Quand on ne sait pas quel est le vrai chemin, le bon chemin est forcément le vrai.
Jean Guitton
Vila Praia de Âncora (P)
Viana do Castelo (P)
étape 64 | jour 77
20.98 km
3 h 12
104 m↑
Description
La pluie qui a démarré hier au soir s’est poursuivie toute la nuit et ce matin, au réveil, le ciel gris est parfois encore source de petites ondées. Mais d’après les prévisions météo, la pluie s’arrêtera vers les 11 heures, il ne devrait toutefois pas y avoir beaucoup de soleil mais au moins, nous serons au sec, en tout cas en théorie! Il suffit juste de bien prendre son temps au petit-déjeuner et de partir à l’heure du check-out.
Après avoir sorti nos bagages de la chambre par la fenêtre au rez-de-chaussée pour les rapprocher de nos vélos, nous allons demander à la jeune réceptionniste de nous ouvrir le garage. Cette dernière a envie de parler et nous apprenons qu’elle non plus, ne parle pas le portugais, car cela fait seulement sept mois qu’elle est arrivée d’Argentine pour travailler dans cet établissement. L’hôtel, nous raconte-t-elle, appartient à un couple de Français sans expérience dans l’hôtellerie, qui est pour diverses raisons absent. C’est donc elle qui doit tous gérer. Elle nous confie aussi que les prix des chambres dans ce village sont élevés car il n’y a que deux hôtels et donc peu de concurrence. Mais contrairement à ce qu’on avait pensé, l’établissement, qui vient d’ouvrir, travaille beaucoup avec les pèlerins de Compostelle. Enfin, surtout avec leur agences car ici, la plupart des marcheurs sont au bénéfice d’un tour organisé. Elle a d’ailleurs déjà des réservations pour l’année prochaine ! Quel grand business ce Compostelle ! Comme la bruine s’est presque arrêtée, nous prenons congé de la jeune réceptionniste et reprenons la route.
Pour sortir de la ville, on bénéfice encore d’un petit bout de piste de l’Ecovia, mais malheureusement, cette dernière s’interrompt brusquement à la hauteur de la plage de la dune du Caldeirão. Elle est remplacée par une piste dans une pineraie qui débouche à la plage de Forte do Cão. Il commence à repleuvoir un peu plus intensément de minute en minute, tient c’était pas prévu ça.
Après cette première plage, la piste se transforme en un étroit « single trail» envahi par la végétation et le sable. Après un court passage carrément sur le sable de la plage qui nous oblige à descendre définitivement du vélo, la progression devient de plus en plus difficile. Les branches des arbustes qui plient sous le poids des feuilles mouillées nous lèchent abondamment le haut du corps, ce qui finit de tremper nos vestes de pluie et shorts de vélo. Il faut également éviter les ronces qui essaient de nous attraper comme pour nous retenir dans cet univers végétal. Que faut-il faire ? Devons-nous faire demi-tour ? D’après le GPS, nous sommes au milieu du segment de « jungle » Nous avons trop avancé pour revenir sur nos pas, la seule sortie possible est donc de continuer, en avant ! Heureusement, des pèlerins portant justement leur bien nommée pélerine complètement détrampée, venant en sens inverse, nous renseigne sur l’état de la route à venir et nous faisons de même. Il est vrai que sur ce chemin avec cette météo exécrable le doute est permis de savoir si on se trouve oui ou non sur la bonne route.
Près de la plage de ínsua, on retrouve enfin la route qui alterne les passages pavés et asphaltés. Le vent et la bruine balaie la petite zone de culture coincée entre l’océan et la route N13. Quelle poisse ces pavés ! Ce type de revêtement demande plus d’efforts pour avancer, plus d’attention pour ne pas glisser et nous fait parfois sautiller comme des kangourous.
Heureusement, dès la plage do Paço, l’ecovia reprend. Seul le passage dans Montedor est encore un peu délicat. Pour la descente vers la plage de Carreço, nous marchons prudemment à côté de nos montures car un génie de l’urbanisme a trouvé génial de substituer les petits pavés par de grosses pierres qui, lissées par le passage des véhicules, sont rendues glissantes par la pluie.
Une fois au bord de la mer, à l’abri précaire sous un balcon d’une maison de vacances, on jette un coup d’œil rapide aux possibilités d’hébergements, et évidement il n’y a rien de disponible jusqu’à la prochaine ville, soit Viana do Castelo. Nous sommes trempés, la température est tombé à un petit 18°C et pour ne rien arranger, le vent balaie la côte. Malgré tout, la seule solution est de continuer encore 10 kilomètres.
La suite se révèle heureusement facile car la piste cyclable est bien aménagée. C’est sur ce bout de côte balayée par les vents océaniques et sous une pluie battante que nous nous rendons compte à quel point nous sommes des privilégiés d’être là en ce moment à vivre ce spectacle de la nature sur l’immense scène côtière.
En arrivant dans les faubourgs de la ville, le « régisseur du retour à la réalité » annonce la fin de la représentation, non pas avec trois coups de brigadier, mais en nous replongeant dans la civilisation et la circulation. Nous nous rendons compte aussi que tout sur nous est trempé et que l’eau commence même à s’accumuler dans nos souliers. Il est vraiment temps de trouver un abri. Un bref arrêt nous permet de voir où se trouvent la plupart des hôtels et nous mettons le cap sur cette zone. La manipulation des smartphones sous une pluie battante s’avère d’ailleurs un peu compliquée car les gouttes sont parfois interprétées comme des doigts et créent des actions non-désirées. Globalement, cette situation d’ailleurs souligne l’importance pour une telle aventure d’avoir de l’équipement résistant. Ainsi, nos sacoches de vélo, nos smartphones et le GPS sur le guidon sont tous étanches sans fourre supplémentaire.
C’est donc mouillé jusqu’à la moelle, mais avec un équipement parfaitement fonctionnel, que nous tentons notre chance à un premier hôtel, qui affiche des coquilles du camino à l’entrée. Cela semblait une belle adresse, mais malheureusement ce dernier est complet. On passe au suivant : en arrivant devant l’établissement, nous avons un gros doute car notre look de clochard ne colle pas vraiment avec le standing de l’hôtel. Mais bon, Agnès monte le tapis rouge qui recouvre les marches et va se renseigner à la réception. Ils ont effectivement de la place et même un parking vélo, le tout pour un prix plus que raisonnable pour la prestation!
Le test d’étanchéité en condition réel est parfaitement concluant, l’intérieur de nos bagages est parfaitement sec ! Une fois dans notre chambre, nous commençons par s’occuper de nos affaires détrempées afin de les faire sécher au plus vite. A cet effet, nos deux cordes à linge sont tendues dans la chambre pour faire sécher nos habits. Pascal est d’ailleurs passé maitre dans l’art de trouver des points d’amarrage pour ces cordes avec comme point de prédilection : la balustrade de la fenêtre, la barre du porte-habit de l’armoire, les attaches des rideaux et le mobilier.
Une fois douché et après être allé prendre une pâtisserie, nous achetons même un journal en espagnol pour faire sécher l’intérieur de nos chaussures, et tant pis le travail journalistique ! D’ailleurs, le kiosquier n’a pas bien compris pourquoi nous nous intéressions tant aux nouvelles locales dans une langue que visiblement nous ne parlons pas.
Le soir, nous ne résistons pas à aller goûter la spécialité de la région, la Francesinha une sorte de croquemonsieur en sauce accompagné de frites. Le sandwich, à l’image de la pizza, se décline en une infinité de recettes, de la traditionnelle à l’épicée en passant même par une version végétarienne aux légumes. Bilan : même si le côté diététique laisse complètement à désirer, c’est très bon, très nourrissant et pas cher !
Tout le restaurant est attentif à l’écran de la télévision qui diffuse le match de l’Eurofoot Espagne – France, les clients sont placés en ligne afin de pouvoir suivre au mieux cet événement. La victoire espagnole est acclamée par tout le monde, belle bataille !
Mercredi 10 juillet
En se levant, un rapide coup d’œil par la fenêtre donne le ton du matin, soit un menu grisaille, brouillard et pluie. Dans ces cas-là, cher lecture, tu connais notre solution favorite : prolonger notre séjour d’une nuit. En passant devant la réception en nous rendant au petit-déjeuner, on se renseigne si c’est possible. Nous sommes soulagés par la réponse affirmative du réceptionniste qui a également l’air satisfait. Il faut dire que la météo maussade semble avoir fait fuir les touristes.
C’est donc sans stress que nous profitons du superbe buffet du petit-déjeuner, le tout au son de la musique lounge jouée en live par un pianiste ! Quel beau concert 😊C’est très sympa « les albergues » de pèlerins de nos jours !
C’est donc bien rassasié que nous allons visiter l’ancien bateau-hôpital destiné aux pécheurs de morues au large de Terre-neuve. Le Gil Eannes, c’est son nom, est amarré dans le port devant l’hôtel et est l’une des attractions-phare de la ville. La visite est très intéressante et pour nous, Suisses, c’est pas tous les jours que nous avons l’occasion de monter à bord d’un tel navire.
La pluie s’est définitivement arrêtée et on enchaine avec un rapide tour à pied du centre-ville. Puis nous retournons à l’hôtel pour profiter du SPA : au programme, piscine, hydromassage, sauna, hammam et douche revigorante (et oui il y a même un SPA !!!).
Buen Camino !
Le parcours en video
AP Dona Aninhas – Viana do Castelo / 97 € /nuit (avec pdj) – chambre moderne, literie de très bonne qualité, bon WiFi, buffet de petit déj incroyable (le meilleures depuis le début du voyage), SPA, magnifique salon intérieur en style historique, personnel très jeune (Est-ce une école hôtelière ?)
Note : 6/ 6
Les vélos sont au local à vélos
Souper : (le deux soirs) In Francesinhas – restaurant spécialisé dans la francesinhas. Elle y est déclinée en plusieurs recette et servie avec des fritte maison! Belle adresse, on adore 😊
–
Ping : Expédition Ultreia - Étape 74 | Jour 95 - Samedi 27.07.2024 - Pascal Gaggero