Le nomade ne se met pas en marche s’il n’a pas une Terre promise à laquelle rêver.
Jacques Attali
Hontanas (ES)
Población de Campos (ES)
étape 44 | jour 54
41.26 km
6 h 55
409 m↑
Description
Ce matin, nous nous réveillons dans le magnifique petit village de Hontanas. Attention, petite leçon d’espagnol pour voyageur : Nous allons déjeuner (desayuno) au bar du Restaurant Don Rodrigo de hier soir, où nous prenons un jus d’orange fraichement pressé (zumo de naranja natural), un pain au chocolat (napolinano) et un café (café solo), c’est-à-dire sans lait car, par défaut, un café c’est au lait.
C’est donc avant 10 heures que nous nous mettons en route, le fond de l’air est de moins frais que le jour précédent et le soleil réchauffe vite l’atmosphère. Juste après la sortie du village le Camino, bordé de multiples fleurs dont de magnifiques coquelicots rouges, emprunte un magnifique petit chemin à flanc de collines. Après quelques kilomètres, on atteint les ruines entourées de verdures de l’ancien Couvent San Antón du XIVème siècle (le même nom que la soupe de hier soir). Puis, une route toujours bordée de coquelicots rouges, nous emmène à Castrojeriz dont la vielle ville est essentiellement construite le long du Chemin et s’étend sur presque 2 kilomètres ! Le village est classé plus beau village d’Espagne « Uno de los Pueblos más bonitos de España » sur le modèle des plus beau village de France. Sauf qu’ici, il y en a pas à tous les coins de rue 😊.
A l’entrée du village, on recroise le retraité suisse-allemand de Sargans que nous avions rencontré hier soir. Nous décidons de faire une petite pause ensemble et l’invitons pour boire quelque chose à un bar. Il se prénomme Josef et a travaillé pour les plus grandes entreprises suisses Sulzer, Saurer,… en tant que mécanicien et monteur. D’ailleurs, il semble vraiment faire autorité dans son domaine et a dû certainement valoir de l’or pour ces entreprises qui l’ont envoyé aux quatre coins du monde dont la Pologne et les Etats-Unis en tant qu’expatrié ! Il raconte les fermetures et restructurations causés par des chefs fraichement issus d’école de management et qui « ne comprennent rien » et ne réussissent que à créer du chaos. Il parle aussi du rachat des entreprises dans lesquels il a travaillé par une firme à l’étranger qui « pompe » tout le savoir-faire et finit par fermer la filiale suisse sous de faux prétextes et ce même après y avoir investi dans de nouveaux locaux ! Sa conclusion est qu’il ne faut pas se laisser endormir par les beaux discours du management et qu’il faut oser demander une belle compensation financière. Après une demi-heure, nous nous souhaitons mutuellement un « Buen Camino » et continuons notre route.
A la sortie de Castrojeriz, on tombe sur le couple de retraités autrichiens, on ne s’attarde pas et on entame la difficulté principale de la journée, soit une montée à 12% sur près de 1 km. La forte pente et nos vélos chargés comme des mulets nous obligent à pousser. Au milieux de la pente, on s’arrête pour manger une pomme et profiter de la superbe vue sur toute la vallée. Bien sûr, nous sommes rattrapés par les Autrichiens qui s’arrêtent aussi et on se met à discuter à l’ombre d’un petit arbre. Lui s’appelle Heinrich et elle, c’est Elisabeth. Ils sont aussi voyageurs, parfois à vélo, parfois à pied. Ils ont déjà faits le camino à pied depuis chez eux en Autriche jusqu’à Santiago il y a longtemps, et échangeons sur d’autres moments de voyages. Pascal leur propose de leur envoyer les photos qu’il a prise d’eux en train de monter et ils sont très contents. On finit par faire un selfie tous ensemble et on repart.
Après un petit arrêt pour faire tamponner notre crédential à l’Ermita de San Nicolás, une sorte de refuge pour pèlerins tenus, ce jour-là, par des bénévoles italiens, on traverse la rivière sur le Pont historique de Puente Fitero. Ce dernier marque notre sortie de la province de Navarre pour entrer dans la province de Palencia.
A Itero de la Vega, on s’arrête pour manger à l’Albergue Puente Fitero. Bien qu’ils aient terminé le service, ils nous préparent un super plat de pâtes à la sauce bolognaise. C’est donc plein d’énergie à base d’hydrates de carbone que l’on repart. La suite de la route se fait sur de larges routes blanches balayées par un fort vent de face, qui nous a déjà accompagné toute la journée, mais qui ici nous retient sur ces routes rectilignes. Ces dernières donneraient plutôt envie de rouler à plein vitesse, mais là on peine à maintenir le 10km/h.
Après Boadilla del Camino et ses magnifiques cigognes sur les toits de maison, le Chemin suit une partie du Canal de Castille, que nous quittons au niveau de la superbe échelle à bateau pour entrer dans Fromista. Nous faisons rapidement le tour de cette petite bourgade un peu défraichie et reprenons le chemin qui longe la P-980. Après le passage au-dessus de la N-611et de l’autoroute A-67, on profite de la perspective très photogénique d’une grande ligne droite pour nous amener directement à Poblacíon de Campos, où nous avons repéré une première possibilité pour passer la nuit.
Nous nous arrêtons devant l’établissement, l’hôtel rural Amanecer en Campos. Agnès va demander à la réception pour une chambre, mais elle n’y trouve personne. Pourtant, il doit y avoir quelqu’un car sur le bureau traine des lunettes de lecture et un smartphone. Nous parlons fort histoire d’attirer l’attention et fouillons un peu… mais toujours rien. Après un moment, un client arrive et nous lui demandons s’il sait s’il y a quelqu’un. Ni une ni deux, il entre et appelle le patron par son prénom « Carlos » ! C’est alors que Carlos débarque, il s’excuse de ne pas nous avoir entendu mais il était en train de regarder le tour de Suisse cycliste! On est finalement bien reçu et il nous accompagne à notre chambre en nous aidant à porter nos bagages.
Le soir, nous mangeons le menu pèlerin ensemble avec un autre randonneur, Luis, qui vient de Porto Rico. Il a un mois de vacances pour faire le Camino Francès et part ensuite rejoindre sa femme à Barcelone pour un mois de vacances en plus, mais en couple cette fois ! Dans la vie, Luis est enseignant de maths et sciences. Il n’en est pas à son coup d’essai, il a déjà parcours le Camino del Norte, Camino del Salvador, Camino primitivo et portugués, mais c’est la première fois pour lui sur le Francès. Il remarque de manière générale que depuis plusieurs années qu’il parcourt les Chemins, les prix augmentent. Il semble par ailleurs très attentif à son budget qui s’élève à 50€ par jour en moyenne. En général, il va dans les auberges pour pèlerins en dortoir mais quand il a envie de bien dormir, il se paye un petit hôtel, comme ce soir.
Vers 21 heures nous allons tous nous coucher pour une bonne nuit de sommeil réparatrice dans le calme de la campagne.
Buen Camino !
Le parcours en video
Hotel rural Amanecer en Campos / 65 € /nuit (avec pdj) – bon Wifi, grande chambre, hôtel familial (style maison d’hôte) – Salle de bain pas de la prime jeunesse, pas de séche cheveux
Bel accueil par les patrons, patronne au contact très chaleureux
Note : 5.75 / 6
Les vélos sont en sécurité dans le jardin intérieur.
Souper :à l’hôtel menu pélerin 15€
Timbre à l’hôtel et à l’Ermita de San Nicolás