Cuisiner suppose une tête légère, un esprit généreux et un cœur large
Paul Gauguin
Auvillar (F)
Lectoure (F)
étape 27 | jour 32
37.5 km
6 h 27
635 m↑
Description
Ce matin, on part à regret de « notre » villa avec piscine, non sans avoir bien entendu pris un petit déjeuner préparé avec soin par la maitresse de maison. On a vraiment été servi comme des VIP (very important pèlerins) ! Le départ de Auvillar se fait directement en côte direction Bardigue que l’on rejoint par la D11 ce qui correspond également au tracé des marcheurs. A la hauteur du château de Bardigues, alors que nous sommes en train de lire un panneau explicatif touristique, on est apostrophé par 2 marcheurs, lui est de Savoie et elle de Normandie. Lui s’intéresse beaucoup à nos vélos et à leur équipement car il aimerait bien faire « le Francès » l’année prochaine à vélo, on lui donne l’adresse du blog pour des conseils sur le matériel 😊.
On continue de suivre le Chemin officiel. Avant de redescendre en direction du ruisseau « le Arrats », on s’aventure sur un chemin de forêt car cela nous évite un détour sur la route, mal nous en a pris …. Bien que le début du passage soit sec … Pascal aurait du se souvenir que si le sommet du talus est sec, cela signifie que l’eau se trouve en bas.. gravité oblige ! Et donc ce qui devait arrivé arriva… on finit dans la gadoue et nos vélos ainsi que nos chaussures sont immédiatement recouvertes d’une épaisse couche de glaise ! Une fois sur le bitume, on essaye tant bien que mal de dégager les pièces essentielles (roue, freins, suspension et dérailleur) de la boue avec un petit bâton et l’eau de la gourde. On y arrive plus ou moins. La suite de la descente éjecte également par la rotation des roues une bonne partie du reste. Pour les finitions, il faudra tôt ou tard trouver un jet d’eau.
Le joli petit village de Saint-Antoine semble revivre grâce « au camino » : dans la rue centrale et unique, un café où se rassemblent une dizaine de pélerins obstruent pratiquement notre passage. Ensuite, on s’engage sur la route D953 car pas question de retourner s’embourber dans le chemin des marcheurs ! Finalement, la route n’est pas trop fréquentée par les automobiles et sillonne un paysage vallonné qui fait penser un peu aux collines rencontrées en Toscane lors de la Via Francigena en 2022. Malheureusement, contrairement à l’Italie, ici point de routes blanches, on est contraint pratiquement pendant toute l’étape d’emprunter les départementales.
A petit village de Flamarens, lui aussi perché au sommet d’une butte, on s’arrête au « Bistrot des Amis » (du patrimoine) pour boire quelque chose et on discute avec une retraitée qui s’ennuyait à la retraite et qui a finalement repris un emploi à tempos partiel. Elle met à profit ce revenu supplémentaire pour venir marcher sur le chemin 😊. Pas le temps de Flamarencer… euh flâner, on a encore de la route ! Monter pour redescendre devient le thème de la journée. D’ailleurs, dans un faux plat montant, on rattrape deux retraités hollandais sur leur vélo électrique bien chargé avec des sacoches de couleurs fluorescentes à l’avant et à l’arrière, ainsi qu’un sac transversal. Ils n’ont pas vraiment envie de parler mais nous disent venir de Hollande à vélo pour aller à Santiago. On n’en saura pas plus.
A l’entrée de Lectoure, on s’arrête sur la terrasse de la Boulangerie « les délices de Lectoure ». D’ailleurs, nos cyclistes hollandais y sont déjà attablés. Le soleil est bel et bien revenu! La météo du jour, consultée le matin même, annonçait une journée couverte et plutôt fraiche, donc nous nous n’avion pas mis de crème solaire… perdu ! Vers la fin du repas, on est bien cuit au soleil et la vendeuse ne sait pas comment descendre le store. Donc, on se déplace dans le parc des Bastions sur un banc à l’ombre. Notre recherche de chambres pour la nuit s’avère plus compliquée que prévu… après un petite dizaine d’appels, on comprend que deux gros mariages de cent et quatre cents personnes ont lieu dans la région et que tout est plein dans la direction qu’on visait pour la nuit, soit une dizaine de kilomètres plus loin vers le village du Romieu. Il y aurait bien une solution dans un château en direction de Condom mais c’est en dehors du Chemin et encore à plus de 20 km avec plein de petites collines à gravir avant. On tente donc notre chance auprès de notre chaine d’hôtel favorite, les Logis. Et la légendaire chance d’Agnès frappe encore ! Ils ont encore non seulement une, mais deux chambres ! La solution était droit sous nos yeux et à tout juste deux minutes de vélo. Les chambre n’étaient pas visibles sur internet car pré-bloquées pour un des fameux mariage. Conclusion, même pour les hôtels, il faut toujours appeler et demander.
L’hôtel est situé dans un ancien château du 18ème siècle et possède également une piscine (fraîche…Brrr) et font également un tarif pèlerins. C’est un étrange mélange entre un hôtel raffiné et un hôtel de marcheurs avec tout le matériel qu’il faut pour nettoyer les chaussures et les vélos directement dans la cours intérieure de l’établissement. Pour nous, c’est vraiment parfait, rappelez-vous, nos vélos et souliers ont pris la boue et on bien besoin d’un nettoyage en profondeur.
Après avoir parqué nos vélos au garage, on va chercher des fraises fraiches en ville et une bouteille de vin blanc d’un cépage local le Colombard. Une fois arrivé au bord de la piscine pour déguster notre butin, on rencontre un père et sa fille d’origine alsacienne et hongroise. Pour le père, c’est son dernier jour sur le Chemin, il fait chaque année un segment de 2 semaines en mode « tout organisé » par une agence spécialisée. Cette année, il a démarré à Conque le fameux « mardi noir » sous une pluie battante ! Sa fille, elle, a fait tout le trajet depuis le Puy, où elle habite, pour venir le rechercher en voiture. Tous les deux passent la nuit à l’hôtel. La fille est une ancienne spécialiste en publicité et marketing bientôt reconvertie en coach de vie. Lors du premier confinement, elle a beaucoup réfléchi sur elle-même, une sorte d’introspection, et a décidé de vivre « autrement ». D’ailleurs c’est une ancienne activiste des fameux gilets jaunes, d’où elle a repris un fameux slogan qui la passionne : « Vas te faire aimer ». On partage ainsi notre butin-apéro avec eux et refaisons le monde 😊.
Après une douche rapide, on déguste un menu de 3 plats gastronomique « de saison» dans un des salons du château. Quel contraste ce Chemin, on passe du Kebab miteux à Bourg-Argental au restaurant classé 13/20 au Gault&Millau dans un château du 18ème !
Buen Camino !
Le parcours en video
Hôtel de Bastard / 116€ /nuit (avec pdj) + 45 pp pour le souper
Note : 6 / 6 | prix pèlerin – bon wifi, coin nettoyage vélo et souliers, le restaurant, accueil très sympa et serviable
Les vélos sont dans le garage de la propriété
Souper au restaurant classé au Gault et Millau de l’hôtel 😊
Timbre à l’hôtel