Expédition Ultreia – Étape 68 | Jour 86 – Jeudi 18.07.2024

Il y aura toujours celui qui ne comprendra pas ton choix. Mais on choisit pour avancer, pas pour être compris.

Joël Dicker

Espinho (P)

Torreira (P)

étape 68 | jour 86

50.73 km

5 h 16

191 m↑

Description

Ce matin, c’est plutôt un départ tardif, notre subconscient semble vouloir nous retenir au bord de la plage. Comme le jour précédent, nous allons prendre un petit déjeuner « portugais » à la boulangerie, où le patron nous sert même en français (à l’angle de la rue 8 et 23 car il n’est pas référencé sur googlemap). C’est d’ailleurs l’occasion de  parler d’un sujet étonnant que nous observons depuis un moment. Comme voyageurs, nous utilisons internet et principalement Googlemap pour rechercher les services qui nous intéressent autour de l’endroit où nous sommes, c’est donc primordial d’y être bien référencé, avec idéalement les bonne heures d’ouverture et un site web. C’est donc incroyable de voir le nombre de commerces petits ou grands comme des bars, cafés, restaurants, et même hôtels qui sont peu ou mal référencés sur google et souvent n’ont pas de site internet. Le plus étonnant est parfois de voir un site internet d’hébergements  tellement mal fait qu’il ne fonctionne pas ou mal sur mobile, il faut alors utiliser la version « bureau » du site et certaines ne fonctionnent pas non-plus. Donc, au final, on finit souvent par réserver sur Booking… et quand on sait que la multinationale prend 30% de commission, c’est quand même bizarre de ne pas se donner plus de peine pour son site internet. Pour être complet, nous pouvons également mentionner les hébergeurs ou autre privilégiant le contact par Whatsapp, ce qui, je dois dire, est vraiment pratique pour nous, les voyageurs en itinérance.

On prend donc congé de notre hôte, Antonio, vers 11h30 et nous lançons nos machines sur la piste cyclable de couleur ocre qui passe directement devant notre porte et qui longe la plage.  Au bout de cette dernière se trouve le quartier des pécheurs, dont les barques de pêche sont tirées sur la plage, et qui vendent directement une partie de la pêche du jour sur de petites étales sur le trottoire. Espinho a vraiment encore gardé un charme authentique loin de la frénésie balnéaire de certaines autres destinations, et c’est justement ce que nous y avons beaucoup apprécié.

A la sortie de Espinho, nous avons droit à une passerelle dédiée aux cyclistes parallèle à celle des piétons, quel luxe cette double passerelle! Mais cela ne dure pas longtemps… et cette dernière nous éloigne soudain du bord de mer pour s’engager sur une piste cyclable en dur le long d’un aéroport désaffecté. L’endroit désert, avec même un avion en train de rouiller dehors devant un hangar lui aussi pas en grande forme, laisse penser à une scène tout droit sortie d’un film postapocalyptique. C’est justement vers l’ancien bâtiment de l’aérogare, qui devait à l’époque aussi abriter un restaurant, que redémarre le réseau de passerelles en bois qui nous fait traverser la zone nature « Barrinha de Esmoriz ». Dans cette dernière, depuis le pont qui traverse le canal, nous pouvons observer entre autre un groupe de cigognes, des poules d’eau et des mouettes. Après l’ambiance de la mer, c’est étonnant et plaisant de retrouver des oiseaux observables aussi en Suisse, dans notre coin de pays.

Nous rejoignions à nouveau le bord de mer par une piste de terre jaune qui contraste magnifiquement avec le ciel bleu et sur laquelle nous apercevons furtivement un grand lézard vert, qui s’enfuit prestement dès qu’il nous aperçoit. On s’engage ensuite sur le début de la piste cyclable ocre du réseau « Cicloria » qui, si on en croit les panneaux indicateurs, devrait nous emmener jusqu’à destination. Ici encore, pas la peine d’essayer de trouver des informations en ligne, il n’y a rien, ou  plutôt le site internet n’est plus en fonction. Tout comme en Espagne, au Portugal, il n’y pas de site tel que Swiss mobile qui regroupe toutes les informations concernant les routes vélos et les chemins pédestres. C’est là qu’on se rend compte à quel point en Suisse le système est bien fait. La seule alternative est de se fier aux routes tracées par la communauté de contributeurs sur opencyclemap et sur la trace GPS du site eurovélo. Le GPS est d’ailleurs un outil indispensable car il n’y pas non plus de panneaux pour guider les cyclistes et ceci même sur l’euro vélo. Il y a bien ci et là des panneaux issus d’initiatives locales mais sans information (notamment un site web qui fonctionne), difficile de s’y retrouver.

A Furadouro, en face de l’imposante sculpture aux trois poissons en marbre, nous pique-niquons rapidement avec quelques biscuits et des abricots portugais. Depuis la petite ville balnéaire, le parcours, toujours sur une piste ocre, entre dans les terres car il faut contourner une grande zone marécageuse. Puis soudain, peu avant Pardilhó, la piste cyclable ocre s’interrompt et le parcours se poursuit sur de petites routes de campagne au milieu des champs. Le paysage nous rappelle beaucoup celui de la plaine du Pô en Italie que de nous avions parcourue lors de la Via Francigena en 2022. La région, certainement mal desservie en transport publique, est également le paradis des petits scouters électriques sans plaques d’immatriculation conduits, bien entendu, non-casqués.

Vers Celeiro, nous retrouvons la piste cyclable, mais c’est pour mieux s’engager sur un petit chemin de terre qui parcourt le bord de ce que nous identifions comme un marais salant. C’est un magnifique chemin, quelle belle récompense après près de 40 kilomètres ! Nous y observons un seul flamant rosé… mais où sont les autres ? Les cigognes sont, par contre, bien présentent dans les champs ou perchées dans leur nid au sommet de poteaux, de tours ou de maisons.

A la hauteur de Esteiro, nous rejoignons la très fréquentée N109-5, heureusement qu’il y a une belle piste cyclable qui nous emmène jusqu’au Ponte da Varela qui nous fait passer au-dessus du lagon. Et là, au loin, nous apercevons la colonie de flamants roses, mais ils sont malheureusement vraiment trop loin pour pouvoir bien les observer ou les photographier. Sur le pont lui-même, la circulation automobile est perturbée par un véhicule en panne et la police est déjà là pour faire la circulation, heureusement nous, en vélo, nous passons tout droit sur notre piste dédiée.

Juste après le pont, le long de la N32, la piste cyclable est améliorée avec, en plus, une séparation de la circulation par un mur en béton préfabriqué. Nous nous arrêtons dans le premier café que nous trouvons à Terreira pour faire le point. De ce côté-ci de la langue de terre qui s’étend jusqu’à São Jacinto, il n’y a pas beaucoup d’hébergements de disponible sur internet, alors sans trainer, nous nous rendons directement à celui que nous préférons car en dessous des 100 €. Agnès part en émissaire et en excellente diplomate revient avec la clé. La patronne est un peu froide et stricte, ce qui contraste fortement avec notre hôte précédent, mais elle accepte de ranger nos vélos dans un local fermé non-loin de l’hôtel.

La chambre est petite, on se sent un peu dans une « tiny house » et il faut un peu se contorsionner dans la douche mais bon, tout fonctionne et pour une seule nuit c’est très bien. On profite même de la terrasse du bar pour rédiger le présent article tout en attendant l’heure du souper. D’ailleurs, le mari de la patronne est bien plus ouvert et chaleureux, il nous offre même les consommations ! En discutant un peu avec lui, nous apprenons que par rapport à l’année passée, il y a moins de monde. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que nous entendons cela. Selon lui, c’est du à l’Eurofoot car beaucoup de touristes, surtout Anglais, s’y sont rendus et toujours d’après lui, y ont dépensé tout leur budget vacances.

 Tout en écrivant, nous nous faisons la réflexion que cela fait depuis Porto que nous ne croisons plus aucun pèlerin, ni ne voyons de coquilles ou de flèches jaunes. Notre dernière observation de pèlerins et de symbole de Compostelle date de notre visite de Porto. Depuis lors, l’ambiance est plutôt balnéaire et tournée principalement vers les amateurs de surf. À la réflexion, la dernière ville dont l’économie était tournée vers le Camino fut Tui. Est-ce finit ou allons-nous retrouver l’univers du Camino plus loin ? Seules les prochaines étapes jusqu’à Lisbonne nous apporteront la réponse.

Nous finissons cette journée par un souper avec vue sur un magnifique coucher de soleil sur la plage. L’absence de nuage et de brume fait que l’on peut observer l’astre plongé dans l’infinité de l’océan, quel spectacle !

Buen Camino !

Le parcours en video

See U Inn / 98 € /nuit (avec pdj) –  chambre rénovée mais petite et étroite, bonne climatisation, literie de bonne qualité mais étroite et un peu molle, WiFi capricieux, seulement 7 chaines de TV, pas de sèche-cheveux, douche très petite et impossible si on est de taille XXXL. Accueil correcte mais froid.

Bon déjeuner

Note : 5.5 / 6

Les vélos sont dans un local en rénovation par loin de l’hôtel

Souper : Pizzaria Calabria Mar

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