Voyager, c’est mettre sa mémoire en bagage.
Kheira Chakor
Cahors (F)
Montcuq (F)
étape 24 | jour 29
35.5 km
7 h03
514 m↑
Description
Hier mardi 21 mai, on était assis à notre table de déjeuner en regardant la pluie tomber à grosses gouttes. On n’avait pas vraiment l’intention de faire un jour de repos à Cahors, mais là, partir sous la pluie sans hébergement avant une dizaine de kilomètres voir plus ne serait pas très agréable. Donc comme d’habitude dans ces cas-là, on en profite pour faire une journée de repos. En plus, cela tombe bien, Cahors est environ à mi-distance en le Puy et Saint-Jean-Pied-de-Port, qui marque le départ du prochain camino appelé « le Camino Francés ». On va donc tout guilleret à la réception et on demande s’il serait possible de rester une nuit supplémentaire. Réponse : Non … malheureusement il y a un car et plein de pèlerins… Donc déçu, on remonte dans notre chambre et on n’a pas le temps d’ouvrir la porte que déjà, le téléphone de la chambre sonne, on répond précipitamment: « c’est la réceptionniste. Je viens juste d’avoir une annulation de chambre pour ce soir! » Yes, on a de la chance ! Donc on peut rester tranquillement à Cahors avec, au programme, une visite de la ville, cinéma et repos.
Cahors est une ville un peu étrange avec ses mendiants un peu partout dans la ville et sa forte circulation automobile en plein centre. Malgré une vielle ville sympa avec ses charmantes ruelles et boutiques, la description faite dans les guides est, à mon avis, bien trop élogieuse. Certes, le pont Valentré est très photogénique mais cela s’arrête un peu près là. Par contre, les commerces sont ouverts et ils nous faut la suite du Miam Miam Dodo qu’on trouve dans une librairie, la vendeuse explique que c’est déjà le 3ème qu’ils vendent rien que ce matin !
L’accueil pèlerin à L’octroi de Cahors sur le Pont Louis Philippe est également très sympathique et nous permet de tamponner nos crédenciales. En discutant avec les deux bénévoles, on y apprend que les Belges viennent de ravir la 3ème place aux Suisses en terme du nombre de pèlerins de passage !
Ensuite chacun vaque à ses occupations : cela sera donc le nouvel opus de la saga « la planète des singes « (qui est vraiment bien) pour Pascal et un call avec Jasmin, la partenaire de tandem linguistique alémanique pour Agnès.
Après le cinéma, j’avais prévu de prendre le bus pour la zone commerciale située en périphérie pour acheter de nouveau mousquetons pour fixer nos bagages car ceux achetés avant notre départ ne tiennent pas le choc… mais la ville complètement congestionnée au niveau de la circulation fait que tout est bloqué… alors après 30 minutes d’attente, je renonce. A noter que les transports publiques sont gratuits, un bel effort !
Le lendemain mercredi, c’est donc frais et dispo qu’on attaque le déjeuner, et nous retrouvons en pleine heure de pointe des Espagnols vacanciers du tour organisé en car. Quelle horreur pour nous des vacances comme ça, on préfère la liberté qu’offrent nos vélos et nos réservations spontanées ! Mais bon, il en faut pour tous le goûts.
Pour le début de la journée le ciel est plutôt couvert mais sec, et on supporte volontiers un pull. Toutefois, la montée en début d’étape nous réchauffe rapidement ! Comme depuis Cahors. le sentier des marcheurs n’est pas carrossable, on s’engage sur la véloroute 87 « la vagabonde » qui passe directement devant l’hôtel et qu’on suivra jusqu’à Labastide-Marnhac. Peut-après la sortie de l’agglomération de Cahors, lorsqu’on rejoint les marcheurs, on dépasse un couple de pèlerins, elle n’a pas de sac et lui oui. On allait bientôt en savoir plus, mais entretemps, on profite de l’agréable tracé qui passe par de petites routes parallèles au Camino peu fréquentées. Mais comme à leur habitude les rares automobiles sont toujours très pressés et pas toujours bien respectueux. Toutefois, dans une montée, un gros semi-remorque plateforme freine respectueusement derrière nous avant un contour sans visibilité, dès que je vois que la route est libre je lui fait signe de passer. Pour nous remercier, on a droit au sympathique klaxon musical qui nous fait bien rigoler 😊 ! De plus, du coins de l’œil, j’ai pu entrapercevoir un ours en pluche à taille humaine sur le siège du co-pilote ! Comme quoi, il y a encore du savoir-vivre, ça fait plaisir !
Le paysage de garigue avec ses arbres rabougris (chênes pubescents, etc) est toujours propice à la croissance des fleurs, et particulièrement des orchidées. Le festival floral continue : après d’innombrables orchis pyramidal et quelques ophrys bécasse, on découvre encore deux nouvelles espèces pour aujourd’hui : l’ophrys abeille, dont le labelle inférieur porte un motif typique (« un sourire »), et l’ophrys mouche, dont la partie florale ressemble vraiment à une mouche posée sur une feuille verte ! Magnifique, c’est aussi notre première rencontre avec ses deux espèces 😊
Arrivés à Labastide, le froid et un début de pluie nous incitent à entrer dans le bistro/bar/épicerie « les Halles de Labastide » . Un sympathique endroit où chaque randonneur ou pèlerin trouvera son bonheur ! De plus, la bonne humeur et la simplicité de l’accueil, nous mettent tout de suite à l’aise. L’ambiance rappelle celle du « Lado lodge » à Bienne, pour les connaisseurs. On décide donc de troquer notre habituel sandwich pour le menu du jour : entrée, plat et dessert. C’est vraiment une très bonne surprise : la cuisine est simple mais de qualité et en portion pèlerin 😊 ! A la sortie on est apostrophée par un couple membre d’une association locale d’aînés qui font le Chemin par segment tout au long de la semaine. Décidément, nos montures étonnent les gens et ce qui le intrigue le plus, c’est de savoir par où on passe et comment on fait s’il n’y pas de route officielle 😊. Mais toi. fidèle lecteur, tu connais maintenant la réponse : il faut faire soit même sa trace, et tout comme sur une pente vierge à ski, il faut savoir lire le terrain et prendre rapidement des bonnes décisions.
Finalement, la pluie n’est pas vraiment tombée. C’est donc sous le soleil qu’on se réengage sur le tracé du Camino qui parcours une ligne de crête dans la garrigue. Bien que non-goudronnée, le chemin est assez roulant, mis à part quelques énormes flaques d’eau facilement évitables ou qui se franchissent en roulant. On fait une grande partie de la crête en compagnie d’un couple de quinquagénaires parisiens avec qui on discute beaucoup. Emmanuel est patron d’un boite d’informatique et Sophie fait du bénévolat pour les enfants, autant dire qu’on trouve beaucoup d’histoires à échanger avec ce duo qui nous ressemble beaucoup ! Ils font chaque année un segment de chemin de trois semaines. Ils ont également un blog qui raconte leur magnifique aventure. Puis, comme le veut le Chemin, à un croisement, on se souhaite un « un bon chemin » et voilà on ne les reverra probablement plus ! Mais les surprises sont toujours possibles..
A la verticale du hameaux de Pechpeyroux, on reprend la D7 par un chemin asphalté qui nous évite une descente qui, d’après ma lecture de carte, s’annonce compliquée sur le tracé des marcheurs. Après avoir traversé le très joli village de Lascabanas, on s’engage sur un petit chemin goudronné à côté du lac artificiel de Séguy pour rejoindre la D4 direction Montcuq. Après une photo obligatoire devant le fameux panneau du village de « Montcuq » pour des raisons graveleuse évidente 😊, on fait le point au café du village, car on n’a toujours pas de point de chute pour la nuit et il est déjà 17h.
Il se trouve, qu’il y a justement un hôtel au pied de la colline qui semble avoir des chambres libres, on appelle, pas de réponse… ok… on va donc sur place… Personne n’est là…il y a un numéro de portable et on est super bien accueilli à distance par téléphone. Grâce au digicode, on rentre dans notre chambre, le tout basé sur la confiance vraiment sympa ! Le soir, on se régale au restaurant de l’hôtel avec des pizzas et bières maison et on discute avec la dynamique et sympathique patronne, passionnée de politique mondiale et « voyageuse itinérante dans sa vie ».
Buen Camino !
Le parcours en video
Hôtel la Barguelonne / 91 € /nuit (avec petit-dej)
Note : 5.75 / 6 | prix pèlerin – bon wifi
Les vélos sont dans le garage de l’hôtel
Souper avec beaucoup de fait maison et de généreuses portions au restaurant de l’hôtel
Timbre aux Halles de Labastide et office du tourisme de Montcuq