Les road trips commencent généralement par un soupçon sournois : ailleurs sur la côte, quelqu’un a de meilleures vagues que vous.
Kevin Naughton et Craig Peterson
Foz do Arelho (P)
Peniche (P)
étape 74 | jour 95
42.56 km
6 h 31
475 m↑
Description
Notre intention ce matin était de partir tôt…mais, en nous levant, nous constatons que la bruine et la brume océaniques sont de retour. Alors, il n’y a aucune raison de se presser. Nous déjeunons tranquillement au joli buffet de l’hôtel. Deux tables plus loin, nous pouvons observer d’un air réprobateur le manège semi-discret d’un autre couple de clients qui va généreusement se servir au buffet, faire son petit sandwich, puis, quand personne ne regarde, met le tout dans une serviette et dans une petit sac posé discrètement sur la chaise d’à côté. Ensuite, pour faire genre, il, et oui c’est l’homme du couple qui se charge du larcin, finit de manger les trois morceaux restés sur l’assiette, et retourne au buffet se servir. Il recommence ainsi deux ou trois fois. Les deux personnages, qui parlent anglais, ont un look ultra sportif genre traileur ou coureur de marathon, c’est donc sûrement la préparation du ravitaillement. C’est grâce à ce type de comportement égoïste que les panneaux « interdiction d’emporter de la nourriture » finissent par fleurir dans les salles de petit-déjeuner… eh oui, il faut penser aux hôteliers aussi !
En sortant, la bruine n’a pas cessée mais étonnamment, cela ne mouille pas vraiment et il fait plutôt chaud et proche d’une température vraiment idéale pour le vélo, soit 22° / 23° C.
À la sortie de la ville, juste avant de rejoindre le parcours officiel, nous pouvons observer la curiosité géologique « Penedo Furado » (en portugais : Roche percée). Comme son nom l’indique, il s’agit d’un grand rocher percé d’un arche de plusieurs mètres de haut, vestige du temps où la mer arrivait à cette hauteur et qui, par érosion, a fini par créer cette sculpture naturelle.
Ensuite, nous rejoignons la piste cyclable le long du lagon de Óbidos jusqu’à un premier observatoire d’oiseaux constitué d’une série de passerelles en bois. Nous pouvons notamment y observer deux flamants roses et un héron cendré. Nous distinguons également le reste de la colonie de flamants roses qui se trouve dans une autres partie du lagon mais situé à une trop grand distance pour l’observation. C’est pas grave vue que nous faisons le tour, nous allons nous en approcher. On se réjouit 😊
En repartant, il n’y plus de piste cyclable, ni aménagements, ni panneaux, heureusement que nous avons la tracé GPS qui est, ici, indispensable. Nous traversons ainsi le petit village de Nadadouro en empruntant la route qui sillonne les petites collines sur les flancs du plan d’eau. Peu avant Mina do Arneiro, où le parcours de l’eurovelo nous emmène, nous voyons un panneau indiquant un parcours pédestre qui ,lui, suit au plus près le bord du lagon et nommé « Trilho dos Patos Reais » (portugais : « chemin des cols verts »). Le chemin semble praticable à vélo alors, en faisant une infidélité au parcours vélo, nous nous y lançons. La première partie est constituée d’un chemin de terre avec du sable, ça passe mais il faut faire attentions à ne pas glisser ou s’enfoncer dans un trou de sable. A la moitié du chemin, nous tombons sur une tour d’observation pour les oiseaux. Comme le souligne le bois encore non patiné par les éléments, la construction est neuve et une plaquette indique que le financement est venu de l’Union européenne. Nous nous y installons avec nos jumelles, notre appareil de photo et notre ravitaillement. Nous y faisons quelques belles observations, notamment : des flamands roses, deux cygnes noirs, des hérons cendrés, un héron pourpré, des cormorans, une sorte de chevalier (Stagnatile ?) et bien sûr des canards col verts. Nous repartons heureux de ce petit coin de paradis ornithologique !
La suite du chemin est plus compliquée et de gros rochers sur le sentier nous obligent à porter quelques fois nos vélos, puis une partie humide finit par garnir nos roues de boue. Ensuite, en contre-bas de Arelho, nous retrouvons le parcours de l’eurovelo qui se matérialise sous la forme d’un petit chemin de promenade, vraiment sympathique, le long de la lagune. Vers la buvette de plage O Covão dos Musaranhos, le tracé emprunte une large route blanche carrossable, avant de redevenir un chemin de promenade vers Pérola da Lagoa, où nous passons devant une école de kite surf. En effet, bien que le site soit un des plus grands lagons ouverts sur la mer d’Europe, il ne s’agit pas entièrement d’une réserve naturelle figée, mais, bien au contraire, d’un endroit où se côtoient pêcheur, kitesurfeur, véliplanchiste, plagiste, nageur, joggeur, marcheur, cyclistes, campeur et bien sûr ornithologues. Pour de futures réserves naturelles, il serait intéressant de savoir si ce concept de « cohabitation » fonctionne, et si les intérêts tant économiques que biologiques et touristiques de chacun sont respectés et permettent notamment une protection efficace de l’avifaune.
Finalement, après 22 kilomètres, et après avoir fini le tour du lagon, nous arrivons à la Praia de Lagoa de Óbidos, située juste en face de notre point de départ de l’autre côté du plan d’eau. On pourrait presque traverser le plan d’eau à pied à marée basse. Nous nous arrêtons à un petit restaurant pour y boire un rafraichissement et manger une pâtisserie. Il y a foule, en raison d’un tournoi de beachvolley sur la plage, mais on trouve une place, ouf !
En repartant, nous empruntons la route M573 qui est jalonnée par de multiples projets immobiliers plus ou moins achevés, notamment une communauté fermée et entourée de hauts grillages et qui semble viser une clientèle de luxe. C’est d’ailleurs ce projet qui semble avoir financé une partie de la piste cyclable ocre qui nous accompagne jusqu’au golf « Royal Óbidos » , également bien fourni en villa de luxe le long des greens.
Après ce premier golf, la route M603 nous emmène à Praia d’el Rey où se trouve le golf suivant, puis toujours en suivant le parcours sur notre GPS, nous quittons la route principale pour une piste de sable dans la campagne. Nous débouchons après quelques kilomètres de spéciale dans le petit Village de Casais do Baleal. Ici changement d’ambiance, après le luxe feutré des golfs, des hôtels cinq étoiles et des luxueuses villas, place au village de surfeurs et à la « cool attitude ».
Pour notre part, nous continuons sur la piste cyclable du bord de mer jusqu’à la baie suivante où se trouve notre hôtel. Ce dernier, idéalement situé en bord de mer, est également dédié au surf et il y même une école de surf à l’intérieur de l’établissement, on verra si nous nous laissons tenter…
Comme l’hôtel est situé en dehors de la ville et que nous n’avons pas envie de ressortir, nous y réservons une table pour le souper sous forme de buffet à volonté. N’ayant pas vraiment eu de diner, nous sommes affamés, et c’est donc l’occasion rêvée de refaire le plein de calories.
Dimanche 28 Juillet – jour de repos à Peniche
Le buffet du petit-déjeuner est gargantuesque mais est loin de détrôner en qualité et diversité le buffet de l’hôtel AP Dona Aninhas à Viana do Castelo (voir étape 64) qui conserve la première place ! Ensuite, nous faisons un premier tour d’exploration à pied en direction de Peniche, mais les distances sont grandes et nous comprenons vite qu’il nous faut un véhicule. Alors nous retournons à l’hôtel chercher nos deux fidèles compagnons à deux roues. Avant de passer au garage, nous nous renseignons pour prendre une leçon de surf privée et faisons une réservation auprès du responsable de l’école au look de surfer, c’est-à-dire une sorte de prof de ski mais pour la plage 😊. Attitude cool et mega positive du responsable, on verra ce que cela donne demain.
Avec nos vélos nous sommes rapidement en ville par la piste cyclable, et, en faisant un tour dans la marina, nous nous renseignons sur le trajet pour aller faire un tour sur les îles Berlengas, mais malheureusement en ce superbe dimanche, tous les tickets sont vendus.
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons laver nos vélos à la station-service et faire le plein de provisions au supermarché. De retour à l’hôtel, nous en profitons pour prolonger notre séjour d’une nuit supplémentaire et, en voyant une pub pour une tour sur les îles, nous demandons à la réceptionniste de faire la réservation pour nous. Donc voilà, notre agenda de plagiste est bien rempli : lundi surf et mardi excusion. Après tout cela, il est temps de se rendre à la plage pour profiter du soleil, du sable et des vagues.
Lundi 29 Juillet – jour de repos à Peniche
Après s’être reposé le matin, vers 15h30 nous nous rendons donc au niveau -1 de l’hôtel, tout au bout du couloir juste à côté du local à vélo où est situé l’école de surf. Pour notre leçon privée, le responsable nous attribue une monitrice avant de se raviser et de décider que cela sera lui qui va nous faire la leçon. Premièrement, il faut pouvoir enfiler la combinaison, mais finalement elles sont assez larges et on les met sans problème. C’est donc avec le boss de l’école, Nuno, que nous nous rendons sur la plage avec nos surfs sous nous bras.
Après un échauffement musculaire spécifique au surf, nous avons droit à 15 minutes de théorie et d’exercices à sec la planche posée bien à plat sur le sable. Toute la difficulté pour les débutants que nous sommes est de réaliser le « take-off », c’est-à-dire de se mettre debout sur la planche une fois qu’on a pris la vague. Nuno se montre très optimisme sur nos compétences, on va y arriver !
Mais assez de théorie, nous passons à la pratique dans les vagues bien régulières de la plage de Peniche, ce qui est vraiment excellent pour apprendre. Pas besoin d’attendre des plombes pour une bonne vague, il y en a tout le temps.
Bilan de l’exercice, nous avons réussit à prendre quelques bonnes vagues en faisant quelques take-off maladroitement, mais le principal, c’est qu’on s’est super bien amusé. D’ailleurs, maintenant que nous faisons partie de la grande famille des surfer, nous avons droit aux salutations version surfer chaque fois que nous croisons un des moniteurs qui nous reconnait dans le hall de l’hôtel 🤙.
Mardi 30 Juillet – jour de repos à Peniche
Ce matin, nous avons mis le réveil pour être pile à l’ouverture du déjeuner à 7h30 car ensuite, il nous faut rendre pour 9 heures à la marina du centre-ville pour notre excursion au Parc naturel des Îles Berlenga. Après avoir rapidement mangé et préparé nos affaires, nous commandons un Uber qui arrive en cinq minutes. C’est d’ailleurs la première fois depuis notre voyage en Afrique du sud en 2019 que nous utilisons ce service. C’est quand même très pratique pour se déplacer là où il n’y pas de service publique.
C’est donc avec un peu d’avance que nous arrivons sur la Marina, où nous identifions rapidement le petit kiosque abritant les bureaux du prestataire de l’excursion. Nous y payons le ticket et allons faire un tour le temps que le bateau soit prêt à partir. A notre retour, surprise il y déjà une longue queue de touristes qui attendent l’embarquement, c’est sûr que cette fois, nous ne serons pas seuls, comme à Porto.
Malgré la foule, nous trouvons une place sur le pont supérieur, car les autres préfèrent le confort de la cabine au vue des températures plutôt fraiches. C’est donc dans une épaisse brume marine qu’à l’heure dite, nous quittons le port et que le grand catamaran guidé par ses instruments met le cap à l’aveugle sur sa destination. Au fur et à mesure que nous avançons en pleine mer, la brume devient de moins en moins dense. Soudain un passager aperçoit une groupe de dauphins. Et tout le monde se lève pour apercevoir les cétacés, magnifique ! Deux à trois dauphins sautent dans l’eau, cela va vite mais on distingue le ventre gris d’un spécimen et des ailerons.
Après 45 minutes de traversée, nous abordons l’île nimbée dans une fantomatique nappe de brume. Sur le débarcadère, c’est l’effervescence entre l’arrivée des touristes et le débarquement de marchandises à destination des quelques établissements de restauration et des services de l’île. Cette dernière, classée réserve naturelle, abrite d’ailleurs seulement un petit camping, un B&B et une auberge dans le fort.
Après un petit tour de reconnaissance à pied, nous revenons sur le quai pour embarquer dans un canot avec un fond de verre transparent. C’est donc sur cette petite embarcation que nous faisons le tour commenté des différentes grottes marines et passons même au travers d’un tunnel marin, vraiment sympa ! Le clou de la visite étant le rocher en forme d’éléphant. Les guides nous débarquent ensuite vers le Fort de Saint Jean-Baptiste datant du XVII siècle et qui se visite, moyennant 1€, et qui abrite aujourd’hui une auberge.
En revenant à pied vers le quai principal sous le soleil, qui est revenu, on se rend vite compte que l’ile est le royaume des goélands et des lézards, tous peu farouches et que nous pouvons à loisir les observer et photographier.
Lors du voyage retour, comme toutes les places du pont supérieur sont occupées, nous nous installons au bastingage avant. C’est alors qu’un membre de l’équipage vient nous déloger, non pas pour des raisons de sécurité mais parce que nous gâchons le vue de ceux assis derrière. Cela a le don de nous énerver et nous menaçons de mettre une mauvaise note sur Google review. Et oui, dans le temps, on se donnait rendez-vous au 3ème sous-sol du parking pour une séance de pugilat. Il faut vivre avec son époque ! Et quelle réaction de cet employé, il devient gentil et essaie de tourner le tout sous le ton de la plaisanterie, et en grand seigneur, on a même droit à aller s’installer au bastingage du pont inférieur. On se déplace donc pour le reste de la traversée. A l’arrivée au port, rebelote : le même membre de l’équipage vient nous demander de nous déplacer car on bouche la vue au pilote du bateau! Quand il réalise que c’est de nouveau nous, il essaie de trouver des justifications tout de suite, et nous, on éclate de rire ! Bref, lui n’a pas tout compris, mais nous, on a fini par bien en rigoler 😊, chez nous aussi, en Suisse, on n’accueille pas toujours les touristes avec tout le respect nécessaire.
De retour à Peniche, on applique l’algorithme de recherche de restaurant non-piège à touristes : on prend la rue principale et on compte au minimum deux rues parallèles et on commence à chercher. C’est là que nous tombons sur un petit resto authentique où les habitants viennent manger et une dame, la cinquantaine bien tassée, nous accueille. Elle nous cuisine un plat typique des Açores «Alcatra no Prato » , de la viande effilée avec des frites et de la salade. La dame vend aussi des « Bubble tee » que nous goutons pour la première fois, il s’agit de thé froid avec du sirop et des boule de sirop de couleur. C’est très (trop) sucré. Mais c’est une jolie façon de réaliser un belle plus-value sur le thé froid. Belle ambiance locale qui fait du bien après le bain touristique de cette journée !
Après le repas et un passage au supermarché, nous rentrons des images plein la tête en Uber à l’hôtel.
Mercredi 31 Juillet – jour de repos à Peniche
Au programme repos, lecture (des livres achetés à Saint-Palais juste avant Sain-Jean-Pied-de-Port) et plage.
Jeudi 1 Aout – jour de repos à Peniche
Au programme pour ce 100ème jour d’expédition : repos et plage. Mince nous avons fini nos livres respectifs.
Buen Camino !
Le parcours en video
Hotel Star inn Peniche / 166 € /nuit (avec pdj vue mer) – grande chambre spacieuse, moderne fenêtre sur la mer et les dunes, bonne climatisation, literie de bonne qualité, bon Wifi, sdb fonctionne bien avec sèche-cheveux.
Premier prix au lavabo 5 étoiles, dont la profondeur et l’étanchéité nous permettent d’y laver nos vêtements sans soucis 😊
Note : 6 / 6
Les vélos sont dans le garage à vélo de l’hôtel
Souper :
Soit à l’hôtel sous forme de buffet à volonté ou alors au
bar de plage Bocaxica Surf – rendez-vous des surfer et des plagistes après une dure journée bonne ambiance.
Plein d’information ici : https://euroveloportugal.com/en/route/eurovelo1/section-18