HPI saison 3, qui nous fait bien rire, on avale un petit pique-nique en chambre… il ne faut pas trop trainer… à 14h30 on a réservé le SPA. C’est donc dans le jacuzzi qu’on repense aux deux inspecteurs du travail… qui, selon notre souvenir devaient justement faire leur longue étape ce jour-là… et à notre étudiantes de l’accueil pèlerin du Puy qui bivouaque.. que font-ils ? Le saurons-nous ? Probablement pas.
Le soir à la brasserie c’est avec surprise qu’on revoit le Lillois, qui est attablé avec une autre pèlerine… probablement rencontrée en chemin. On goûte pour la première fois à l’Aligot ! C’est un mélange de de purée de pomme de terre, de tomme et d’ail. C’est pour les montagnard qui ont faim ! Mais c’est très bon !
Bon, comme d’habitude, pendant cette journée de repos, on a tout fait sauf se reposer…
Le lendemain on découvre avec plaisir le soleil en se levant. On déjeune et on prépare nos affaires. Le ciel devient moins optimiste… et on décide à nouveau de ne rien réserver… Avant de quitter Aumont-Aubrac, on passe chez le marchant de vélo pour se procurer les vis et écrous nécessaires pour fixer définitivement le cale-pied d’Agnès. Cette fois, c’est le grand moyen : les vis plus longues me permettent d’y installer un contre-écrou anti-vibrations, cela devrait maintenant tenir !
La première partie de la route est vraiment idéale sur d’agréables chemins blancs et secs malgré les pluies de hier. A la hauteur de Lasbros, au café, on revoit le Lillois et son amie, elle rentre déjà aujourd’hui, et lui continue encore 2 jours. On revoit aussi la jeune étudiante en bivouac. En raison de notre journée de pause-pluie, les marcheurs nous ont rattrapés. A ce moment-là, on l’ignorait encore, mais en fin de journée, on aura une grosse surprise !
Le café les quatre chemins ,où sont rassemblés plusieurs groupes de marcheurs, marque l’entrée officielle sur le plateau de l’Aubrac. C’est aussi là que le bitume et les jolis chemins blancs laissent leur place à un étroit single trail super joli au début… sauf que les pluies de la veille et certainement des semaines précédentes ont transformé certains passages en étang où des passerelles trop courtes obligent les pèlerins à ruser pour ne pas se mouiller les pieds. Evidemment, avec nos bagages, c’est pas de tout repos ! Un passage particulièrement critique nous oblige à enlever le packetage du vélo pour les porter par-dessus des fils barbelés tout en essayant de ne pas tomber dans l’étang en marchant en équilibre sur quelques bouts de bois. Le tout sous l’œil goguenard et amusé des marcheurs qui immortalisent ce moment avec leur portable. Ils feront moins les malins à la prochaine ligne droite bitumée ou dans la prochaine descente quand nous les doublerons à pleine vitesse. C’est donc après une course d’obstacle digne de koh-lanta qu’au Moulin de la folle, et voyant que la suite n’est qu’un ruisseau de boue on décide de prendre un chemin blanc qui nous ramène sur la D987. Décision également approuvée par notre bivouaqueuse qui entre-temps nous a rattrapés. A peine repartis, la pluie se met à tomber et nous oblige à mettre nos équipements de pluie. Un vent glacial se lève également et la température chute, les gants d’hivers deviennent nécessaires.
C’est donc mouillés et frigorifiés qu’on entre se réchauffer au restaurant Chez Annie de Malbouzon. Un petit resto comme je les aime, sans prétention, cuisine maison avec la maman au fourneau et le fils au service avec sa copine en soutien. A l’intérieur, des ouvriers, dont les camionnettes sont parquées à extérieur, y mangent le menu du midi, un très bon signe! On y est très bien reçu et on essaie de commander une petite chose car on est encore repu du petit-déj…. Résultat des courses : de L’aligot, du gratin Dauphinois, des crêpes fourrée au fromages et de la salade… bref c’était super bon mais là, on était calé jusqu’à demain. Visiblement, le patron avait peur de nous voir repartir et mourir de faim dans l’Aubrac, ce qui aurait été mauvais pour la réputation de la région 😊.
Entre-temps, la pluie à cessé et le soleil qui joue avec les nuages crée une superbe lumière contrastée sur ces plaines où les tas de pierres et les gros rochers de granit ont, depuis bien longtemps, remplacés les arbres. Ces derniers ont autrefois été arrachés pour créer des pâtures. Le paysage est également zébrée par les murs en pierre sèches qui délimitent les différentes parcelles de terrain. Le murs enjambe les collines et crée de magnifiques perspectives photographiques. Ca et là, une maison de pierre perdue au loin et noyée au milieu de ce paysage faussement désertique donne envie d’y habiter pour profiter du calme et de la solitude. Bref vous l’aurez compris, entre les pauses photos et botanique dues à la présence d’une flore multicolore rare ou originale soigneusement répertoriée par Agnès, on n’avance pas.
A Rieutort d’Aubrac, on revoit la bivouaqueuse mais cette fois, accompagné du fameux « Breton » avec ses rastas 😉. Nous voir à vélo sur le chemin lui donne des idées pour une prochaine fois car, il a vraiment mal aux pieds ! On y croise aussi un marcheur plus âgé qui est parti de Genève pour marcher non pas jusqu’à une destination précise mais jusqu’à une date précise : le 5 juin, date à laquelle il doit rentrer. Lui aussi dort dehors et bivouaque.
Au pont du Boukinkan, on bifurque sur la D900 pour cette fois faire un détour volontaire par la cascade du Déroc. Le détour en vaut la peine si on a du temps. Et nous, on en avait puisqu’on a toujours rien décider pour ce soir. Après cette visite, on reprend donc la D900 pour une courte descente sur Nabinals. Juste avant de rejoindre l’embranchement avec le GR, on passe devant un hôtel précédemment repéré sur booking…et on décide de tenter notre chance à la réception… comme on le faisait avant d’avoir internet partout en tout temps. Moins de 5 minute plus tard, Agnès ressort avec les clés ! C’est tellement agréable de voyager ainsi ! On met nos vélos au garage entre une machine agricole et une vielle 2cv, puis, sans se doucher, on va visiter le village avant que tout ferme, il est déjà presque 16h30.
En sortant de l’hôtel, là surprise, 100 mètres en contre-bas où le GR reprend la Départementale, on tombe nez-à-nez avec nos deux inspecteurs du travail rencontrés lors de notre première étape après le Puy à la table d’hôtes des Clos Rouges. On chemine donc ensemble jusqu’à leur hôtel et on décide de prendre un verre tous ensemble. En attendant qu’ils aillent poser leurs affaires, on revoit le Lillois et la bivouaqueuse sur la terrasse. Le Lillois, Edouard (et oui on connait son nom maintenant), doit retourner 2 km en arrière car, grisé par le magnifique paysage, il ne s’était pas rendu compte que son hébergement était en fait dans le village d’avant. Nous échangeons nos contact avec ces pèlerins qui nous quittent…
Le soir, nous mangeons notre sandwich de la journée dans la chambre avec quelques accompagnements qu’on s’est procurés à l’épicerie. Nous repensons à cette magnifique journée, tant au niveau des paysages que de la flore et des rencontres auxquelles on ne s’attendait pas.
Buen Camino !
Le parcours en video
Hôtel Le Bastide / 114 € /nuit (avec petit-déjeuner)
Note : 5.75 / 6 | Grande et belle chambre rénovée avec vue sur la plaine de l’Aubrac, grande salle de bain avec radiateur permettant de sécher les serviettes ou notre lessive – bon wifi
Les vélos sont au garage à vélo de l’hôtel parfait
Bel accueil de la réceptionniste, on s’habitue à son accent
Souper en chambre car pas assez faim pour un resto
Timbre au resto Chez Annie