Les gens ne dirigent pas les voyages, ce sont les voyages qui dirigent les gens.
John Steinbeck
Ayegui (ES)
Logroño (ES)
étape 39 | jour 49
50.6 km
8 h 11
888 m↑
Description
Dès le réveil, on peut observer depuis notre chambre les pèlerins qui défilent devant l’hôtel et ceci, dès l’aube! Certains s’arrêtent d’ailleurs pour prendre un petit déjeuner, boire un café ou acheter un sandwich. C’est au déjeuner que débarquent soudainement les deux imposants marcheurs noirs à la carrure de marines, que nous avions surnommés « les Américains » les jours précédents. On apprend que l’un d’eux, Victor, est un Américain (comme quoi on avait vu juste), mais qui vit à Johannesburg et l’autre, Christopher, vit en Hollande. Ils sont très joviaux et ont le contact facile. Les deux compères ont commencé leur Camino à Saint-Jean-Pied-De-Port et vont jusqu’à Santiago. On parle un peu de l’Afrique du Sud que nous avions également visitée en 2019. Puis on leur souhaite un « buen camino » et les laissons tranquillement profiter de leur déjeuner.
Nous quittons l’hôtel vers 9h30. Nous avons ressorti les pulls et coupe vents car ce matin, il fait un petit 18°C et un fort vent accentue encore le ressenti de froid. Nous faisons un premier arrêt à la fontaine à vin (ok, ok c’est la deuxième fois que nous y passons 😊) où nous retrouvons les deux « Américains » en pleine discussion avec deux jeunes Canadiennes. Après un petit verre de vin, nous repartons !
Jusqu’à Villamayor, le Chemin impose au cycliste plusieurs passages où il faut pousser et passer quelques petits étroits chemins avec des ronces et des chardons. En soit, ce sont de jolis « single trails » et il faudrait revenir avec nos vélos tout suspendus et sans bagages pour en profiter pleinement. Comme d’habitude, il y a toujours l’option Eurovélo, mais c’est souvent de la route et/ou un détour bizarre donc, en ce qui nous concerne, nous restons sur le Camino. D’ailleurs, cela semble l’option privilégiées par les autres cyclistes. Il faut comprendre que celui qui vient suivre le Chemin ne vient pas pour l’éviter car un des intérêts, c’est de visiter les attractions le long du tracé et d’être parmi les autres pèlerins.
Une fois redescendu du village de Vallamayor, le Chemin devient large et parfaitement cyclable ce qui permet de « lâcher les cheveux » et de bien rouler. Il faut toutefois veiller à rester bien concentré sur le pilotage, surtout dans les descentes, où de profondes ravines, témoins muets des fortes pluies de ces dernier mois, constituent de dangereux obstacles. Avec nos vélos chargés, nous les contournons soigneusement ou les franchissons « au pas » afin de préserver le matériel.
En chemin vers Los Arcos, nous recroisons le couple de retraités de Moselle, Josiane et Lionel, rencontrés hier. Nous prenons le temps d’échanger ensemble nos impressions sur ces chemins : par comparaison avec la Voie du Puy, ils constatent aussi la jeunesse des pèlerins sur le Camino francés et leur provenance internationale. C’est pourquoi, souvent, la langue de communication commune est l’anglais. Maîtrisant que peu cette langue et, selon eux, étant donné leur décalage générationnel, ils peinent à créer des liens avec les autres sur ce chemin. D’où leur plaisir à nous revoir et à discuter avec nous en français. Ils observent aussi l’absence de pèlerins germanophones : étrange, étant donné leur réputation d’être partout sur la planète, que se passe-t-il ? Il faudrait peut-être faire une deuxième version de « Ich bin dann mal weg« ? Dans tous les cas, lors de leur premier camino sur le Francés, il y 15 ans, ses derniers étaient bien plus présents et étaient sans aucune pudeur dans les dortoirs 😊. Toutefois, ce qui est sûr, est qu’au vu de la suite prochaine du film américain de « The Way » nommée « The Way : Chapter 2 », qui est en pré-production et à la sortie dernièrement de « The Way, My Way » en Australie, la langue de Shakespeare n’est pas prête de disparaitre du Chemin.
Ce soir, Josiane et Lionel feront halte à Los Arcos, ils sont donc bientôt arrivés, nous on a encore de la route. Après un selfie tous ensemble, on se souhaite mutuellement un « Buen Camino ». Plus loin, nous revoyons la Française, Christine, qui nous avait pris en photo à L’Alto del Pardon. Après avoir décidé presque spontanément de partir sur le Chemin, elle a pris quelques cours d’espagnol (vive Duolongo !) et s’est mise en route à Navarrenx. Pleine d’énergie, elle vit ses journées au jour le jour, sans trop planifier et cela marche ! Après un dernier selfie, on se souhaite un « Buen Camino ».. peut-être se reverra-t-on à Santiago ?
A Los Arcos, nous nous arrêtons manger une tortillas et un bocadillo à l’abri sous les arches bordant la place du village. Le vent froid s’engouffre par l’antique porte du village ce qui gèle une partie des pèlerins imprudemment installés en plein courant. Un cycliste français entame la discussion en terminant son repas: parti de Bayonne, il lui reste trois jours pour arriver à Madrid, où il doit participer à un symposium médical. Nous retenons cette belle idée d’aller à vélo à des formations continues, peut-être mettra-t-on cela en pratique à notre retour ? A l’église nous allons tamponner notre crédencial et, surprise, le bâtiment historique est très richement décoré. Les riches enjolivures dorées révèlent le prestigieux passé de la bourgade, désormais reléguée à un petit village de campagne. En effet, au Moyen-âge il s’agissait d’un lieu de péage et d’un « fuero » soit l’équivalent d’une ville franche y avait été décrété par les rois de Navarre afin de favoriser le développement et la fortification de la bourgade.
La suite est bien roulante et nous avançons à grande vitesse. Sous le soleil revenu, la température remonte brutalement à 30°C . Après Torres del Rio, il y a de nouveaux de petites collines qui forment un paysage vallonné. Après un passage où il faut pousser, nous cédons au confort moderne du bitume et de la pente douce de la NA-1110 que nous allons emprunter jusqu’à Viana.
A Viana, nous nous arrêtons pour faire le point autour d’un café et d’un gâteau à l’hôtel Palacio de Pujadas, où nous avions dormi en 2019 lors de notre premier passage dans la région. Cela nous rappelle des souvenirs, notamment la course des taureaux en ville à laquelle nous avions assistée depuis notre balcon. Après une courte recherche et un téléphone pour s’assurer de pouvoir parquer nos montures en toute sécurité, nous réservons notre chambre à Logroño. La suite du Chemin est facile jusqu’à destination et est principalement constituée d’un faux plat descendant et d’une dernière colline. Le seul obstacle est de franchir une passerelle piétonne peu adaptée à nos vélos chargés, mais avec un peu de force (Viva Pascal !), ça passe sans problème.
Une fois arrivés en ville, nous avons l’heureuse surprise de découvrir que c’est jour de Fiesta. Il y a plein de monde et un cortège en costume traditionnel. La soirée s’annonce bonne 😊.
Le soir, nous explorons la vielle ville et ses fameux bar à tapas. On s’enfile dans l’un d’eux. Nous arrivons avant 21h donc, nous trouvons encore une place. Bon, pour nous les tapas c’est trop petit, nous avons besoin d’énergie, donc nous commandons des raciones (des tapas mais en plus grand 😊).
En ressortant, la fêtes bas sont plein et un groupe de percussion fait le show ! On les suit un moment dans les étroites ruelles, puis, après la représentation nous rentrons nous reposer.
Buen Camino !
Le parcours en video
Hôtel Eurostars Marqués de Vallejo / 84 € /nuit (avec pdj) *les prix varient fortement d’un jour à l’autre – bon Wifi, grande chambre, climatisation, bon petit-déjeuner sur le standing d’un 4 étoiles, bien placé, réceptionniste arrangeante et prête à aider – Grand et anonyme parfait pour une nuit étape
Note : 5.75 / 6
Les vélos sont en sécurisé dans la remise
Souper : Café Calenda – tapas et raciones – le personnel est un peu dépassé par le foule en ce jour de fiesta !
Timbre à Los Arcos