Expédition Ultreia – Étape 53 | Jour 64 – Mercredi 26.06.2024

Pas question de trainer ce matin car on doit avoir quitté les lieux à 9 heures au plus tard…et encore on a obtenu une rallonge d’une demi-heure. En effet, bien qu’on ait une chambre privée, on n’est pas dans un hôtel « normal » mais une albergue de pèlerins. Le principe de fonctionnement étant que les marcheurs partent tôt et arrivent aussi tôt, soit vers 13 ou 14 heures pour faire le check-in.

Avant de partir, il nous faut trouver de quoi déjeuner car, et c’est dommage, l’albergue n’offre aucune option pour cela. Donc, pendant qu’Agnès se prépare, Pascal part en chasse. Heureusement, il ne revient pas bredouille et rapporte 2 napolitains (pain au chocolat) et 2 cafés à emporter de la boulangerie Pasteleria Dulce Maria au bas de la rue. Il a même été servi en français ! Nous déjeunons donc sur la terrasse, puis nous finissons de ranger nos affaires et charger nos vélos. A 9 heures pile,  nos vélos sont prêts à être enfourchés pour le départ.

Comme le jour précédent, le brouillard est bien présent ce matin et il fait un petit 17°C. Nous n’arrivons pas à nous décider pour un départ un manche courte ou non, finalement nous optons pour le court. Parmi les marcheurs, la même confusions règne. Toutefois, la première côte à la sortie de l’agglomération finit de mettre tout le monde d’accord en nous réchauffant tous. De plus, comme il fait lourd et que le taux d’humidité de l’air est élevé, le mécanisme de la transpiration a de la peine à faire son travail et à nous rafraichir. Nous transpirons donc à grosses gouttes.

Les groupes scolaires sont de nouveau là, mais comme les chemins sont plus larges sur ce segment que lors du départ de Sarria et que, de plus, nous nous sommes habitués à naviguer parmi la foule, cela nous gêne moins. Nous nous surprenons même à  nous amuser en expérimentant plusieurs techniques de dépassement :

• « La furtive » quand il y de la place
• « La tonitruante » en jouant de la sonnette
• « La polyglotte » en disant « pardon » dans la langue des marcheurs, ce qui nous semble la façon la plus sympathique de procéder.

Dans tous les cas, nous accompagnons notre dépassement d’un Buen Camino.

Le Camino, lui, par contre, ne nous fait pas de cadeau. Bien qu’il ne reste que 68 km, le parcours est très vallonné. Nous enchainons les montées et les descentes. La plupart du parcours est parfaitement cyclable même si plusieurs montées nous obligent à pousser à cause de la trop forte pente. Heureusement, le Chemin est très joli et bucolique et empruntent de magnifiques chemins creux. De plus, nous commençons à traverser les forêts d’eucalyptus et  leur senteur si particulière nous ramène à 5 ans en arrière lors de notre première expérience dans la région. Agnès, en bonne biologiste, rappelle toutefois qu’il s’agit d’une espèce envahissante pratiquement impossible à éradiquer une fois implantée. De plus, il s’agit d’une vraie plaie lors d’un feu de forêt car justement, l’essence d’eucalyptus est très inflammable ! Petit bonus,  l’espèce mène aussi une guerre biologique contre les autres arbres car, une fois au sol, les feuilles d’eucalyptus produisent une substance toxique qui empêche la croissance des espèces concurrentes.

A Melide, on s’arrête pour une première petite pause à la Churreria Burato, où nous dégustons des Churros et un café solo. Puis, nous continuons les montagnes russes à travers la campagne galicienne.

A 13 heures, on s’arrête peu avant Arzúa au bar Manuel pour manger un sandwich au fameux fromage Queso de Arzúa. Ce dernier se présente sous la forme de petite meule d’une trentaine de centimètre de diamètre et est à pâte molle. Son goût rappelle celui d’un fromage à la crème de chez nous comme le luzerner rahmkäse. Il se consomme en sandwich comme dans ce cas ou alors aussi en dessert avec une tranche de pâte de coing (dulce de membrillo).

On repart pour un tour de manège façon pèlerin mais cela commence à devenir dur. Les jambes sont gentiment mais sûrement fatiguées et la chaleur de l’après-midi espagnol avec plus de 30°C n’arrange rien. Nous comptons alors les kilomètres jusqu’à destination. A ces heures avancées, le Chemin s’est vidé de la foule et la nature reprend ses droits. Ainsi, quatre kilomètres avant l’arrivée, nous observons une Huppe Fasciée, un oiseau plutôt rare en Suisse.

En arrivant à notre hôtel, l’atmosphère est à nouveau agréable, le calme est revenu.  Nous profitons de la terrasse ensoleillée du bar avec un rafraichissement pour rédiger le blog. Puis, vers 19 heures (car dans cet établissement la cuisine ferme à 19h30), on mange sur la terrasse avec un magnifique coucher de soleil en prime.

Buen Camino !