Expédition Ultreia – Étape 8 | Jour 8 – Mercredi 01.05.2024

A l’occasion du 1^er mai, il se tient un grand marché à Seyssel. Ainsi, après le petit-déjeuner nous avons fait nos bagages et comme on peut garder la chambre jusqu’à 11h cela nous laisse 1h30 pour faire un tour et revenir. Il a y plein de stands avec des produits locaux et frais, des marchands de foire au bagou sans pareil et même des animaux vivants à vendre ! Finalement on achète un morceau de tomme de Savoie, une baguette et du pain d’épices en vue du pique-nique de midi.

Vers 11h on reprend les vélos qui on passé la nuit en sécurité dans le garage de l’hôtel et retraversons le Rhône de la rive droite à la rive gauche par le magnifique pont suspendu et on se faufile en poussant nos montures au travers de la foule de plus en plus dense qui se presse au marché  jusqu’à atteindre la piste cyclable au bord du fleuve. Les premiers kilomètres sont très roulants et faciles, puis vient une section qui respire bon la piste cyclable neuve, y compris un pont cycliste, c’est vraiment super ! Mais c’était sans compter sur le fait que cette dernière n’était pas encore achevée, et cela ne manque pas après une courte descente on se trouve nez à nez avec un panneau jaune « route barrée », heureusement le chemin des marcheurs continue lui sans encombre et sur une belle route bien large le long d’un camping. Malheureusement après avoir atteint un barrage au fil de l’eau le chemin se rétrécit méchamment. Et oui la belle route n’était pas destinée aux pèlerins mais sert de route de service pour l’entretien de l’ouvrage hydraulique. Donc malgré les rochers qui barrent l’accès du petit sentier nous continuons, cela ne sera pas ni première ni la dernière fois que nous prenons ce genre d’option. Et bien évidement il y a une bonne raison au fait que ce parcours soit réservé au marcheur mais quel plaisir de le vérifier par nous même en poussant notre vélo dans un chemin boueux en dévers avec la rivière en contre-bas et en gravissant des pentes improbables avec notre attelage de presque 40 kilo. Finalement après 20 minutes d’effort, on se retrouve au soleil dans un magnifique champs de fleurs bordé par une petite vigne, quel contraste !

La suite est plus simple et se fait tout le long sur des chemins carrossables, sauf une descente où la molasse humide et glissante nous impose par prudence de descendre à pied. Un peu plus loin une section de la piste cyclable à été emporté par un crue ce qui crée dans cette impasse un super coins piquenique, qu’on décide de mettre à profit pour notre pause de midi.

En repartant par un chemin de terre improvisé  pour contourner l’obstacle et après quelques kilomètres on tombe sur un « biergarten » fait très rare en France où les pistes cyclables contrairement à l’Allemagne manque souvent cruellement d’endroit pour une pause. Donc on s’y arrête pour une boisson fraiche. En passant notre commande au bar un français type « pilier de bistro » pastis à la main et entendant mon accent biennois, me dit avec un accès digne d’un film de Louis de funès, en désignant le serveuse « Sie spricht schlech deutch ». Je lui fais remarque que cela n’est pas bien grave étant donné que le français en ma langue maternel 😊.

En ressortant j’aperçois les trois allemands déjà aperçu le soir précédent à l’hôtel à Seyssel. J’entame facilement la conversation en leur demandant ou ils vont,  ce qui sur le Chemin est la question typique pour entamer la conversation entre voyageurs. On y apprend qu’il font le « jakobsweg » par segment depuis plusieurs années depuis leur région natale vers Leipzig en Allemagne de l’est. Rétrospectivement cela explique leur accent bizarre. A ce rythme-là, ils en ont encore pour plusieurs années car à partir de ce point il reste presque 1800 kilomètres à parcourir.

Après la pause une belle route blanche nous emmène au très touristique village de Chanaz où les touristes peuvent faire des ballades en bateaux sur le canal de Savière. A l’office du tourisme nous faisons tamponner nos crédenciales. Nous sommes assis sur un bancs entrain de planifier la suite de la journée, c’est alors que les 3 allemands arrivent et nous saluent. Comme le temps à l’air de se maintenir et qu’il est encore tôt pour s’arrêter nous décidons de continuer jusqu’à Yenne. La météo du lendemain par contre s’annonce maussade donc nous réservons directement  2 nuits.

Après Chanaz une route bien pentue mais très jolie et pratiquement sans circulation, nous fait prendre rapidement 200 d’altitude. Dans un contour en épingle, on retrouve nos allemands attablés sur une petite aire de piquenique, ils nous avait rattrapé et oui en montée on n’est pas vraiment plus rapide que les marcheurs. C’est aussi là que nous décidons d’opter pour la route des marcheurs à la place du goudron de la route de voiture, et pour une fois le chemin est très bon et mis à part les derniers 100 mètres ou le chemin trop pentu nous oblige à pousser pour rejoindre la route. A partir de là une courte descente nous emmène dans la région viticole de Lucey-Jongieux. Dans la montée sur Jongieux on entame la conversation avec un promeneur. Il s’avère que ce dernier est un policier de la BAC et on philosophe alors sur l’état de la sécurité en France et la différence avec la Suisse. On parle tellement longtemps que les allemands nous rattrape à nouveau, ils dorment à Jongieux. Et oui on à beaucoup discuté sur cette étape !

Une fois Jongieux traversé, une longue descente nous emmène directement à Yenne. Le patron de l’hôtel nous réserve un super accueil.

A la fin du souper on est abordé par deux autres pèlerins plutôt expérimentés qui ont déjà fait beaucoup de Camino toujours par segment. Mais le plus surprenant, fut qu’ils se sont présentés en tant que youtubeurs  et nous ont aussi vanté les mérites d’une application pour trouver le meilleur itinéraire cycliste – des retraités digitaux actifs donc 😊.

Buen Camino !

(Demain pas d’article car nous faisons un jour de repos à cause la pluie)